Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
380 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-7436-2239-8
Coll. "Thriller"
Scène de crimes en Seine
À la fois roman d'anticipation et de catastrophe, Crimes de Seine, de Danielle Thiéry, s'étend sur trois jours apocalyptiques, durant lesquels Paris se retrouve confronté à la crue très impressionnante de son fleuve. Trois jours qui sont autant d'occasions pour l'auteur de remuer les bas-fonds et de faire remonter à la surface des cadavres, certains figuratifs et d'autres bien réels qui sont l'œuvre d'un tueur forcément psychopathe.
Tout débute aux abords de la gare du Nord, quand le commissaire à la Brigade des chemins de fer Edwige Marion se rend seule à un rendez-vous avec un indic. Elle se fait descendre, son indic est retrouvé mort à ses côtés. C'est alors la première plongée, celle dans un profond coma pour notre commissaire. Et l'on se dit que l'on a affaire à une énième enquête où l'un des personnages se retrouve dans le coma pour n'en ressortir que dans un final à haute teneur de pathos sans aucune séquelle (ces derniers mois Craig Johnson et Fred Vargas pour ne citer qu'eux nous en ont donné à cœur joie). Évidemment, l'équipe blessée du commissaire est sur les dents et va tout faire pour retrouver le coupable et le corps. Sauf que Danielle Thiéry intensifie son intrigue en décidant d'escamoter ledit corps. Dans le même temps, ses principaux protagonistes décident de résoudre seuls l'enquête en faisant fi des procédures dans un roman qui pourtant les explicite en long, en large et en travers. Mais en ce mardi 20 février 2013, il faut aussi prendre en compte la Seine qui monte très vite, et qui ne laisse pas le temps de noyer le poisson. Ce sont des arrondissements entiers d'inondés, des populations à prendre en charge et un regain de la criminalité à maîtriser.
C'est surtout pour le lecteur le moment d'apprendre qu'à Paris il y a une crue centennale. C'est-à-dire que l'on a cette certitude que chaque siècle a sa crue sans que pour autant l'on puisse dire en quelle année. Danielle Thiéry décline tous les sigles de toutes les brigades policières ou assimilées, et elles sont nombreuses. Elle nous présente tous les personnages d'une intrigue. Il y a bien sûr en premier lieu celles et ceux qui vont tenter de retrouver le corps du commissaire Marion. Et tous ceux qui vont mettre des bâtons dans des roues immergées sinon submergées. Une vraie course contre la montre et la mort s'instaure en même temps que se déroule la grande course contre la montre engagée pour contrecarrer les effets de la catastrophe naturelle. L'on va côtoyer toute une panoplie de flics qu'ils soient mouillés, fatigués, harassés, aux tourments sentimentaux assumés ou pas. Il y a les bons, les mauvais, les ni bons ni mauvais mais peut-être pires. Ceux qui suivent strictement les règles, et ceux qui tentent de parvenir à leurs fins en n'hésitant pas à polluer une scène de crime. De sous-intrigue en sous-intrigue, Danielle Thiéry nous emmène d'abord à la gare du Nord, puis à la PJ du quai des Orfèvres et à la Salpétrière, à Chaillot puis en proche banlieue dans un château qui sera pris d'assaut bélier en tête.
Danielle Thiéry prends cependant le temps de nous apprendre comment étaient réalisées les momies de l'Égypte ancienne, de nous faire visiter le grand musée des horreurs avec son lot d'instruments de torture moyenâgeux, mais aussi, inévitablement, d'aborder la guerre des polices, entachées des sempiternelles manœuvres politiciennes. D'abord sans queue ni tête de poissons, l'intrigue se développe, se transforme. Il y a tout d'abord cette certitude que l'on se trouve dans un roman basique de procédure policière. Tout juste agrémenté d'une once de fantastique quand l'on se retrouve avec une fliquette qui entend la voix de sa comateuse de commissaire qui l'oriente et la soutient. Et puis tout ça se transforme en un thriller efficace tout en rythme. Finalement, Danielle Thiéry choisit de tricher avec une solution éculée et/ou alambiquée tout en s'offrant un final angoissant et ouvert. Nul doute qu'elle aime ses personnages. Elle leur offre donc l'occasion de revenir pour une nouvelle confrontation…
Citation
Le claquement sec du parapluie qu'on ouvre vaut mieux que le grondement sourd d'une carrière qui s'écroule.