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Ma vie des autres (111)
Courts récits de 1000 signes. 111 : terminus océan. Je n'aurais jamais cru que mon tour arriverait. J'y suis. C'est terminé pour moi. Sur cette plage, dans le temps, j'avais vu une très vieille dame au bras de ses enfants. Je m'étais dit qu'elle venait voir l'océan une dernière fois. Je reste assis un moment en serrant les dents. À l'autre bout du banc, une femme lit le dernier Vargas. Marcher atténue la douleur. Je me lève quand un garçonnet répète dix fois le mot "volley" en passant devant le filet abandonné sur le sable. Son père ne lui répond pas. Sa mère porte le sac de plage. Avec difficulté, mais en essayant de ne pas le montrer, j'atteins les chiottes à l'entrée du parking. Trois femmes parlent fort. Quelqu'un est enfermé à l'intérieur du WC automatique. Elles lui crient de tourner le bouton. Dehors, elles ne peuvent rien faire. Sur l'estacade, je peux me tenir à la rambarde, m'appuyer si besoin et m'arrêter quand je veux. Une concentration de pêcheurs et de badauds m'oblige à passer de l'autre côté pour continuer vers la ville. De loin, je vois que l'homme des toilettes est arrivé à sortir. Au pied des pêcheurs qui rigolent, un poisson agonise sur le plancher, attaqué par un chiot tenu en laisse par une adolescente. On est deux en train de crever sous ce foutu soleil.
Mille signes. Autant de preuves de vie adressées à autrui que de caractères dans chaque fiction. Chacun à mille existences et chacun est en miettes. "Ma vie des autres" collecte ces miettes et en fait un chemin de cailloux blancs ou noirs qui mène forcément quelque part.
Jan Thirion
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Par La Rédaction
Mille signes. Autant de preuves de vie adressées à autrui que de caractères dans chaque fiction. Chacun à mille existences et chacun est en miettes. "Ma vie des autres" collecte ces miettes et en fait un chemin de cailloux blancs ou noirs qui mène forcément quelque part.
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