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Ma vie des autres (189)
Courts récits de 1000 signes. 189 : amour de jeunesse. J'ai un coup de nostalgie. La vallée devient floue à travers mes yeux embués. Les vieux rockeurs pleurent aussi. Je reste un moment accoudé au rempart de ma cour suspendue au-dessus de l'ancienne écurie. Ce n'est pas le bon moment de profiter du paysage. C'est la première fois depuis vingt ans que je suis installé ici, dans ce château, que je perds ma joie de vivre. En tout cas, depuis que je n'use plus ni drogue ni alcool pour m'empêcher de voir les hyènes de la normalité dévorer les éléphants roses. Le ballon de Clos Vougeot que j'ai apporté avec moi repose intact sur la pierre. Un moucheron flotte à la surface. Je suis sorti en plein repas. Entendre Fanfan, ma lointaine petite chérie, interpréter sa nouvelle chanson à la radio m'a bouleversé. Je n'ai plus de nouvelles d'elle depuis longtemps. Je sais bien sûr qu'elle continue d'enregistrer, mais elle ne fait plus de tournée comme je continue à en faire avec mon groupe. Elle était venue me voir après un concert quand je débutais. Je nous revois. J'ai l'impression que la chanson d'amour qu'elle interprète si bien parle de nous, du temps de notre jeunesse, de nos folies. Sa voix n'a pas changé. Elle non plus n'a pas changé dans mes pensées. À cette époque, notre tumultueux duo dans la vie comme sur scène faisait la une de la presse. Je garde encore la trace du coup de couteau qu'elle m'a donné avant notre séparation.
Mille signes. Autant de preuves de vie adressées à autrui que de caractères dans chaque fiction. Chacun à mille existences et chacun est en miettes. "Ma vie des autres" collecte ces miettes et en fait un chemin de cailloux blancs ou noirs qui mène forcément quelque part.
Jan Thirion
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Par La Rédaction
Mille signes. Autant de preuves de vie adressées à autrui que de caractères dans chaque fiction. Chacun à mille existences et chacun est en miettes. "Ma vie des autres" collecte ces miettes et en fait un chemin de cailloux blancs ou noirs qui mène forcément quelque part.
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