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Ma vie des autres (181)
Courts récits de 1000 signes. 181 : bévue policière. Je plaque le gyrophare sur le toit de ma voiture. J'oblige à s'arrêter la Mini jaune au toit noir sur le bord de la route. Une jeune femme est au volant. Je procède à un contrôle. Je me détends, car la fille est vraiment jolie. Je demande ses papiers en me retenant de dire le fond de ma pensée. Si je m'écoutais, j'arracherais mon brassard, mes insignes et mon pistolet pour l'inviter à danser un slow avec moi dans le gazon. Elle s'inquiète de ce qu'elle a fait. J'ai pour philosophie d'affirmer que chacun est coupable de quelque chose. Sinon, je ne serais pas dans la police. Je prends mon temps. Je jette un œil à l'intérieur de l'auto. Les genoux nus de la demoiselle sont très attirants. Je la fais descendre pour voir s'il n'y a rien de caché sur la banquette arrière. Occupé à cette exploration inutile, je ne vois pas l'erreur que je suis en train de commettre. Je n'entends pas qui arrive et qui me surprend dans mes œuvres. D'autres représentants des forces de l'ordre me tombent dessus. Ils passaient par là par hasard et ne me reconnaissent pas pour l'un des leurs. Tout ce que je porte est factice. Je risque un an de prison et quinze mille euros d'amende pour port illégal d'insigne.
Mille signes. Autant de preuves de vie adressées à autrui que de caractères dans chaque fiction. Chacun à mille existences et chacun est en miettes. "Ma vie des autres" collecte ces miettes et en fait un chemin de cailloux blancs ou noirs qui mène forcément quelque part.
Jan Thirion
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