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Page noire
Grand format
Inédit
Tout public
Caroline Delabie (coloriste)
Paris : Futuropolis, août 2010
102 p. ; illustrations en couleur ; 30 x 28 cm
ISBN 978-2-7548-0147-8
Actualités
- 18/05 Prix littéraire: Le Goéland masqué a parlé...
Le samedi 11 juin s'ouvrira le prochain salon du roman policier de Penmarc'h dans le Finistère. Comme chaque année ce sera l'occasion de remettre officiellement les deux récompenses que l'association organisatrice du salon, le Goéland masqué, a créées pour distinguer d'une part un premier roman policier lié de près ou de loin à la Bretagne, et d'autre part un album de bande dessinée noire.
Mais l'on connaît déjà les titres couronnés, et l'on se borne ici à relayer une information largement diffusée :
- le prix Mor Vran de la BD noire revient à Page noire, dessiné par Ralph Meyer et mis en couleur par Caroline Delabie à partir d'un scénario écrit par Frank Giroud et Denis Lapière (Futuropolis).
- Le prix littéraire du Goéland masqué a été attribué à Ilot mortel à Trégastel, de Bernard Enjolras (éditions Bargain).
Liens : Salon du roman policier de Penmarc'h
Drame à Beit-al-Naqad
Chaque écrivain a en lui le syndrome de la page blanche, mais celui de la page noire reste réservé aux témoins de crimes violents et barbares. C'est le résultat d'une volonté du cerveau d'oublier et en même temps de protéger la victime. Pour illustrer la page noire d'Afia ("protégée" en arabe) Maadour, une rescapée libanaise d'un massacre israélien à Beit-al-Naqad, Ralph Meyer (assisté pour la couleur de Caroline Delabie) alterne les pages bleu pastel et sépia, et accompagne ainsi au mieux le scénario double et bicéphale de Frank Giroud et Denis Lapière. Scénario qui va bien évidemment voir deux histoires se recouper en un final à couper le souffle au sein duquel tout s'accélère et se mélange harmonieusement entre couleurs, action et tristesse.
Au tout début de cette histoire noire comme la page, il y a Kerry Stevens, journaliste littéraire, qui rêve de démasquer qui se cache derrière l'identité de Mc Neal, un auteur à succès, digne héritier de Steinbeck, pour ainsi prouver à son père mourant qu'elle vaut vraiment quelque chose. Elle réussit à découvrir son adresse et à force de stratagèmes à gagner sa confiance. Lui, écrit Le Diable et la poupée, un roman qui relate les crimes de guerre des Israéliens sur les communautés palestiniennes. Il met en avant la curieuse destinée d'Afia. Sa survie, sa descente aux Enfers dans le monde de la drogue et du sexe, et comment ses souvenirs peu à peu ressurgissent pour griser une page obscure. Il devient très vite évident que ce roman est l'accomplissement de la carrière d'un romancier brillant et torturé par ses propres pages noires malheureusement non oubliées, qui vit reclus en ermite, et qui préfère pêcher sur un lac tranquille que de participer aux frasques d'un cocktail mondain. Peu à peu, son héroïne prend corps, acquiert son indépendance, devient réelle, avant de se lancer dans une quête vengeresse à la recherche de l'homme qui l'a épargnée, elle, et pas les autres membres de sa famille.
Et cette excellente bande dessinée graphique de multiplier les flashbacks, de nous donner des indices dans des pages où les codes sont nombreux et bien définis, de nous manipuler comme sont manipulés les personnages féminins. Quelques clichés viennent ici et là nous perturber tout comme les textes apparents de ce romancier égal aussi de Stevenson - ce que sa prose ne révèle malheureusement pas -, mais la magie de ce triste récit qui fait évidemment écho au drame de Sabra et Chatila opère...
Citation
- Ne vous laissez pas envahir par la haine, c'est un sentiment destructeur. Et vous avez votre vie à reconstruire.
- Je ne la reconstruirai pas sur des cadavres impunis, docteur ! Je souffre depuis trop longtemps pour ça...