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Ma vie des autres (121)
Courts récits de 1000 signes. 121 : confusion des genres. Je ralentis en longeant le parking de l'école du Moulin. Les parents récupèrent leurs mouflets. Je guette les fillettes et je repère enfin celle qui m'intéresse. L'air de rien, les adultes m'ont à l'œil. Ils ne me connaissent pas. C'est la première fois que je me déplace ici, au volant de ma vieille bagnole pourrie. Vitre baissée, j'appelle la petite. Je lui fais une grimace simiesque pour la faire rire et j'agite une poupée Barbie. Normalement, elle doit reconnaître King Kong et sa prisonnière, la jolie blonde. Elle s'approche. Je lui fais un petit baratin comme aiment les filles de son âge et je lui ouvre la portière arrière. Monter ne lui pose pas de problèmes. Sa mère n'est pas là. Je la remplace. Coup de bol que je sois en ville. Je continue à raconter mes âneries en avançant au ralenti dans la file de voitures. La suite ne se passe pas comme prévu. La portière s'ouvre brutalement et deux bras m'attrapent par le colbac. Je suis traîné sur la chaussée. On me frappe. On me traite de tous les noms. Je finis par comprendre qu'on me prend pour un pédophile, alors que je suis le demi-frère d'Adeline, même si j'ai vingt ans de plus qu'elle. Pour une fois que je rends service.
Mille signes. Autant de preuves de vie adressées à autrui que de caractères dans chaque fiction. Chacun à mille existences et chacun est en miettes. "Ma vie des autres" collecte ces miettes et en fait un chemin de cailloux blancs ou noirs qui mène forcément quelque part.
Jan Thirion
Blog de Jan Thirion
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Par La Rédaction
Mille signes. Autant de preuves de vie adressées à autrui que de caractères dans chaque fiction. Chacun à mille existences et chacun est en miettes. "Ma vie des autres" collecte ces miettes et en fait un chemin de cailloux blancs ou noirs qui mène forcément quelque part.
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