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Ma vie des autres (147)
Courts récits de 1000 signes. 147 : pas trop d'appétit. Je me force à manger. Au début, je dégueulais. À présent, j'arrive à avaler. L'obligation vaut nécessité. Je suis obligé d'en passer par là si je veux conserver tout ce que j'ai, la fortune, la notoriété et ce bonheur qui devient si tangible alors que je faisais la moue jusqu'alors. À travers l'immense baie vitrée de mon bureau au cent vingt-huitième étage de la tour, je baigne dans le ciel et domine la ville. Durant deux semaines, le cabinet est fermé. J'ai veillé à ne pas être dérangé. L'endroit est complètement insonorisé et la télésurveillance des parties communes est assez suffisante pour dispenser les gardiens de faire leur tournée jusqu'ici. Alors, je peux bâfrer tant que je veux, du moment qu'il ne reste pas une parcelle de chair à la réouverture, quand on viendra faire le ménage. Jamais de ma vie, je n'aurais pensé devenir un jour anthropophage. Membre après membre, organe après organe, j'avale et je fais disparaître la jolie Anasthasia, la call-girl avec laquelle j'ai dépassé les bornes. On s'amusait bien et, pour amplifier sa jouissance, je l'ai étouffée dans un sac plastique, une pratique habituelle. Elle est morte pour mon plus grand malheur. Je n'ai trouvé que cette solution pour ne pas être tracassé.
Mille signes. Autant de preuves de vie adressées à autrui que de caractères dans chaque fiction. Chacun à mille existences et chacun est en miettes. "Ma vie des autres" collecte ces miettes et en fait un chemin de cailloux blancs ou noirs qui mène forcément quelque part.
Jan Thirion
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Par La Rédaction
Mille signes. Autant de preuves de vie adressées à autrui que de caractères dans chaque fiction. Chacun à mille existences et chacun est en miettes. "Ma vie des autres" collecte ces miettes et en fait un chemin de cailloux blancs ou noirs qui mène forcément quelque part.
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