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Ma vie des autres (108)
Courts récits de 1000 signes. 108 : vacances dans le néant. Je ne m'ennuie pas. Je suis à Marrakech pour prendre du bon temps avec ma poupée. Du matin au soir, c'est transat au bord de la piscine, à l'ombre des palmiers. J'oublie tout, le boulot surtout. Une semaine, c'est court. Il faut en profiter. Un vent léger empêche la chaleur d'être étouffante. On ne tiendrait pas à l'extérieur de la résidence. C'est carrément le désert. Je me demande comment les autochtones arrivent à faire leur ramadan sans boire une seule goutte de la journée. En France, ceux qui se plaignent de jeûner à cause de leur religion n'ont qu'à venir ici. Ils compareront. Moi, je m'hydrate en permanence. Je bois et je m'asperge. Les jus de fruits sont délicieux. Je ne mange pas de glace à cause de mes intestins. Si on peut dire, je lis, je rattrape le temps perdu. Attention, je ne m'encombre pas les mains en tenant les bouquins. Je les écoute sur mon appareil. Je suis dans le dernier Harlan Coben. Plus de dix heures de lecture. J'arrive à suivre. Je dois rester concentré. Mais c'est la dernière fois que je prends un Coben. Il raconte toujours la même histoire. En fin d'après-midi, on fait un tour dans la ville déserte. Les gens mangent et boivent chez eux, comme le permet le ramadan. On rentre souper à la résidence quand ils sortent.Mille signes. Autant de preuves de vie adressées à autrui que de caractères dans chaque fiction. Chacun à mille existences et chacun est en miettes. "Ma vie des autres" collecte ces miettes et en fait un chemin de cailloux blancs ou noirs qui mène forcément quelque part.
Jan Thirion
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