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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais par Isabelle Perrin
Paris : Le Seuil, avril 2011
372 p. ; 27 x 15 cm
ISBN 978-2-02-102768-6
Coll. "Cadre vert"
Actualités
- 08/04 Édition: Parutions de la semaine - 8 avril
Fils de, frère de... Alors que les Presses de la Cité éditent très bientôt Babylon nights, dernier roman de Daniel, frère de Johnny Depp, que Les Nouveaux auteurs en feront de même en mai avec Les Cendres froides, de Valentin Musso, frère de Guillaume L'Archipel publie N'ayez crainte !, nouvel opus de Peter Leonard, fils non pas d'Herbert mais d'Elmore. Nombreux sont ceux à s'enthousiasmer sur la truculence de sa prose en quatrième de couverture, même le regretté depuis deux années déjà Donald E. Westlake. Nous vous donnerons très bientôt notre avis.
Les Presse de la Cité nous proposent également Les Murmures, de John Connolly, un des habitués de la collection "Sang d'encre", mais, et c'est à notre connaissance une première dans la collection, ces murmures s'accompagnent d'un CD musical, la playlist de l'auteur. En cela, les Presses de la Cité suivent la mode du moment, ce dont on peut se réjouir.
S'il faut chercher LE livre de la semaine, il se trouve peut-être au Seuil. La parution du nouveau roman d'espionnage de John Le Carré fait forcément office de fait marquant. L'auteur délivre ses romans avec parcimonie. Un traitre à notre goût le sera-t-il vraiment ? Sûrement plus que Qui a tué Toutankhamon ? parution hebdomadaire de James Patterson, sous-clone de Ponson du Terrail dans sa forme moderne et un tantinet édulcorée.
Bien entendu, il y en a pour tous les goûts, alors ne vous privez pas :
Grand format :
Frères de sang, de Nicole Amann (Les Éditions du Bord du Lot)
Le Carré des anges, de Alexis Blas (Ex aequo, "Rouge")
Le Jour où tu dois mourir, de Marc Charuel (Albin Michel, "Thrillers")
L'Ombre de la brume, de Gérard Chevalier (Coop Breizh)
Tempête sur Cape Cod, de Carol Higgins Clark (Albin Michel)
Les Murmures, de John Connolly (Presses de la Cité, "Sang d'encre")
Les Leçons du mal, de Thomas H. Cook (Le Seuil, "Policiers")
Jusqu'au sang, de Diane Emley (Belfond, "Noir")
Comme ton ombre, de Elizabeth Haynes (Presses de la Cité, "Sang d'encre")
Le Dernier homme bon, de A. J. Kazinski (Jean-Claude Lattès)
Jeux de vilains, de Jonathan Kellerman (Le Seuil, "Policier")
Double hélice, de Kleinmann & Vinson (Le Masque)
Caucase Circus, de Julia Latynina (Actes sud, "Actes noirs")
Un traître à notre goût, de John Le Carré (Le Seuil, "Cadre vert")
N'ayez crainte !, de Peter Leonard (L'Archipel, "Les Maitres du suspense")
Occupe-toi d'Arletty !, de Jean-Pierre de Lucovich (Plon, "Suspense thriller")
En fuite, de Phillip M. Margolin (Albin Michel, "Spécial suspense")
Le Voyage en Italie de Sherlock Holmes, de Luca Martinelli (Joëlle Losfeld)
Sans laisser de traces, de Val McDermid (Flammarion)
La Mort à deux visages, de Nicolas Ménard (Pavillon noir)
Les Âmes traquées, de Martin Mchaud (First, "Thriller")
La Femme congelée, de Jon Michelet (Presses universitaires de Caen, "Littérature nordique")
Qui a tué le poète ?, de Luis de Miranda (Max Milo)
Alpes noires, de Philippe Paternolli (Le Caïman)
Qui a tué Toutankhamon ? de James Patterson (L'Archipel)
Mortelles rencontres, de Richard Philippe (Le Bout de la Rue, "Rue noire")
Lennox, de Craig Russell (Calmann-Lévy, "Robert Pépin présente")
