On mourra tous américains

Les Arabes s'enfuient plus vite encore qu'ils ne sont venus, les charbonniers disparaissent derrière les collines de poussier, toute la vermine du port s'insinue, se faufile, s'évanouit dans les labyrinthes des docks et des magasins généraux.
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jeudi 21 novembre

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Roman - Noir

On mourra tous américains

Humoristique - Social MAJ dimanche 09 janvier 2011

Note accordée au livre: 3 sur 5

Poche
Inédit

Tout public

Prix: 10 €

Roger Facon
Plougastel-Daoulas : Le Barbu, octobre 2010
236 p. ; 18 x 13 cm
ISBN 978-2-35998-015-8
Coll. "Noir express"

Bienvenue chez les ch'tis, le retour

Le Nord de la France, ses terrils, ses industries en reconversion, ses gens paumés et toute la sympathie du film récent... Sympathique ? Quelqu'un vient de dégommer le député local, sa maitresse et toute la famille à la chevrotine. Puis c'est un ferrailleur... Mathieu Gallangé, fils de l'industriel local traditionnel qui s'occupe du journal... local envoie son rédacteur en chef enquêter. Ce dernier est assassiné à son tour... Et des rumeurs courent comme quoi il aurait aussi été impliqué dans l'enquête sur la mort de Kennedy.
Les plus anciens lecteurs de romans policiers ou les historiens du genre connaissent Exbrayat qui eut son heure de gloire avec un mélange savant entre intrigue policière et développements drôles, le tout sur fond d'ancrage régional. Roger Facon y ajoute les ingrédients personnels et les éléments de sa modernité.
La région du Nord est en pleine mutation économique : passer des industries anciennes aux nouvelles est compliqué, d'autant plus que le passage entre les deux a souvent associé le Nord à une terre presque digne du tiers monde. C'est l'ensemble de ces aspects qui est évoqué dans le livre. Gallangé est le dernier survivant de ces dynasties de patrons "socio-paternalistes" du Nord et il maintient la flamme du journal local ; Tonton, Gros lapin sont des gens du peuple qui survivent tant bien que mal à la crise ; Bulteaux représente les nouveaux patrons de la chambre de commerce qui essaient de redynamiser le tissu économique.
Roger Facon se sert de ficelles logiques pour faire progresser son histoire : un journaliste qui enquête, différents protagonistes qui interviennent pour faire des contre points à l'histoire centrale, des développements drôles sur le rôle du Parti communiste vu par les yeux de vieux militants, la prise de "contrôle" des médias nationaux lorsqu'ils viennent faire des reportages.
La solution qui par delà les clichés revient sur ce qui est la période la plus difficile de la région, au moment où tout fermait et tout semblait bouché, à cette énigme policière est parfaitement crédible et éclaire d'une lumière crue la cruauté du monde, tout en baignant dans l'humour et la douce dérision.

Citation

La lune a troussé la robe noire du canal pour lui brouter la berge.

Rédacteur: Laurent Greusard vendredi 10 décembre 2010
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