Noir divan

C'était comme si un autre agissait à sa place en l'obligeant à bloquer toute émotion, à ralentir chaque geste pour retarder le moment où il appellerait la police et prononcerait les mots sanctionnant la mort d'Inès. Comme si elle ne pouvait pas être morte tant qu'il ne soulèverait pas le combiné du téléphone, tant que la phrase qu'il serait contraint de formuler n'était pas encore formulée. La phrase qui rendrait les faits irréversibles.
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mardi 03 décembre

Contenu

Roman - Policier

Noir divan

Social - Assassinat MAJ dimanche 19 décembre 2010

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 19 €

Voir plus d'infos sur le site livresque-du-noir.fr (nouvelle fenêtre)

Bernard Vitiello
Orléans : Déméter, mars 2009
246 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-916548-36-4

Actualités

Le passé en analyse

Une jeune psychanalyste est assassinée. Sa famille se perd en conjectures. Elle en parle à un excellent ami de la famille, un avocat qui connaissait bien la jeune femme. Il entame l'enquête et se lie d'amitié avec le commissaire chargé officiellement de l'affaire. Cela permettra à la fois de bénéficier de la machine administrative pour les investigations longues et de la rapidité d'un avocat prêt à foncer. Pourtant très vite, un malade mental se suicide et l'on découvre qu'il a été l'un des derniers patients de cette même psychanalyste. Serait-ce le coupable ? Les deux enquêteurs ne se satisfont pas de cette solution et ils ont bien raison.
Même si le roman s'inscrit dans le présent, l'essentiel réside dans un aller-retour entre aujourd'hui et les racines du crime qui se déroule dans la période de Mai 1968 en province. Cet élément est l'occasion de revenir sur quelques dérives de l'époque et surtout sur la façon dont la société fonctionnait. Le roman le montre sans mythifier les personnages qui de toute manière ont vieilli et ont trahi leurs idéaux, sans pour autant que les traits soient forcés. Car Bernard Vitielo est psychologue de formation et il parvient à bien rendre les implications et les pensées de ces personnages au fil des années (même si l'on aurait bien aimé en apprendre un peu plus sur deux silhouettes d'anciens gauchistes entrés en clandestinité). L'enquête fait remonter à la surface les anciennes actions de la même façon que la psychanalyste meurt pour avoir essayé de faire remonter d'anciennes passions (et leurs résurgences actuelles).
De manière à s'installer dans la littérature policière, Bernard Vitiello se sert de deux figures archétypales : d'une part, le policier classique, ici, un commissaire empreint d'humanité, entouré d'une équipe et qui travaille sur le terrain, recoupe les indices, se sert des fiches de police et de la mémoire de l'institution, mais se trouve confronté aux limites de la légalité. De l'autre, le "privé" (ici représenté par un avocat, plus dans la lignée française) qui travaille avec la pâte humaine, à mi-chemin entre la justice et la vengeance, qui peut mentir et se faire passer pour un autre afin d'obtenir des renseignements, qui, parfois, est l'objet de menaces physiques de la part de ceux qu'il essaye de coincer. Ces deux figures fonctionnent non pas en opposition, comme cela arrive, mais en parfaite communion, les deux aspects s'épaulant et évitant une "guerre des polices" factice. Du coup, le roman acquiert une bonhommie et un plaisir de lecture supplémentaire, une joie communicative, d'autant plus que les passages mettant en scène l'avocat, sont plus nombreux et son regard, humain et drôle, et permettent plus facilement de faire passer les moments douloureux de l'intrigue.
L'auteur parvient aussi à s'inscrire dans deux registres stylistiques différents : une description plus objective pour le travail des policiers et le récit à la première personne pour l'avocat, les deux s'imbriquant avec justesse. Du coup, Noir divan se laisse lire avec plaisir et entraine le lecteur dans son métro émotionnel, le temps d'une lecture qui ne révolutionne pas le genre, mais Mai 68 était-ce une révolution ?

Nominations :
Prix Virtuel du Polar 2012

Citation

Il y eut des craquements de chevilles, un bruit de semelles qui ripent. Et plus rien. Le gars connaissait son business, il ne se magnait pas.

Rédacteur: Laurent Greusard mardi 19 octobre 2010
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