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Grand format
Inédit
Tout public
383 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-07-012738-2
Coll. "Série noire"
Actualités
- 24/10 Café littéraire: L'Esprit Livre (69) et ses événements polar en novembre 2018
- 09/09 Association: Polars sur Garonne 2014 - Impacts d'automne
"Entièrement dévouée à la Cause et à l'Intérêt Supérieurs du Polar (le fameux CISP), la jeune association toulousaine Polars sur Garonne, née en février dernier, est heureuse de vous donner un aperçu de son programme de rentrée 2014." Telle est la teneur de la lettre d'information reçue hier que nous partageons aujourd'hui. Le programme est alléchant avec la présence prévue dans la ville rose cet automne d'auteurs confirmés qui en côtoient d'autres en devenir. Mais hâtons-nous de vous laisser découvrir cet agenda automnal...
Samedi 20 septembre à partir de 14 heures :
Cour de l'ESAV, rue du Taur.
Auteurs invités : Patrick Raynal, Jean-Bernard Pouy, Éric Maravélias & Nicolas Mathieu.
Débat à 16 heures sur le thème "Le Social dans le roman noir doit-il toujours être traité avec sérieux ?"
Musique, cinéma, ambiance déjantée assurée grâce au Fifigrot, l'inénarrable et bienheureux festival de cinéma toulousain.
Durant l'après-midi, Polars sur Garonne vous propose un quizz sur la littérature policière. De nombreux livres sont à gagner.
Vendredi 3 octobre à 18 heures :
Librairie Ombres blanches, rue Gambetta.
Rencontre-débat et signatures avec Olivier Truc pour la sortie de son nouvel ouvrage, Le Détroit du loup (Métailié).
Vendredi 17 octobre à 18 heures :
Espace Roquet de Toulouse.
- Planète Polars. Une exposition de la Médiathèque Départementale de la Haute-Garonne écrite par Claude Mesplède qui donnera une conférence à cette occasion.
- Portraits des Pictographistes. Un ensemble de portraits géants et superbes, en noir et blanc, d'auteurs de polars.
Jeudi 23 octobre à 20 h 30 :
Espace Roquet de Toulouse.
Concert littéraire. Les mots de Marcus Malte extraits de son roman Les Harmoniques (Gallimard, "Série noire") mis en bouche par l'auteur lui-même, et accompagnés par deux magnifiques musiciens de jazz, Virginie Teychené (chant) et Gérard Maurin (contrebasse, guitare). Un mélange musical et littéraire subtil et émouvant.
Liens : Patrick Raynal |Jean-Bernard Pouy |Marcus Malte |Olivier Truc |Claude Mesplède |Polars sur Garonne - 06/04 Musique: Concert littéraire Les Harmoniques avec Marcus Malte
- 25/01 Édition: Parutions de la semaine - 25 janvier
- 04/04 Prix littéraire: Prix Mystère 2012 : les lauréats
- 26/03 Prix littéraire: Lion et Lionceau noir 2012 de Neuilly-Plaisance
- 15/08 Festival: Festival bis jazzy avec Marcus Malte
- 25/07 Prix littéraire: Sélection des Trophées 813 (2011)
- 27/06 Prix littéraire: Sélection 2011 du GPLP
- 11/05 Auteur: Marcus Malte à Perpignan
- 14/01 Radio: Les Harmoniques, par Bob Garcia
- 02/01 Librairie: Marcus Malte et ses harmoniques à Toulouse
Ballade pour Vera
Tous les soirs Mister, grand Noir au cœur tendre, joue du piano dans un club de jazz parisien, le Dauphin vert. Il n'attend personne en particulier en dehors de son ami Bob le chauffeur de taxi, qu'il retrouve quand il a fini de jouer. Il en passe, des gens, des filles et des meilleures dans cette boîte, au fil des nuits et des notes égrenées des heures durant pour le plaisir des jazzophiles venus là s'immerger dans la musique qu'ils aiment. Parmi tous ces inconnus, qui reviennent ou ne font que passer, elle a retenu son attention. Dès le premier soir. Peut-être à cause de la table où elle s'est assise, tout près de la scène. Ou peut-être à cause d'autre chose sur quoi Mister ne saura pas mettre de nom. Mais très vite le tempo binaire de ses passages au Dauphin vert – mardi-jeudi, mardi-jeudi... – rythme les pensées du musicien, ses attentes... Ces soirs-là, Mister est un peu plus attentif à sa tenue. Et ses doigts n'ont pas tout à fait la même façon de courir sur le clavier du demi-queue. Il joue différemment parce qu'elle est là. Un soir enfin il lui parle – ils se parlent. Elle s'appelle Vera Nad. Elle a survécu à la Guerre des Balkans et s'est installée en France pour devenir comédienne.
