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Bouclage à Barcelone
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit du catalan (Espagne) par Laurent Gallardo, François-Michel Durazzo
Paris : Liana Levi, juin 2015
268 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-86746-782-0
Coll. "Policier"
Grandeur et servitudes de la vie journalistique
Les hasards des calendriers éditoriaux font qu'au même moment sur des thèmes proches paraissent deux ouvrages différents qui parlent de journalisme, d'enquêtes sur des corruptions politiques liées à l'immobilier, et sur la manière dont peu à peu le journalisme d'investigation disparaît par suite des restructurations et du poids financier. Si le roman de l'Écossais Liam McIllvaney est sombre et noir comme peut l'être une représentation imagée et fausse de son pays, celui du Barcelonais Xavier Bosch pouvait laisser espérer un peu de chaleur étouffante et de soleil plombant, agrémenté de gaspacho. Ce n'est bien sûr pas le cas...
Le récit est enlevé, et quelques personnages s'agitent qui vont croiser leurs destinées : Dani Santana, un journaliste télé devenu rédacteur en chef du quotidien Crònica, et qui doit jongler entre l'exigence de l'information, les contraintes budgétaires et celles des annonceurs ; Senza, un reporter de terrain plombé de dettes et qui accepte de jouer des jeux bien dangereux en renseignant des gens douteux ; Eva Bosch, une intendante de police amoureuse qui est peut-être plus retorse qu'amoureuse ; enfin des terroristes syriens qui se fondent dans le paysage et attendent leur heure.
Xavier Bosch est lui-même journaliste, et il décrit par petites touches les grandeurs et servitudes du métier -recherche exaltante du scoop, perte d'autonomie devant les puissances financières, participation à des coups tordus (lorsque l'on reçoit une information, est-ce la soif de justice ou la volonté de dégommer un ennemi qui habite le délateur ?). Bouclage à Barcelone montre combien derrière les volontés affichées, chacun reste sur son quant à soi car s'il y a une menace terroriste sur la ville, cela n'empêche pas de faire des affaires, de s'occuper de vrais problèmes journalistiques comme le trafic de bouteille de bière, de pourchasser le crime tout en se faisant payer pour lui donner des renseignements.
Chronique ironique d'une métropole où chacun savoure son autisme et cherche son bonheur sans trop se préoccuper des dangers - où lorsque les choses vont mal la démission et le suicide deviennent des solutions pour ceux qui ne peuvent plus s'adapter à un système qui les dévore -, le roman est vivant et dynamique, et il présente sérieusement mais sans gravité excessive, avec humanité et force descriptive, la vie telle qu'elle va, entre ses compromissions et ses grandeurs.
Citation
Et je tiens à vous dire que je n'ai ni l'impression d'avoir échoué, ni le sentiment d'en sortir vaincu, même s'il est certain que, dans toute cette aventure, il n'y a pas non plus de vainqueur.