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Avis contrasté concernant Le Retour du capitaine Emmett
28/01/2015
Rédacteur émérite qui se penche en nos pages sur les faits divers sanglants et sur les romans policiers historiques (et qui se spécialise sur les romantic suspense dont il parle dans l'ajout fanzine La Tête en rose), Michel Amelin a lu Le Retour du capitaine Emmett, de l'Anglaise Elizabeth Speller. Et son avis contraste avec celui de Serge Perraud. Aussi, méritait-il une place sur k-libre. Ce qui est fait !
Officiers et gentlemen
A priori, pour son premier roman, l'Anglaise Elizabeth Speller a choisi un thème porteur : la Première Guerre mondiale, celle des tranchées en France et elle s'intéresse plus particulièrement aux "fusillés pour l'exemple", qui ne le furent pas seulement par l'armée française mais aussi par la britannique. Laurence Bartram, qui a perdu sa jeune femme et son bébé lors même d'une sanglante attaque au front, reçoit trois ans après sa démobilisation une lettre de la sœur d'un lointain ami, John Emmett, lui aussi survivant de la grande boucherie. Dans cette lettre, Mary Emmett lui fait part de son désarrois : John est revenu changé et a dû être hospitalisé dans une clinique psychiatrique. Alors qu'il semblait aller mieux, il s'est suicidé après une fugue. En son nom et en celui de sa mère, Mary lui demande des renseignements complémentaires pour faire le deuil de ce frère. Laurence accepte de rencontrer Mary qui lui donne quelques objets et, bien malgré lui, se voit ainsi chargé d'une sorte d'enquête. Celle-ci va le conduire de connaissance en connaissance, tissant lentement une toile autour du défunt et faisant émerger des secrets bien cachés.
Servie par un bon style et du talent pour dépeindre société et environnement au sortir de cette guerre, la romancière ne va hélas pas trouver le rythme pour donner une cadence soutenue à cette enquête qui s'avère pourtant bien policière puisqu'il y a une série de crimes et un meurtrier. Hormis le caractère emprunté du héros heureusement contrebalancé par son riche ami Charles qui fouille les archives inaccessibles au commun des mortels, le manque d'originalité de la démarche (un personnage mène à un autre) finit par plomber les quatre cents pages. Et pourtant quelles cartes tenait en main la romancière ! Une documentation riche, des amours malheureuses, des naissances illégitimes, des traîtrises et des gestes d'honneur...
On ne peut que se rappeler la parfaite maîtrise de Rennie Airth sur le même sujet dans Un fleuve de ténèbres.
Mais sans doute Elizabeth Speller ne voulait-elle pas écrire un roman policier.
Liens : Le Retour du capitaine Emmett | La Tête en rose
Par Michel Amelin