Contenu
Le Mur, le Kabyle et le Marin
Grand format
Inédit
Tout public
20 x 13 cm
ISBN 978-2-87858-344-1
Coll. "Chemins Nocturnes"
Actualités
- 17/05 Édition: Parutions de la semaine - 17 mai
- 22/10 Bibliothèque: Rencontre sur les "Chemins nocturnes"
- 18/10 Café littéraire: Vengeances tardives à trois voix
- 19/04 Prix littéraire: Sélection du prix Jean Amila-Meckert 2012
- 04/04 Prix littéraire: Prix Mystère 2012 : les lauréats
- 06/12 Prix littéraire: Sélection 2012 du Prix des Lecteurs Quais du Polar
- 02/12 Prix littéraire: La rédaction de Lire choisit Guerre sale et Tijuana Straits
- 27/06 Prix littéraire: Sélection 2011 du GPLP
- 20/06 Site Internet: Quatrième "Frelon noir"...
... sur 1001libraires.com - un Frelon qui a désormais son logo. Christophe Dupuis alimente sa mensuelle de juin avec deux interviews qu'il a ramenées de Clermont-Ferrand, où s'est tenu, les 16 et 17 avril derniers, le premier festival polar de la ville : les 48 heures du polar, organisé par l'association L'Amiral flottant. L'on pourra aisément lier cette émission avec l'actualité junienne de la BiLiPo, qui invitait ces deux mêmes auteurs le 18 juin pour rendre hommage aux éditions Viviane Hamy. Un livre sur les relation France-Afrique (Guerre sale), un livre sur la guerre d'Algérie (Le Mur, le Kabyle et le marin) : c'est le souffle de l'Histoire avec un grand "H" que l'on entend dans ce quatrième numéro - mais, mieux encore, ce sont les voix de Dominique Sylvain et d'Antonin Varenne qui résonnent, chacune pendant une vingtaine de minutes.
Première à avoir les honneurs du micro, Dominique Sylvain évoque bien plus que son dernier roman, Guerre sale - qui est aussi son treizième opus, et le cinquième à convoquer le duo d'enquêtrices Lola Jost et Ingrid Diesel. L'interview s'ouvre d'ailleurs avec les origines de ce duo né en 2004 en réaction au 11-Septembre, histoire de glisser un peu d'humour dans des romans que l'auteur a failli ne plus écrire au vu de l'insondable noirceur d'une actualité "effrayante". Elle voulait mettre "un peu de soleil dans l'eau froide", dit-elle. L'entretien est passionnant qui amène l'auteur à analyser assez longuement ses personnages, avant qu'elle détaille la genèse de Guerre sale. L'on est introduit dans l'atelier de la romancière et l'on s'assoit avec elle à l'établi, dans cette zone encore à mi-chemin de la pensée et de l'écriture où s'originent ses personnages, ses intrigues... auxquels il va falloir donner forme avant de les assembler en un roman.
Sa conception de l'écriture - un travail qu'elle reconnaît être parfois fatiguant à cause de l'empathie qu'il demande pour se glisser dans la tête des différents personnages :
"C'est un des aléas du métier ! Le tout est de savoir arrêter son roman. Mais, en fait, je n'arrête jamais vraiment parce que je passe beaucoup de temps à écouter les gens, je pense qu'un roman c'est avant tout une fabrique d'émotions et que les émotions ne s'inventent pas, elles se recueillent auprès des autres. Et c'est en confrontant ses propres émotions à celles des autres qu'on arrive à trouver d'autres ressources (...) je suis tout le temps en mode de captation d'information, et d'émotions."
Antonin Varenne, s'il est loin d'avoir à son actif autant de romans que Dominique Sylvain, a collectionné les récompenses dès son premier ouvrage, Fakirs - un succès inattendu pour lui qui était alors "primoromacier" et surtout très content d'avoir reçu des réponses positives des éditeurs à qui il avait envoyé son manuscrit, entre lesquels il lui a fallu choisir, ce qui est tout de même gratifiant pour un jeune auteur. Ses débuts brillants attirent le regard au moins autant que sa biographie qui, selon Christophe Dupuis, évoque celle de ces "auteurs américains qui ont parcouru les quatre coins du monde, ont fait cinquante mille boulots complètement atypiques"... L'on apprend ainsi que s'emmerder à l'école n'exclut pas de s'intéresser à la philo, qu'étudier la philo quand on ne veut pas devenir prof, ça ne mène pas à grand-chose professionnellement parlant et que se faire travailleur-globe trotter pour gagner sa vie est une bonne solution. Quant aux débuts littéraires, ils ont paraît-il tenu à une immobilité forcée, avec une main plâtrée d'où ne dépassaient que trois doigts - "ça suffisait pour taper comme un flic", se souvient Antonin Varenne, qui explique également qu'il y a eu un "avant-Fakirs" éditorial, et qu'en plus de continuer à écrire des polars, il a fondé une coopérative ouvrière avec trois amis, au sein de laquelle il est charpentier. De l'ossature romanesque à la charpente sans laquelle il ne pourrait y avoir maison, le pas est ainsi franchi...
