L'Heure des loups

Ne te lance pas à la poursuite de cette chimère. Je n'aime pas François et je ne l'aimerai jamais. Je suis persuadée qu'il te fera du mal, mais je sais que le mystère qui t'entoure n'est pas lié à une quelconque volonté de sa part de te nuire.
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jeudi 21 novembre

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Roman - Policier

L'Heure des loups

Historique - Assassinat MAJ samedi 13 août 2011

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22 €

Shane Stevens
The Anvil Chorus - 1985
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Édith Ochs
Paris : Sonatine, février 2011
500 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-35584-060-9

Actualités

  • 15/06 Édition: Parutions de la semaine - 15 juin
  • 25/02 Édition: Parutions de la semaine - 25 février
    Semaine très k-librée avec les parutions d'un roman de Laurent Fétis, Nocturne pour instrument divers, publié dans la collection dirigée par Thomas Bauduret aux éditions Asgard, "Zones d'ombres" et le roman La Fracture de Coxyde, un "Polar en Nord" de Maxime Gillio, notre spécialiste émérite de l'œuvre de San-Antonio. Et ils tombent plutôt bien car la semaine est assez légère si l'on omet Adieu Gloria, un roman noir aux teintes archaïques de la surprenante Megan Abbot, L'Heure des loups, nouvel opus aux éditions Sonatine de Shane Stevens, et surtout Un hiver de glace, de Daniel Woodrell, sorte de western contemporain, version proximale de Fantasia chez les plouc, de Charles Williams. Si vous n'avez pas le temps de le lire, vous pourrez voir son adaptation au cinéma par Debra Granik (Winter's Bone). Le reste est bien entendu à découvrir :

    Grand format :
    Adieu Gloria, de Megan Abbott (Le Masque)
    Les Fils d'Omphals, de Pierre Bassou (Le Masque d'or, "Adrénaline")
    Diké ou L'Archiviste, de Jérôme Bonneau (Les 2 Encres, "Sang d'encre")
    Le Commissaire Adam et l'énigme de l'expert Haudet, de Yves Cléon (Clea)
    Là où se cache la vérité, de Julie Corbin (Ixelles)
    Jusqu'au sommet de la montagne, d'Arne Dahl (Le Seuil, "Policiers")
    Mort d'un fan des Beatles, de Philippe Dell'ova (Le Masque d'or, "Adrénaline")
    Nocturne pour instruments divers, de Laurent Fétis (Asgard, "Zones d'ombre")
    L'Ombre dans l'eau, d'Inger Frimansson (First, "Thriller")
    Lyalo-ly, de Patrice Guirao (Au vent des îles, "Noir Pacifique")
    Dame de trèfle, d'Alexis Lecaye (Le Masque)
    La Petite fille de ses rêves, de Donna Leon (Calmann-Lévy)
    Il va neiger sur Venise, de Jean Mazarin (Nuits blanches, "Policier")
    Engrenage, de Andrée Mortier (M. Dricot, "Roman policier")
    Justice dans un paysage de rêve, de Mala Nunn (Les 2 Terres, "Best-seller")
    Frontière blanche, de Matti Ronka (L'Archipel, ""Les Maîtres du suspense")
    L'Heure des loups, de Shane Stevens (Sonatine)
    Ultimes rituels, de Yrsa Sigurdardottir (Anne Carrière, "Policier")

    Poche :
    Bigorneaux et lingots à Ré la Blanche, de Robert Béné (De Borée, "Polars")
    Ré la Blanche, ruelle du Puits-sans-Fond, de Robert Béné (De Borée, "Polars")
    La Fracture de Coxyde, de Maxime Gillio (Ravet-Anceau, "Polars en Nord")
    Le Colibri, de Hervé Jovelin (Ravet-Anceau, "Polars en Nord")
    Show effroi, de Claude Muller (Papier libre, "Polar en poche")
    Suicides.com, de Michel Ollivier (Papier libre, "Polar en poche")
    Le Putsch, de Gérard Streiff (Krakoen, "Forcément noir")
    Tuez Rigoberta Menchu, de Gérard de Villiers (Gérard de Villiers, "SAS")
    Un hiver de glace, de Daniel Woodrell (Rivages, "Noir")
    Liens : Adieu Gloria |La Fracture de Coxyde |Un hiver de glace |La Petite fille de ses rêves |Diké ou l'archiviste |Ultimes rituels |Arne Dahl |Laurent Fétis |Maxime Gillio |Donna Leon |Gérard Streiff |Daniel Woodrell |Megan Abbott

Pavé hors des temps

Le plus grave tort de ce roman écrit en 1985 est sa parution tardive, d'autant que l'action est elle-même est située en 1975. Car l'enquête — un faux suicide menant sur la trace d'un insaisissable tueur nazi du nom de Boch, plus ou moins lié au trésor de guerre d'Hitler — fait bien vieillote et aurait pu donner un "San Antonio" de la grande époque ; de même, la traque d'un tueur omniprésent bien qu'on ne le voie jamais évoque le légendaire La Mémoire dans la peau de Robert Ludlum. Mais il faut bien remplir ces cinq cents pages bien tassés à travers une enquête en forme de marabout d'ficelle, progressant en dialogues - lorsque l'auteur ne cède pas au diction de Dashiell Hammett : "Lorsque vous ne savez plus quoi écrire, faites entrer deux hommes armés de revolvers" ; d'ailleurs ce trésor insaisissable n'est pas sans rappeler un certain faucon -, et en évocation de l'idéologie mortifère des nazis, l'ensemble n'évite pas les redondances jusqu'à un finale interminable comme dans Les 39 marches, de John Buchan.

Mais l'intérêt de L'Heure des loups est ailleurs. Il faut aller fouiller dans cette fresque de collusions et de trahisons typique de l'espionnage post-John Le Carré ; ensuite il faut observer ce personnage en proie à son obsession, tourmenté par son ascendance - il est juif français, descendant de Dreyfus (!), et il se découvre même des origines allemandes -, ballotté de partout, aux points de vue de plus en plus surréalistes au point d'en faire un frère de cœur de "L'Œil", le héros lunaire de l'inoubliable Mortelle randonnée, de Marc Behm.

Reste un roman un brin bancal qui a tendance à craquer sous son propre poids, mais qui possède ses moments de fulgurance. Qu'en aurait-on pensé en le lisant à l'époque ? Pour la petite histoire, Shane Stevens rejoint Bernard Traven au panthéon des auteurs-mystères dont on ignore tout : sorti de l'anonymat par Stephen King, qui lui voua son admiration au point de mettre un clin d'œil à son personnage d'Alexis Machine dans La Part des ténèbres, si bien que l'on a longtemps prétendu que Stevens était un pseudonyme de King lui-même...

Citation

Tel Antée, fils de Poséidon et de la terre mère, César se relevait plus fort chaque fois que les coups le jetaient à terre.

Rédacteur: Thomas Bauduret dimanche 20 mai 2012
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