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Grand format
Inédit
Tout public
Marseille : Porte Voix, mars 2010
12 x 14 cm
ISBN F022828311
Coll. "Polar du sud"
Une faiblesse de trop...
Tueuse. Un métier. Il en faut bien. Tueuse professionnelle, donc. Dont le roman s'offre comme le portrait intime, l'héroïne, attachante, saisie dans la familiarité de sa vie, dans l'affection d'un quotidien calme et résolu. Rien de spectaculaire quand tuer est devenu une routine. Les meurtres s'enchaînent. Celui-ci au couteau – c'est ce qui lui va le mieux -, celui-là étranglé, cet autre abattu. Des portraits, au passage, nés de son attention à ses victimes, qu'elle observe avec soin avant de les assassiner. Une étude comparative, non exempte de compassion, pour ces nuques, ces cous, ces regards qui s'offrent à elle et dans lesquels, en un clin d'œil, elle parvient à saisir l'être. Le tout composant un récit très serein de ce qui forme la vie d'un tueur – ces longues attentes interminables, la patience qu'il faut. Rester vigilant jusqu'au bout et précis au moment d'agir. Le bon timing, entre la mer qui bat tout près et la plage qui l'accueille. Arpenter, mesurer, calculer. Entre deux crimes, elle ne fait rien. Ses plaisirs sont simples, cultivés : une sonate de Schubert, oui, mais dans l'interprétation de Richter, qui sait n'y mettre aucun sentiment. Un peu de muscu, un peu de yoga, la marche le soir, longtemps, sur les plages ou dans les calanques.
De loin en loin son commanditaire l'appelle. Onetti, qui s'amuse à maquiller sa voix chaque fois. Un personnage fantasque mais terriblement inquiétant. Car Onetti demeure celui qui commandite, au nom d'intermédiaires, des contrats redoutables parfois, comme l'assassinat de l'homme le plus puissant de la Gaule... C'est aussi lui qui paie. Dans l'ombre, toujours. Qui sait tout. Peut-être sait-il Zan, la petite faiblesse de notre tueuse. Une prostituée qu'elle a prise en affection. Elle l'aime sans doute, d'un amour platonique croit-elle. Tout va tout de même comme la vie pousse nos jours, dans la tranquillité de petites joies bien innocentes.
Jusqu'à la disparition de Zan. Son mac, à coup sûr. Que notre tueuse finit par coincer. Une entorse à sa règle. Une sacrée entorse. Mais elle doit savoir ce qu'est devenue Zan. Alors la machine se dérègle : elle le plante. Bientôt les flics retrouvent le corps de Zan. Dans sa poche, il y a avait un petit bout de papier avec son téléphone à elle. Et puis ils retrouvent le corps du mac. L'inspecteur en charge du dossier, tourne délicatement autour d'elle, s'interroge. Qui est-elle vraiment ? Commence alors un jeu de chat et de souris, auquel elle a consenti depuis beau temps. Mais les flics sur son dos compromettent sérieusement le métier. Onetti s'en inquiète. Elle n'est pas dupe : peut-être devra-t-il prendre la décision de se débarrasser d'elle.
Au-delà de l'intrigue, toute effacée, il y a un récit, patient, drôle, sensible. Et puis dans sa version lue, la très riche interprétation d'Anne-Marie Mancels, avec cette diction construite toute en variations, surjouant parfois, à d'autres atone pour énoncer les faits simplement, fussent-ils horribles, ou bien encore tonnante pour affirmer une émotion, claquée, giflée puis retenue, toute en douceur et toute en force, et cette manière de ne jamais baisser le ton sur les fins de phrase pour laisser le fil de l'histoire suspendu, sans cesse ouvert au récit qui vient.
Tueuse : adapté du roman d'Annie Barrière. 2 CD lus par Marie Mancels
Citation
Big boss noyé ! L'homme le plus puissant de la Gaule a fini de gauler. La Bourse est en deuil.