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Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (Canada) par Michel Saint-Germain
Arles : Actes Sud, juin 2011
310 p. ; 24 x 15 cm
ISBN 978-2-7427-9775-2
Coll. "Actes Noirs"
Club du mardi version thé au sirop d'érable
C'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleurs thés, aurait pu dire Agatha Christie, et c'est d'autant plus vrai en ce qui concerne Nature morte, ce premier roman de Louise Penny, tant l'auteur s'inspire de sa devancière anglaise. Il y a principalement ce village comme échappé du temps, où l'on coud, où l'on achète à l'épicerie locale, où les amours contrariées des jeunes filles de bonnes familles avec les bucherons sont l'objet du regard attentif d'une flopée de mamies tapies derrière leurs rideaux. Si les habitants ruraux sont férus de chasse il ne faut pas moins faire attention au tir à l'arc. Le geste est beau mais le résultat incertain.
Rien ne peut arriver dans un tel cadre idyllique ? C'est compter sans la perversité humaine et les mesquineries individualistes. Quand une peintre locale, vieille femme sans histoire, est retrouvée morte au plein milieu d'un bois le cou transpercé par une flèche, c'est toute une série de questions qui viennent à l'esprit. Avec tout d'abord le fameux "Pourquoi ?" Y a-t-il un rapport avec ce qu'elle peignait ? Et pourquoi avait-elle décorée de si horrible manière sa maison ? Ce crime découle-t-il d'une autre mort, un peu plus ancienne ? Celle d'une autre femme morte de vieillesse dans son lit quelques mois auparavant ?
Louise Penny ne veut et ne peut pas faire intervenir miss Marple. Alors elle utilise un policier charmant, frondeur, assisté d'une adjointe un peu perdue. Le plus difficile n'est jamais de découvrir la vérité mais d'arriver à faire parler les taiseux de la campagne, de révéler les secrets honteux et enfouis, de distinguer parmi les fausses pistes (des jeunes masqués qui jettent du fumier sur ceux qu'ils n'aiment pas, un père et son fils qui s'accusent mutuellement du meurtre) et de décrypter les tableaux de la peintre assassinée.
Nature morte est servi par des descriptions psychologiques bien dessinées, une intrigue qui prend le temps de décrire une communauté sans la caricaturer, et une façon de s'installer dans la tradition du policier anglo-saxon des années 1920 sans le moderniser mais avec une justesse de ton qui le montre comme le pendant naturel et campagnard des enquêtes plus dures qui seraient le lot des villes. Ce roman a le charme des enquêtes des séries anglaises du dimanche soir sur France 3, le charme discret de la campagne.
On en parle : La Tête en noir n°152
Citation
Mlle Jane Neal se présenta devant Dieu dans la brume matinale du dimanche de Thanksgiving. Ce décès inattendu prit tout le monde au dépourvu.