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L'état du suspect avait empiré. C'était une loque. Il portait toujours ses lunettes, pas une fois il ne les avait ôtées. Il s'appuyait sur sa canne qui lui semblait utile finalement, lançait des coups d'œil éperdus à droite, à gauche. Il ressemblait à un homme égaré qui ne saurait plus son nom.
Marie-Claude Aristégui - Scénario noir en Gironde
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jeudi 21 novembre

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Ma vie des autres (182)

Ma vie des autres (182) Courts récits de 1000 signes. 182 : l'auteur de mes jours. Je dis à l'écrivain derrière ses piles de livres qu'il ressemble à mon père. La moue qu'il me renvoie m'indique clairement que mon propos l'agace. Il faut bien trouver quelque chose à raconter aux auteurs qui signent leurs ouvrages dans les salons. Surtout quand on ne les a pas lus. J'aime bien tisser des liens affectifs avec ces personnes hors du commun. Ce n'est pas donné à tout le monde le don d'écrire. Leurs dédicaces prennent d'autant plus de valeur si un rapport s'est noué. Mais d'un ton cassant, celui-ci me rétorque que ce n'est pas la première fois qu'on lui fait une remarque de ce genre. On le confond parfois avec un autre romancier, un pisseur de best-sellers qu'il n'apprécie pas du tout. Il m'assure que c'est normal, puisqu'il a une tête passe-partout. J'ai du mal à encaisser, alors, à mon tour, je fulmine, car ce qu'il dit de lui affecte également mon père. Il m'est difficile d'entendre de mon père qu'il a, par relation, lui aussi une tête passe-partout. Je ne me gêne pas pour lui faire la morale devant d'autres badauds. Le privilège d'être écrivain n'exclut pas d'avoir du tact. Pas chien, je lui prends tout de même un livre qu'il me dédicace en écrivant une page pleine d'amabilités, plus une autre à la suite. Il a compris qu'avec moi, il valait mieux éteindre rapidement les feux qui couvent.

Mille signes. Autant de preuves de vie adressées à autrui que de caractères dans chaque fiction. Chacun à mille existences et chacun est en miettes. "Ma vie des autres" collecte ces miettes et en fait un chemin de cailloux blancs ou noirs qui mène forcément quelque part.

Jan Thirion
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Par La Rédaction



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