L'Homme au complet marron

L'avenir du roman noir - cette littérature sans feu ni lieu - semble donc largement prometteur quant à sa persistance et à son renouvellement permanent au sein de l'école française toujours inspirée par les réalités sociales contemporaines.
Claude Mesplède - 30 ans d'écrits sur le polar : 1982-2012 Volume 1, Chroniques, fictions, entretiens, essais
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Roman - Espionnage

L'Homme au complet marron

Braquage/Cambriolage - Road Movie MAJ jeudi 04 août 2011

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 0 €

Agatha Christie
The Man In The Brown Suit - 1924
Traduit de l'anglais par Sylvie Durastanti
Paris : Le Masque, mai 2006
252 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-7024-3376-6
Coll. "Agatha Christie", 69

Espionnage voltairien

Avec L'Homme au complet marron, un roman d'espionnage qui mélange aventure et bons sentiments, Agatha Christie laisse apparaître ici et là quelques pistes sur son caractère mais dans le même temps, sans peut-être qu'il y paraisse, canonne toute une salve de revendications féministes.

Assez similaire au futur Rendez-vous à Bagdad qui paraîtra en 1951, le roman débute par une coïncidence comme les aime la Reine du crime. Anne Beddingfeld, son héroïne, est témoin de la mort inexpliquée d'un homme à une station de métro. Cette mort fait écho à celle d'une femme dans une villa en location le lendemain. Anne Beddingfeld est persuadée que les deux sont liées. D'ailleurs elle a récupéré un morceau de papier avec un code écrit dessus. À Scotland Yard, on ne la prend pas au sérieux alors elle propose ses services au Daily Budget. C'est donc une envoyée un peu spéciale mais officieuse qui se lance dans une aventure qui va l'emmener en Afrique du Sud par transatlantique non sans risquer sa peau à chaque coin de coursive dans un premier temps, puis dans les rues tortueuses des principales villes sud-africaines dans un second temps. Car un mystérieux "Colonel", chef d'une dangereuse bande de malfaiteurs, souhaite récupérer des diamants qui ont atterri Dieu sait comment entre les mains de Anne Beddingfeld. En se mettant en travers de son chemin, l'impétueuse héroïne, qui n'est pas tombée du lit, va devoir faire preuve d'extrême finesse si elle veut s'en sortir indemne.

Comme à son habitude, Agatha Christie fait évoluer son héroïne au sein d'une petite communauté. Chacun des protagonistes semble honnête, mais tous ont un comportement étrange qui nous intrigue et qui nous fait penser que tel ou tel est le fameux "Colonel". Dans cet univers essentiellement masculin, la fille d'un célèbre anthropologue, fait étalage de sa science pour prôner l'égalité entre les sexes : "... et c'est pourquoi les femmes admirent la force physique chez les hommes : c'est ce qu'elles ont eu jadis et qu'elles ont perdu". Cette égalité qui, dit-elle, a été perdue au moment de la sédentarisation, elle la revendique au terme d'une haute lutte de son héroïne. Mais, de façon tout aussi surprenante, Agatha Christie propose, dans une intrigue à la conclusion heureuse, un final où elle va à l'inverse de ce qu'elle prône tout du long de son roman. Un retour au berceau de la sédentarisation ? En tout cas, assurément, une version christienne de Candide, de Voltaire.

Citation

Mais qu'est-ce que vous lui trouvez donc de si attirant ? Je ne vois vraiment pas... à part, évidemment, son physique d'aventurier casse-cou et ses charmes de Fils du Cheik mitigé d'Homme de Cro-Magnon.

Rédacteur: Julien Védrenne vendredi 29 juillet 2011
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