Les Parasites artificiels, de Gordon Zola (Le Léopard masqué, "Les Polars du Léopard")
Poche :
La Ville qui n'aimait pas son roi, de Jean d'Aillon (LGF, "Policier")
Canso d'amor, de Chantal Alibert (Les Presses littéraires, "Crimes et châtiments")
Le Clan, de Martina Cole (LGF, "Thriller")
Le Mensonge, de Hallie Ephron (LGF, "Thriller")
L. A. Noir, de Tom Epperson (LGF, "Policier")
Céret noir, de Gil Graff (Mare Nostrum, "Les Polars catalans)
Il était une fois un crime, de Lee Jackson (10-18, "Grands détectives")
Mon premier meurtre, de Leena Lehtolainen (J'ai lu, "Policier")
La Dernière tentation, de Val McDermid (J'ai lu, "Thriller")
Sous les mains sanglantes, de Val McDermid (J'ai lu, "Thriller")
Dernier tour de manège, de Jean-Paul Nozière (Rivages, "Noir")
La Mort des rêves, de Do Raze (Le Masque, "Masque jaune")
Onzième parano, de Marie Vindy (La Tengo, "Mona Cabriole")
Mine de rien, de Patricia Wentworth (10-18, "Grands détectives")
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Les décombres de l'espionnage
John Le Carré a signé des romans d'espionnage impressionnants sur la grisaille du quotidien d'un espion, sur les magouilles internes, sur les rivalités qui poussent les gens à perdre pour faire tomber de leur piédestal leur chef plutôt que de gagner pour que triomphe leur camp. Il a quitté les services secrets au sens strict pour s'ouvrir au monde et découvrir que cette grisaille recouvrait le monde entier. Comme dans une structure fractale, la désillusion se retrouve dans tous les interstices du récit : au niveau de l'individu (ici une jeune fille qui découvre l'amour et y croit avant de s'apercevoir que ce ne sont que mensonges) comme au niveau de l'État - sans entrer dans le fond du roman, tout le monde sait qu'il y a un escroc dans les cercles du pouvoir, qu'il veut introduire dans le circuit de l'argent sale, mais après tout cet argent sale servira l'économie du pays...
Ici, encore le style de John Le Carré fait toute la différence. Suite de discussions, de correspondance feutrée, d'allusions et d'incompréhensions. Les personnages se créent en quelques lignes et acquièrent une grande force d'évocation, qu'ils soient au premier plan comme dans les détails du fond de tableau.
Le roman raconte la mondialisation financière, ses dérives, ses blanchiments, ses accommodements en déplaçant les personnages dans des lieux emblématiques d'un pouvoir et de l'opulence feutrée : hôtels de grande classe, plages de paradis fiscaux, stations de ski suisses et coulisses des stades de tennis. Mais l'envers du décor est pourri car sur l'île, le "traitre" vit avec sa famille dans un immeuble en construction ; l'hôtel est surtout intéressant pour la porte de secours des toilettes ; les salles privées de Roland Garros servent pour des beuveries et des orgies tristes - mais à quoi servirait le pouvoir si l'on ne peut coucher avec des mannequins blonds et chères ?
Vu à travers les yeux d'un spectateur innocent qui va devoir dessiller ses yeux, Un traitre à notre goût laisse au lecteur le même goût amer que celui qui doit trainer dans la bouche du "héros" et de sa compagne : celui de la corruption généralisée du monde, des gens, des choses, des sentiments. Une corruption qui peu à peu engloutit tout.
On en parle : Carnet de la Noir'Rôde n°44
Citation
En Russie, le tennis est un signe extérieur de richesse. Si un russe vous dit qu'il joue au tennis, il vous dit qu'il est plein aux as.