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184 p. ; 17 x 11 cm
ISBN 978-2-35973-152-1
Coll. "Polars en Nord", 77
Peintures, frites, bières et fachos
Peut-on porter un regard objectif sur un roman quand l'auteur est un collègue k-libriste, un ami et qu'il vous prête les traits d'un des personnages de l'histoire ? Admettons que oui.
À la lecture des premières pages, on pourrait penser, à tort, que ce roman n'est qu'une farce, un vulgaire pastiche. Parce que Maxime Gillio nous a concocté un héros au doux nom de Jacques Bower, détective aussi cynique qu'il a le levé de coude léger. Parce que les dialogues sont enlevés, souvent truculents. Sans doute aussi parce que ce polar a comme un air de Poulpe fiction. De là à penser qu'il y ait anguille sous roche voire baleine sous sable dans la création de ce livre, il n'y a qu'un pas que je ne franchirai pas. Pourtant, il suffit de gratter la couche de vernis grivoise pour apprécier davantage la richesse de ce roman, véritable hommage au peintre flamand Paul Delvaux et portrait d'une Belgique en proie à diverses fractures politiques.
Jacques Bower, surnommé le Goret, est un détective en manque d'activité que la cinquantaine travaille. Quand il a vent d'une mort insolite dans une usine belge de frites surgelées, le corps du conservateur du musée Paul Delvaux retrouvé épluché dans la cuve à patates, son instinct de truffier le pousse à rejoindre le plat pays pour mener l'enquête. Que faisait le conservateur dans cette usine s'il n'y était pas employé ? Et pourquoi la rétrospective sur Paul Delvaux, que le musée dans lequel officiait le macchabée devait organiser, a été annulée au dernier moment ? Une coïncidence à laquelle le Goret ne croit pas. Entre deux bières et autant de hoquets, il va se retrouver confronté aux magouilles politiques de l'extrême droite, à des histoires de cul, faire connaissance avec les Reculistes - mouvance d'artistes révolutionnaires - et assister au meurtre de Jésus portant sa croix.
Cette fracture de Coxyde est le cinquième roman de Maxime Gillio. On y retrouve un peu la gouaille de l'auteur qui nous avait interpellée dans Les Disparus de l'A16, ce ton San-Antoniesque qui déride les zygomatiques. Quand il évoque cet employé de l'usine qui cherche un urologue pour pouvoir se faire trouducuter, difficile de résister. Mais ce roman ne se résume pas à ces gauloiseries. C'est avant tout un hymne à l'art pictural et à la Belgique.
Citation
Bashung avait raison : en morte saison, on aurait eu envie de se tirer une balle dans le cul.