Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
300 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-259-20913-7
Coll. "Suspense thriller"
Quand l'art pictural tourne au drame...
Le baron Artus de Bregannog, un ancien capitaine-lieutenant des mousquetaires, se porte au secours du comte Mareuil d'Escouffles qui escorte un chargement d'une grande valeur. Sa troupe est tombée dans une embuscade tendue par des pendards. De vieille noblesse, ruiné comme le pays par le faste et les guerres de Louis XIV, le baron voit l'occasion de mourir en soldat. Il rejoint les assiégés et participe à la bataille contre une bande menée par un homme comme lui, qui n'a plus que le brigandage pour survivre. La mort le rejette, ainsi que ses deux cadets. L'aîné survit également malgré une effroyable blessure à la tête. Ils s'emparent de ce que contient le fourgon qu'ils ont contribué à défendre.
Frédéric Lemât est un peintre qui possède une rare maitrise du trompe-l'œil. Il donne vie à des masques mortuaires de jeunes femmes pour Timoléon, un marquis défiguré. Celui-ci constitue un musée fantastique et érotique comprenant les effigies, en cire, de celles qui se sont refusées à lui et décédées depuis. La renommée de Frédéric s'étend car son talent n'est pas que pictural. C'est un tueur à gages spécialisé dans le tableau qui assassine. Ses connaissances en chimie lui permettent de glisser, dans les pigments, des produits inflammables sous l'effet de la chaleur du soleil ou de la cheminée. Il en résulte un incendie dévastateur. Sa clientèle principale, pour ce type de tableau, se compose de filles de nobles désargentés vendues à de vieux barbons, et qui veulent recouvrer leur liberté. Cependant, un autre peintre commence à lui faire de l'ombre. Un mystérieux artiste, dissimulant son identité sous le pseudonyme d'Ikônos, réalise des œuvres relevant de la pure magie. C'est Timoléon qui lui parle de son ennemi. Il a pu voir un tableau où la scène n'est pas figée. On chuchote que ces toiles dévoilent l'avenir de ceux pour qui elles sont peintes. Frédéric est inquiet. Certains prétendent qu'il est Ikônos, qu'il feint de se renseigner sur son "concurrent" pour brouiller les pistes. Une confrérie, une espèce de chevalerie de l'ombre qui s'est donné pour mission de protéger le roi, a fait le serment de tuer Ikônos. Certains de ses tableaux prophétiques annoncent des événements terribles pour la royauté. Frédéric est attaqué dans son hôtel particulier. Avec son serviteur, ils échappent à l'embuscade et fuient.
Serge Brussolo brosse, avec beaucoup de réalisme, un tableau de la fin du règne de Louis XIV, éclairant une réalité bien éloignée du portrait dressé par nombre d'historiens patentés et bien différent, surtout, passé à la postérité. Il expose les faits sans enjolivure, tant sur la personne du roi que sur son entourage et sur le fonctionnement de la cour. Il explique de façon tout à fait prosaïque les raisons du caractère licencieux qui est attachée à la Régence par le besoin de sortir du climat de bigoterie qui a caractérisé la fin du règne du roi-soleil. Il précise que cette image a été véhiculée par les nombreux ennemis du Régent et entérinée comme telle.
Il aborde, dans ce livre, un thème qu'il n'avait peu ou prou approché : l'art pictural qu'il transforme en un outil de destruction tant physique que psychique. Il livre, au détour de quelques actions angoissantes, quelques pages brillantes sur la vieillesse et ses conséquences, sur l'état du royaume de France, sur la petite noblesse qui souffrait presque autant que le peuple, sur les dégâts causés par le port du corset...
Avec Les Louvetiers du roi, Serge Brussolo nous démontre, une fois encore, son art de conteur, pour imaginer des histoires où les personnages principaux se retrouvent, peu à peu, englués dans un maelstrom de contradictions, manipulés de telle manière qu'ils finissent par ne plus savoir, par ne plus pouvoir démêler le vrai du faux. La confrontation à des témoignages où chacune des paroles est à double-sens, entraine la perte des repères. Il enferme, ainsi, son héros dans une construction de faits contradictoires qui le déstabilise. Il use de méthodes proches de celles utilisées par les polices et les officines occultes des états totalitaires pour traquer le "déviationnisme". Le mode narratif retenu par l'auteur permet une mise en condition pour accepter ce genre de situation. En effet, le lecteur ne dispose pas d'autres informations que celles connues du héros. Il est face aux mêmes manipulations, aux mêmes incertitudes qui amènent à une forme de paranoïa.
Il nous offre une intrigue construite sur des trouvailles remarquables, comme il en a le secret, tant dans les tableaux assassins, dans ceux qui font office d'horoscope, dans la demeure que trois coups de maillet suffisent à démolir entièrement ou sur le parcours des personnages principaux. On retrouve également quelques repères "brussoliens" tels que Almoha, qui est une île dans ce roman, l'intervention d'une garde prétorienne prête à tous les excès...
Les Louvetiers du roi propose une nouvelle facette de l'imaginaire, (peut-on dire sans limites ?) d'un auteur dont l'œuvre en regorge. Un pur régal à consommer sans modération !
Citation
On trouve dans leurs rangs certains jeunes marquis exaltés, mais aussi des moines guerriers davantage prompts à manier la dague que le crucifix. Ils n'ont de compte à rendre à personne. Ils ont déclaré la guerre à tous les 'loups' que la régence à fait proliférer.