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Ce matin, mes parents m'ont téléphoné pour me souhaiter la bonne année. Les pauvres ! S'ils savaient qu'en fait de bonne année, ce sera celle de ma mort.
Paskal Carlier - Grossir à en mourir
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Coup de coeur

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mercredi 29 mai

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Ma vie des autres (251)

Ma vie des autres (251) Courts récits de 1000 signes. 251 : sprint final. Je ne vois rien. Pourtant, je suis à la place prévue sur le papier, dans le premier tournant après l'entrée du vélodrome. Les organisateurs ont omis de préciser la présence d'un panneau publicitaire à ma droite qui m'obstrue la rue. Pour un juge qui doit veiller à la régularité de la course, ça la fout mal. Il est trop tard pour s'en plaindre et je ne peux pas changer d'endroit. Les autres juges stationnent aux points stratégiques autour de l'anneau intérieur. Je me fie au speaker qui annonce la progression des coureurs et à l'émotion des tribunes. Quand une énorme vague de liesse se soulève, je sais que les huit cyclistes en tête de l'étape entrent dans le stade et s'apprêtent à lutter pour la victoire finale en franchissant la ligne d'arrivée après deux tours de piste. Mon sprinter favori est du lot. Je l'encourage de tout mon cœur. Je me penche pour les voir au-delà du panneau. Quelqu'un me pousse dans le dos et me déséquilibre. Pour ne pas tomber, j'avance le pied. Mal m'en prend. À la vitesse où ils vont, les champions fusent sur moi. Une masse me renverse sur le tartan. Quand je me relève, endolori de partout, les haut-parleurs annoncent le nom du vainqueur. Je reçois des gifles et des coups de poing. Le favori git à terre, visage en sang, son vélo couché plus loin. Sous les injures, je cours à cloche-pied me réfugier dans les loges.

Mille signes. Autant de preuves de vie adressées à autrui que de caractères dans chaque fiction. Chacun à mille existences et chacun est en miettes. "Ma vie des autres" collecte ces miettes et en fait un chemin de cailloux blancs ou noirs qui mène forcément quelque part.

Jan Thirion
Blog de Jan Thirion
Par La Rédaction



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