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Ma vie des autres (138)
Courts récits de 1000 signes. 138 : un vol idéal. J'ai froid. Je n'ai pas ma veste qui est restée dans le taxi. J'avais oublié qu'il faisait si froid dans l'avion avec la clim. L'hôtesse m'apporte deux couvertures emballées dans des sacs de protection. Le vol Paris-Hong-Kong dure neuf heures. Il est mieux d'être confortablement installé pour affronter cette longue traversée, même en première classe d'une bonne compagnie. J'ai bien l'intention de me reposer et de dormir quand le sommeil viendra. Je ne stresse pas en avion. Je suis une femme d'affaires, la tête bien sur les épaules. Traiter avec les Chinois ne me pose aucun problème. Je sais ce qu'ils attendent. Je sais comment les prendre. Dans mon fauteuil basculé en arrière, emmitouflée de mes couvertures, écouteurs en marche, je prends plaisir à regarder le film diffusé sur l'écran géant de l'habitacle plongé dans une semi obscurité. Ma félicité est de courte durée. Je sens des picotements partout sur le corps qui se transforment rapidement en irrésistibles démangeaisons. Je me lève et découvre la première bête sur moi. D'autres me courent dessus. Des sortes de punaises. Les couvertures en sont infestées. On me donne une lotion pour apaiser les piqûres. Cette fois, je ne tremble pas de froid, mais de colère.
Mille signes. Autant de preuves de vie adressées à autrui que de caractères dans chaque fiction. Chacun à mille existences et chacun est en miettes. "Ma vie des autres" collecte ces miettes et en fait un chemin de cailloux blancs ou noirs qui mène forcément quelque part.
Jan Thirion
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Par La Rédaction
Mille signes. Autant de preuves de vie adressées à autrui que de caractères dans chaque fiction. Chacun à mille existences et chacun est en miettes. "Ma vie des autres" collecte ces miettes et en fait un chemin de cailloux blancs ou noirs qui mène forcément quelque part.
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