k-libre - en marge - Pris au piège

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vendredi 22 novembre

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DVD - Noir

Pris au piège

Vengeance MAJ dimanche 27 mai 2012

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Réédition

Tout public

Prix: 10 €

Edward Dmytryk
Cornered - 1945
Introduction de Serge Bromberg
Paris : Montparnasse, août 2011
19 x 14 cm
Coll. "RKO", 120

Coup de Jarnac en Argentine

Nous sommes en 1945 et déjà le cinéma hollywoodien dresse le constat affligeant de la France au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Réalisé pour la RKO par Edward Dmytryk, Pris au piège révèle une France déchirée entre anciens collaborateurs et résistants. Le besogneux Dick Powell, balafré et massif, qui a déjà été sous la coupe de Dmytryk pour une adaptation très réussie mais aujourd'hui méconnue d'Adieu ma jolie de Raymond Chandler, interprète Laurence Gerrard, un aviateur canadien, marié pendant la guerre à une jeune Française. Dans les décombres d'une France exsangue, il cherche à retrouver la trace mystérieuse de Marcel Jarnac. Ce collaborateur nazi a contribué à l'assassinat de nombreux résistants dont, évidemment, la femme de notre héros. Officiellement, il est mort, très vite enterré par une administration française soucieuse de passer à autre chose. Mais Laurence Gerard ne l'entend pas ainsi. Dans les décombres encore fumants de la maison de Jarnac, il exhume un dossier à en-tête qui le conduit d'abord en Suisse puis, évidemment, en Argentine, terre d'exil fasciste et nazie du moment. Là-bas, il croisera Madame Jarnac (Micheline Cheirel) une femme troublante et trouble, côtoiera des nazis qui ne prennent même pas la peine de se cacher et lors d'un final interminable découvrira le visage du trop fameux Jarnac.

Extrait de Pris au piège (1943)

Micheline Cheirel dans les rues nocturnes de Buenos Aires avec sur ses traces un inconnu angoissant.

Serge Bromberg s'enthousiasme peut-être un peu trop pour ce film et ce couple incarné par un acteur et son réalisateur, il n'en demeure pas moins que c'est un film bien réussi, qui décrypte très bien les clivages d'une société malade essayant de se sortir de la torpeur de la guerre. Edward Dmytryk est d'une dureté irréprochable quant à la France avec comme le souligne Serge Bromberg des résistants morts et des collabos qui restent impunis. Si l'intrépide Dick Powell (soucieux de quitter un rôle d'acteur pour midinettes) au physique et à l'intelligence des fois peu en rapport avec son rôle, réussit à tenir la baraque (ses investigations argentines aux multiples rebondissements mettent surtout en avant son côté fonceur-tête-baissée-cerveau-bien-à-l'abri), le scénario pêche parfois par des longueurs inhérentes à ces films des années 1940 réalisés en très peu de temps avec des budgets tirés au cordeau. Une des dernières scènes avec traversée interminable d'une salle plongée dans le noir ferait quasiment sourire alors que le drame touche à sa conclusion. Mais Edward Dmytryk, l'un des piliers de la RKO, est un réalisateur équilibriste de génie, et Pris au piège un bon film noir d'après-guerre sur le thème de la vengeance aveugle et immorale.

Pris au piège : 102 min. réalisé par Edward Dmytryk avec Dick Powell, Walter Slezak, Micheline Cheirel...
Bonus. Présentation de Serge Bromberg.

Citation

Si vous avez encore une conscience vous vous sentirez coupable car un jour vous avez été française.

Rédacteur: Julien Védrenne lundi 05 septembre 2011
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