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Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Freddy Michalski
Paris : Le Masque, mai 2011
326 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-7024-3517-5
Actualités
- 09/10 Site Internet: Don Winslow sur Bibliobs
- 07/09 Édition: Parutions de la semaine - 7 septembre
- 04/04 Prix littéraire: Prix Mystère 2012 : les lauréats
- 02/12 Prix littéraire: La rédaction de Lire choisit Guerre sale et Tijuana Straits
La rédaction de lire vient de dévoiler ses trios gagnants.
Meilleur polar français :
Il fleure bon Viviane Hamys, puisqu'elle truste les deux premières places. Chose surprenante, Fred Vargas est absente du podium, sondernier roman est remplacé par les deux autres publications de la collection "Chemins nocturnes", à savoir la lauréate Dominique Sylvain pour son roman Guerre sale, qui précède le nouveau de la bande, Antonin Varenne pour Le Mur, le Kabyle et le Marin. Jérôme Leroy et son uchronie politique Le Bloc ponctuent un podium à la haute teneur noire.
Meilleur polar étranger :
Les éditions Sonatine continuent à tracer leur autoroute à six voies. Trustant prix et ventes, elles sont ce coup-ci à l'honneur pour Tijuana Straits, de Kem Nunn. Les dauphins sont dans l'ordre Captif, de Neil Cross (Belfond) et Savages, de Don Winslow (Le Masque). Un choix qui tend à aller dans une direction opposée à celle prise par les ouvrages français retenus.
Liens : Guerre sale |Le Mur, le Kabyle et le Marin |Le Bloc |Tijuana Straits |Captif |Antonin Varenne |Dominique Sylvain |Jérôme Leroy |Kem Nunn |Don Winslow - 27/06 Prix littéraire: Sélection 2011 du GPLP
Trio destructeur
Ben et Chon cultivent et revendent de l'hydro, un cannabis qui pousse hors-sol, pendant que O. arpente les magasins et couche avec l'un ou l'autre si ce n'est pas avec l'un et l'autre. Chon est aussi un mercenaire qui de temps en temps s'éclipse de par le monde. Et comme justement il n'est pas comme tout le monde, c'est un mélange de férocité et d'humanisme. Preuve en est qu'il a ses propres organisations non gouvernementales pour essayer de sortir certains de la misère dans laquelle les a plongé notre société. Seulement voilà, leur business a attiré l'attention du Cartel de Baja, qui entend bien imposer ses règles et surtout se faire du fric sur leur dos. C'est pourquoi Chon reçoit sur sa boîte mail une vidéo où sept trafiquants qui se sont opposés au cartel sont décapités à la tronçonneuse. Les deux compères n'étant pas vraiment du genre à être impressionnés ni même conciliants, c'est O. qui est enlevée et que l'on menace de décapiter à la tronçonneuse s'ils n'obtempèrent pas. Avec Savages, Don Winslow confirme tout le bien que l'on pouvait déjà penser du romancier américain aux fulgurances littéraires étonnantes. Que l'on ne s'y trompe pas ! La raison de la réussite de ce roman tient surtout au fait qu'il sera à part dans sa bibliographie. Un roman de cette teneur et de cette forme ne peut pas être répété un peu à l'instar de Finnegan's Wake ou de Ulysse, de James Joyce, qui sont autant de petits joyaux jouissifs, qui auraient donné une œuvre indigeste si l'auteur irlandais les avait décliné à outrance.
Savages est une succession de courts voire très courts chapitres qui donnent à l'histoire un rythme endiablé. "Fuck you!", premier chapitre de deux mots donne le premier ton avant que Don Winslow nous présente son trio amoureux et insouciant qui va plonger dans une autre réalité que celle qu'il fuit déjà dans le cannabis. Ben, Chon et Ophelia sont indissociables, mais alors que dans Jules et Jim, c'est le personnage de Kathe qui influe sur les destinées des deux hommes, là c'est Chon, philanthrope psychopathe, ancien mercenaire, qui va durcir le ton de cette comédie avant qu'elle ne se transforme en un bain de sang sanglant (si, si ! J'assume la répétition). Car, bien sûr, les deux garçons idéalistes dans l'âme ne vont pas s'en laisser compter. Ils ont besoin d'argent pour localiser O. et la reprendre à ses ravisseurs, alors ils jouent un double-jeu délicat et destructeur avec le cartel. Ils font œuvre de parasitisme pour la bonne cause. Et dans un roman one shot qui va pourtant les multiplier, on atteint des sommets à la fois dans l'écriture et dans l'intrigue avec des personnages inoubliables...
On en parle : 813 n°110 |La Vache qui lit n°124 |La Tête en noir n°150 |La Tête en noir n°159
Nominations :
Grand prix de la littérature policière - roman étranger 2011
Trophée 813 Michèle Witta du roman étranger 2011
Meilleur polar étranger de la rédaction de Lire 2011
Prix Mystère du Meilleur roman étranger 2012
Trophée 813 Michèle Witta du roman étranger 2012
Citation
Quand on laisse croire aux gens qu'on est faible, tôt ou tard, on se retrouve contraint de les tuer.