Comme avec Dominique Sylvain, on se régale d'écouter une interview aussi bien construite qui peu à peu se resserre autour du roman - en l'occurrence Le Mur, le Kabyle et le Marin - après qu'ont été évoqués la biographie, le parcours d'écrivain, la "fabrique d'écriture" de l'auteur, la genèse du roman... et l'attitude de l'éditrice qui émet "des suggestions très légères".
Liens : Guerre sale |Christophe Dupuis |Dominique Sylvain |Antonin Varenne |Les 48 heures du polar de Clermont-Ferrand - 13/05 Librairie: Antonin Varenne dans les murs de Terminus Polar (Paris)
L'histoire en uppercut
Après Fakirs, roman encensé par la critique et multiprimé, on attendait le second d'Antonin Varenne avec la certitude profonde ancrée en nous qu'il avait un sacré talent. Mais, cela ne suffit pas. De nombreux romanciers n'ont pas réussi à franchir le cap de cet écueil qu'est le second roman.
Le Mur, le Kabyle et le Marin c'est l'histoire de la boxe à la française. Un ring qui s'étend dans le temps et la géographie. Qui nous plonge au milieu des années 1950, puis à notre époque. Qui nous emmène dans une Algérie en pleine guerre ou dans une France qui n'a rien entendu de cette même guerre. Dès le début, Antonin Varenne ne se simplifie pas la tâche. Il entame son match avec l'exorcisme familial par de longues pages qui se lisent en apnée et qui montrent à l'évidence son talent. Hemingway était le dernier romancier en date à avoir réussi à décrire la boxe avec autant de splendeur et de fulgurances, et à donner à l'écrit ses lettres de noblesse à un sport émérite que l'on rabaisse bien souvent à la brutalité des coups et à la simplicité de ses acteurs. On se demande d'ailleurs dès l'entame jusqu'où Antonin Varenne compte nous emmener. Jusqu'à quel point ce Mur qui nous est à la fois sympathique et antipathique va foncer dans les murs qui l'entourent.
Le Mur, pierre de taille du roman. Un flic pas si loin de la retraite. Plutôt intègre. Qui fait de la boxe entre amateurisme et professionnalisme sans se poser de questions. Qui accepte de tabasser des hommes pour un autre homme sans se poser la moindre question. Qui finit par comprendre mais comme d'habitude bien trop tard quand il rencontre le Kabyle. Alors le Mur programme sa mort sur un ring dans un combat où il provoque son adversaire. Trop lâche pour se suicider il attend que l'autre l'anéantisse. Mais la vie reprend le dessus à l'inverse de cette mémoire qui le fuit au sortir de l'hôpital. Avec le Kabyle, il part alors à Marseille à la rencontre du Marin. Lui et le Kabyle ont fait la guerre d'Algérie. Ils ont vécu beaucoup de choses qui ne valaient pas la peine d'être vécues. Ils ont côtoyé l'horreur. La jeunesse à la rencontre de la torture.
On ne comprend pas l'intérêt d'Antonin Varenne pour cette partie sombre de l'Histoire de la France républicaine jusqu'à cette dernière page que pourtant l'on pressentait. Ce testament paternel qu'il nous livre. Cette lettre intestat par procuration antidatée et anti-écrite par la main d'un fils. Un livre poignant non pas uniquement pour cette dernière raison invoquée mais par sa force narrative, cette écriture qui s'invente au fil des pages, et qui est accompagnée d'une excellente maîtrise de l'intrigue.
On en parle : L'Indic n°9
Nominations :
Meilleur polar français de la rédaction de Lire 2011
Prix des Lecteurs Quais du Polar 2012
Prix Jean Amila-Meckert 2012
Trophée 813 du roman francophone 2012
Grand prix de la littérature policière - roman français 2011
Prix Mystère de la Critique 2012
Citation
Il était venu pour gagner. Il avait gagné et c'était pire que d'avoir perdu.