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Ma vie des autres (167)
Courts récits de 1000 signes. 167 : tout est mal qui finit bien. Vacances foutues. Nous n'irons pas à Playa de Aro. J'ai annulé la location ce matin sur Internet. Je suis en arrêt maladie, je ne peux pas partir. Un contrôle me ferait perdre mes indemnités. Je suis en convalescence à cause d'une épaule démise. la Sécu oblige à rester chez soi durant la journée. J'ai essayé d'obtenir une autorisation de partir malgré tout. J'ai envoyé un courrier au début du mois. De nouveau, une lettre recommandée la semaine dernière. Comme je n'avais pas encore de réponse hier, et qu'on devait partir aujourd'hui, j'ai téléphoné à plusieurs reprises. Je ne suis pas arrivé à avoir quelqu'un. De guerre lasse, j'ai baissé les bras, toute la famille a été déçue. Les enfants surtout. Anne moins, elle aurait dû conduire toute la journée. Je ne peux pas, moi, avec le seul bras gauche. On s'est fait une raison jusqu'a l'heure du facteur avant midi. Dans ma boîte aux lettres, je trouve un courrier de la Sécurité Sociale. Je suis autorisé à partir en vacances. Bonne nouvelle, maintenant que j'ai annulé la location. À tout hasard, j'essaie de voir s'il reste des places disponibles. On me propose la location que j'ai abandonnée ce matin. Je l'obtiens, cette fois, à prix cassé, deux fois moins cher. Mes douleurs s'en vont d'un coup. Mille signes. Autant de preuves de vie adressées à autrui que de caractères dans chaque fiction. Chacun à mille existences et chacun est en miettes. "Ma vie des autres" collecte ces miettes et en fait un chemin de cailloux blancs ou noirs qui mène forcément quelque part.
Jan Thirion
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