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Parker: The Outfit - 2010
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Doug Headline
Paris : Dargaud, mars 2011
150 p. ; illustrations en couleur ; 26 x 19 cm
ISBN 978-2-205-06728-6
Actualités
- 21/06 Radio: Ondes noires très graphiques...
Quatre albums et deux romans : ce quinzième épisode d'Ondes noires, diffusé le mercredi 1er juin sur Agora FM, est résolument graphique - encore convient-il de noter que les quatre bandes dessinées présentées sont... des adaptations de romans. Prenant la parole tour à tour - parfois en duo quand l'enthousiasme a été aussi fort pour l'un et l'autre, Jacques et Corinne font part de leurs derniers bonheurs de lecture - avec chaleur, et une indéniable force de conviction...
Le premier ouvrage à avoir l'honneur des noires ondes est l'album qu'Olivier Berlion a tiré du roman de Tonino Benacquista La Commedia des ratés (Dargaud). Selon Jacques, le trait d'Olivier Berlion dépasse en qualité ce qu'il était dans Le Kid de l'Oklahoma (album qu'il avait réalisé à partir du roman éponyme d'Elmore Leonard) - il parvient ainsi à restituer non pas l'Italie mais "l'italianité". Et Jacques de ne plus tarir d'éloges sur le dessin : des aquarelles réalistes très attachées aux détails, avec beaucoup de gros plans, notamment sur les visages, particulièrement expressifs. C'est un tome 1, il faudra donc attendre la suite, prévue pour le mois de septembre.
Corinne enchaîne avec La Princesse du sang, adapté d'un roman que Jean-Patrick Manchette a laissé inachevé par Doug Headline (le fils du romancier), dessiné par Max Cabanes(Dupuis). Il s'agit du second tome, qui comble enfin l’attente qu'avait engendrée une première partie déjà fort apprécié par les Noir'rôdiens. Corinne souligne entre autres attraits les "effets de caméra" du dessinateur, sa façon de mettre en cases, et les "paysages somptueux" qu'il a imaginés pour accueillir les personnages de Jean-Patrick Manchette.
Vient ensuite, commenté par Jacques, une adaptation de Scarface - ce roman d'Armitage Trail moins connu pour lui-même que pour les deux adaptations cinématographiques qu'en ont faites Howard Hawkes en 1932, puis Brian de Palma en 1983. Paru en 1929, le roman n'a été traduit en français qu'en 1992, aux éditions Rivages. La bande dessinée a été réalisée – texte et dessin - par Christian De Metter. Précision d'importance : le scénariste-dessinateur a adapté le roman, non pas les films qui, autant l'un que l'autre, s'écartent beaucoup de l'histoire originale. Jacques a surtout été sensible aux chromatismes dont use Christian De Metter, tout un jeu de nuances qui varient en fonction des ambiances et donnent une "véritable épaisseur" au personnage principal.
Le dernier album mis en vedette est L'Organsation, paru chez Dargaud. Signé Darwyn Cooke, il est tiré d'une œuvre de Richard Stark et a été traduit par Doug Headline. Il correspond au roman paru en 1964 dans la "Série noire" sous le tire Peau neuve. Petit clin d'œil aux collectionneurs : Jacques précise que ce volume de la "Série noire" porte le numéro 854 – clin d'œil auquel nous nous sommes amusés à faire écho en illustrant cette dépêche.
Quant aux romans, les Noir'rôdiens évoquent d'abord le dernier opus de Don Winslow, traduit par Freddy Michalski pour les éditions du Masque et publié sous le titre Savages. Un roman qui compte presque autant de chapitres que de pages et dont le premier est sans aucun doute le plus court de toute l'histoire du polar puisqu'il tient en un Fuck you déclencheur de l'intrigue... "Ça va aller à cent à l'heure", prévient Jacques. Le livre, pour être chroniqué par Jacques, est également défendu par Corinne qui a été, dit-elle, "bluffée par le style" et par "le texte au cordeau, où il n'y a pas un mot de trop". Les auditeurs apprennent en outre que le roman sera porté à l'écran par Oliver Stone, avec Don Winslow au scénario.
L'émission s'achève avec Guerre sale, de Dominique Sylvain (éditions Viviane Hamy). Jacques et Corinne ont un peu tardé à présenter ce livre parce qu'ils espéraient bien avoir l'auteur en personne au bout du fil, sinon dans leur studio. Or celle-ci vit actuellement au Japon et se déplace beaucoup en Asie... Ils ont donc dû se résoudre à procéder sans elle. Nul doute cependant qu'elle sera touchée de ce qui aura été dit de son roman – par exemple ceci, de la part de Corinne : "Dominique Sylvain réussit un joli tour de force, en dosant subtilement la gravité des faits, l'horreur des meurtres, et un humour déjanté, corrosif, qui passe étonnamment bien par les dialogues."
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Mettre le chaos au sein de l'Organisation
Darwyn Cooke continue son exploration graphique des aventures de Parker, ex-membre de l'Organisation, qui n'entend pas le laisser s'en sortir impunément. Usant toujours de la bichromie, sa palette s'appuie sur le bleu de Prusse (utilisé sur la couverture du précédent opus) pour venir contraster le noir qu'il manie à merveille. Cela donne un ouvrage graphique que l'on ne peut exactement définir puisque Darwyn Cooke, fortement inspiré de son expérience en comics, nous offre un objet qui est à la fois BD graphique et roman graphique avec des pointes de strip minimaliste quand, à l'instar d'un Quentin Tarantino avec Reservoir Dogs, il prend le parti de déstructurer son adaptation pour jouer avec la simultanéité des situations, qu'il encadre d'un flashback surprenant.
Parker, homme froid et déterminé, s'est fait refaire le visage pour échapper à l'Organisation. Mais comme le dit Grofield, un de ses amis, "on peut changer de visage mais la façon de bouger... La gestuelle et le langage du corps demeurent" avant d'ajouter "ça et l'odeur de mort qui vous suit". C'est la raison pour laquelle, il se retrouve avec un tueur à gages dans sa chambre d'hôtel dès le début de l'intrigue. Menace temporaire qui le contraint néanmoins à passer à l'offensive. Son plan est simple : atteindre l'Organisation à son sommet. Éliminer son chef, tout en ayant au préalable la certitude que le numéro deux, futur numéro un, le laissera tranquille après. La traque peut alors commencer. Parker réunit une bande d'associés malfrats pour mettre à mal les affaires de l'Organisation. Les casses se multiplient, l'étau se resserre à la tête de cette même organisation, et Parker qui a conservé des traits rugueux avance en silence vers son destin.
En plus d'être l'épopée d'un héros sanguinaire et solitaire dans l'Amérique des années 1960, Parker : l'organisation est aussi un guide pratique du malfrat avec dessins et légendes à la clé. Véritable chef d'œuvre, il bénéficie en outre d'une traduction remarquable de Doug Headline. Une histoire forcément à suivre vue la capacité de Parker à ne pas pouvoir éviter les ennuis dans un prochain épisode que l'on pressent fortement en sépia...
On en parle : La Vache qui lit n°121
Citation
Dieu sait qu'un bon casse me plairait. Apporter la culture aux culs-terreux c'est certes profitable, mais pas sur le plan financier.