Contenu
Poche
Réédition
Tout public
Paris : Fleuve noir, juin 2010
222 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-265-08936-5
Coll. "San-Antonio", 16
Du rififi chez les macs
Afin d'élucider une sombre histoire d'enlèvements de savants étrangers, San-Antonio est chargé d'infiltrer la pègre parisienne. Déguisé en malfrat tout juste débarque de sa province, il doit gagner la confiance de Paul-le-Pourri, truand notoire, afin d'intégrer sa bande.
Ce titre n'est que le seizième de la série des San-Antonio. Autant dire que Frédéric Dard n'en est qu'au stade des premiers jalons de sa geste épique, et qu'on n'est pas encore dans l'âge d'or de la saga : Bérurier quasi absent, aucune situation scabreuse, pas de personnages ni de situations abracadabrantesques, quant au langage et au style, ils n'ont pas encore ces envolées céliniennes qu'on leur connaîtra par la suite.
Alors pourquoi lire ce Messieurs les hommes si vieillot ? Justement parce qu'il l'est. Vieillot. Comme un vieux Gorille en noir et blanc qu'on se repasserait sur une vieille VHS, un dimanche soir pluvieux. Il se dégage de ces pages des bouffées de nostalgie, des relents de romans d'espionnage à la papa, teintés d'argot franchouillard et de second degré anglo-saxon. On oscille entre James Hadley Chase et Albert Simonin. De l'action pure et dure qui flirte en permanence avec l'autodérision, de la gouaille et de l'argomuche à en revendre. On y boit sec, on se castagne, ça défouraille à la sulfateuse, les pépées sont carrossées princesse, les téléphones et les voitures démarrent à la manivelle, les personnages s'appellent Fifi-les-Belles-Noix, Mémé-Bille-en-Bois ou Lola-la-Parfumée. Pour un peu, on s'attendrait à voir débouler Bernard Blier pour tout ventiler façon puzzle.
Messieurs les hommes est peut-être un roman d'espionnage à l'intrigue médiocre, mais c'est à coup sûr un témoignage historico-littéraire de premier ordre.
Citation
Je me suis loqué en gigolpince de province. Costar beurre frais, cramouille verdâtre, limace jaune, bitos amerlock, gros diam bidon à l'annulaire et charmeuses à la Clark Gable. Un vrai caïd débarqué la veille d'Ajaccio.