k-libre - événement

Il aurait dû se réjouir de cette soudaine activité dans une zone morte, mais cette évolution se traduisait plutôt par une immense angoisse s'infiltrant dans ses entrailles toujours plus profondément. La porte qu'il avait tant de fois tentée de forcer s'était ouverte d'un coup. Il avait peur de ce qui se trouvait derrière, et par-dessus tout, de celui qui lui avait fourni la clé. Le cadavre gelé aux traits familiers était là pour lui, il le savait dans chaque cellule de son corps.
Niko Tackian - Solitudes
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

La Cité sous les cendres
Dix ans ont passé depuis que Danny Ryan et son fils ont dû fuir Providence et la vengeance d'une fami...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

jeudi 21 novembre

Contenu

Ma vie des autres (272)

Ma vie des autres (272) Courts récits de 1000 signes. 272 : rencontre aérienne. Une voix appelle, je me retourne. Je ne vois personne ni derrière ni devant. Je reste immobile contre la palissade du chantier ne sachant qu'envisager, puis redressant la tête, j'aperçois enfin le type qui crie au-dessus de moi. Il est à moitié sorti d'une cabine de grue. On est dimanche. Pour moi, ce n'est pas un ouvrier, le chantier est fermé. L'inconnu en a profité pour grimper là-haut, soit dans le but de se faire remarquer comme le veut la mode des pères exigeant la garde de leurs enfants, soit pour réaliser un pari périlleux ou soit simplement pour se jeter dans le vide. Les motifs de suicide ne manquent pas. Je n'entends pas vraiment ce qu'il dit. J'ai l'impression qu'il récite ses prières. Je n'ose pas lui parler. Il me faudrait crier moi aussi. Je n'ai pas de téléphone sur moi pour demander du secours au cas où j'aurais affaire à un désespéré. Puisqu'il me faut bien réagir, je cours au bistro que j'aperçois au carrefour. Je me retourne sans cesse, inquiet de l'évolution de la situation, souhaitant que l'homme retarde sa chute. Le cafetier me rassure. Il ne s'agit que d'un funambule. Il est connu dans le quartier. Chaque jour il s'entraîne sur un fil au-dessus de la rue. Rassuré et un peu bête de m'être affolé pour rien, je m'installe en terrasse et je regarde le spectacle.

Mille signes. Autant de preuves de vie adressées à autrui que de caractères dans chaque fiction. Chacun à mille existences et chacun est en miettes. "Ma vie des autres" collecte ces miettes et en fait un chemin de cailloux blancs ou noirs qui mène forcément quelque part.

Jan Thirion
Blog de Jan Thirion
Liens : Jan Thirion
Par La Rédaction



publicité

Pied de page