Elle aime le jazz – les ballades surtout – et Cyrano de Bergerac de Rostand. Mister s'est attaché à elle, à ce qu'il devine de son âme, à ses yeux ambrés, à sa voix, à ses gestes. Quand il ne la voit pas dans la salle, elle lui manque. Et aujourd'hui il sait qu'elle ne viendra plus. Vera n'est plus que cendres. On l'a assassinée, immolée vive sur on ne sait quel autel sordide. Trafic de drogue disent les flics. Pas possible répond Mister. La drogue ? Pas son genre. Il y a autre chose. Il y a forcément autre chose. Comme par exemple un atelier de théâtre miteux. Des camarades de cours qui en savent manifestement plus long qu'ils n'en disent. Un peintre colossal qui ne déparerait pas dans un film quasi fantastique. Et des hommes de main qui trempent dans le marais puant des magouilles d'État. Ayant incubé dans cette Guerre des Balkans dont Vera avait réchappé, l'affaire que démêlent peu à peu Mister et Bob ne peut que puer et donner la nausée. Au moins Mister gagnera-t-il cela de ne rien découvrir qui sente la drogue et salisse trop l'âme de Vera...
Quinze ans, ou peu s'en faut, qu'on n'avait pas poussé la porte du Dauphin vert, qu'on ne s'était pas engouffré dans le taxi de Bob en jouant des coudes pour se faire une place au milieu des cassettes de jazz qui envahissent l'habitacle... Quinze ans, à la louche, qu'on n'avait pas emboîté le pas à ce de duo d'enquêteurs atypique – Le Doigt d'Horace et Le Lac des singes ont été publiés respectivement en 1996 et 1997 au Fleuve noir et ont récemment été réédités dans la collection "Folio policier". Mais peu importe au fond qu'on les ait déjà rencontrés ou pas : on se sent tout de suite en familiarité avec eux ; leur portrait n'est pas brossé de façon très détaillée pourtant on a le sentiment de retrouver de vieux amis. Et la narration s'organise de telle façon que l'on se sent avancer dans leur ombre, tout près d'eux – au point d'entendre avec eux les morceaux qu'ils écoutent, d'être transpercé comme eux par ce qu'ils apprennent de la guerre, de Vera et de son histoire, fasciné par le peintre Joseph Kristi... Mais l'on éprouve avec autant d'acuité, la peur de Vera enfant, la douleur du peintre qui se souvient et l'on se prend même à être aussi cynique que l'homme sans nom dévidant les innombrables raisons d'État justifiant les pires actes. Cette façon qu'a l'écriture de Marcus Malte de pénétrer l'âme du lecteur comme par capillarité vient sans doute, en bonne partie, de la faculté qu'a l'auteur d'écrire "de l'intérieur" sans quitter la posture distancier du "narrateur anonyme".
C'est un roman envoûtant que celui-ci, où la nuit se déshabille à l'aube et fait tomber à ses pieds "ses dessous noirs" avant de disparaître, où le XVIe arrondissement parisien arbore une "rue Pascal Garnier", où la barbarie stupide de la guerre affleure dans le texte avec autant de puissance évocatrice que la drôlerie quasi farcesque de certaines scènes, où la violence la plus crue s'invite aux côtés de la mélancolie et de la douceur sans détoner...
Cessant parfois d'être récit pour se muer en texte musical, le temps d'une phrase ou de paragraphes entiers, Les Harmoniques est tout de même très narratif et solidement construit. Certes de façon plus classique que Garden of love par exemple qui amène souvent le lecteur au seuil des grands troubles, mais avec néanmoins quantité de ces petites finesses architecturales qui tirent une fiction hors du lot. Sans avoir dans la tête l'une ou l'autre des nombreuses mélodies mentionnées tout au long de la narration, on entend une musique en lisant le texte et souvent il gagne à être lu à haute voix, presque fredonné – c'est une des caractéristiques de l'écriture de Marcus Malte que d'être musicale. Et poétique.
Une fois de plus, on apprécie l'art avec lequel l'auteur a composé sa partition romanesque, tout en suggestion, avec de grands blancs que le lecteur pourra combler à sa convenance. Ou laisser tels, parce que les saveurs indéfinissables et les contours estompés par endroits sont les "harmoniques" d'un roman, ces flous dans l'histoire qui restent derrière l'histoire. Et qu'on n'oublie plus.
On en parle : L'Indic n°8 |Alibi n°1 |La Tête en noir n°149
Récompenses :
Prix Mystère de la Critique 2012
Nominations :
Trophée 813 du roman francophone 2011
Trophée 813 du roman francophone 2012
Grand prix de la littérature policière - roman français 2011
Citation
La réalité n'est souvent qu'une pauvre petite chose avec une sale gueule, Mister.