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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'islandais par Patrick Guelpa
Paris : Métailié, octobre 2011
214 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-86424-845-3
Coll. "Noir - Bibliothèque nordique"
Actualités
- 23/11 Édition: Parutions de la semaine - 23 novembre
- 28/10 Édition: Parutions de la semaine - 28 octobre
Il en va des semaines et des hasards. Inutile d'aller chercher bien loin dans cette liste le ou plutôt les romans de la semaine. Ils sont aux premières loges. Aux deux premières places plus exactement. Avec Bettý, d'Arnaldur Indridason, les éditions Métailié frappent un grand coup. Car le roman tranche avec l'œuvre tout en continuité de l'auteur islandais. Foin de policier avec un Erlendur bougon et distant, c'est un véritable hard boiled qui vous est proposé. Guillaume Lebeau dans sa chronique dit tout le bien qu'il en pense et encore a-t-il fallu le calmer. Tout juste si Charité bien ordonnée, d'Alexis Aubenque, ne parait pas fade. Le romancier triche un peu avec les codes, abuse peut-être d'une sauce scénaristique, il n'empêche qu'il est devenu l'un des meilleurs écrivains du genre français. Pour le reste, comme d'habitude, faites votre choix !
Grand format :
Bettý, de Arnaldur Indridason (Métailié, "Bibliothèque nordique. Noir")
Charité bien ordonnée, de Alexis Aubenque (Calmann-Lévy)
Une belle dans la tête, de Serge Barbary (Clémentine, "Soleil noir")
Le Cercle des Lombards, de Mario Capraro (Édite)
L'Heure écarlate, de Ann Cleeves (Belfond, "Noir")
Les Enquêtes du commissaire La Rennie, de Jacques Delatour & Robert Tubach (L'Harmattan)
Le Diable est un ange comme les autres, de Marie-Hélène Ferrari (Clémentine, "Soleil noir")
Killer elite, de Ranulphe Fiennes (Le Serpent à plumes)
Rouge sang, de Jean-François Fournel (Le Masque, "Grands formats")
Theodore Boone : l'enlèvement, de John Grisham (Oh !)
Une heure de silence, de Michael Koryta (Le Seuil, "Policiers")
Mystères sur la toile : histoires extraordinaires de tableaux français, Gilles Laffon & Érica Laffin (Papillon rouge)
Double trouble, de Stéphen Lamouille (Kometa)
Carroge, de Gilbert Laporte (Pascal Galodé)
Machination, de Michael Marshall (Michel Lafon)
Meurtre cité des Vertes-Voyes, de Patricia Osganian (Pythagore)
66° Nord, de Michael Ridpath (First, "Thriller")
La Nurse anglaise, de San-Antonio (Fleuve noir, "San Antonio, grands formats")
Corruption, de C. J. Sansom (Belfond, "Littérature étrangère")
Le Fantôme du Hauraki Gulf, de Marc Stéphan (Au vent des îles, "Noir Pacifique")
Contractors, de Marc Wilhem (Scrineo, "Thriller")
Poche :
Les Salauds vont en enfer, de Frédéric Dard (Fleuve noir)
Le Venin du mort, de Bernard Fischbach (Le Verger, "Les Enquêtes rhénanes")
Fantôme de mer, de Denis Flageul (Terre de brume, "Polars & grimoires")
Navigation noire : Cancale, Saint-Malo, de Lionel Guillard (Astoure, "Breizh noir")
Péchés céruléens, de Laurell K. Hamilton (Milady)
Haine, de Anne Holt (Points, "Policiers")
Ankou, lève-toi, de Frédérick Houdaer (Terre de brume, "Polars & grimoires")
Furieux appétit, de Raphaël Majan (POL, "Une contre-enquête du commissaire Liberty")
Terminus Brocéliande, de Renaud Marhic (Terre de brume, "Polars & grimoires")
L'Importance d'être reconnaissant, de Alexander McCall Smith (10-18, "Grands détectives")
Un nommé Peter Karras, de George P. Pelecanos (Points, "Policiers")
Chimère noire : Saint-Cast-le-Guildo, de Pierre Rabardel (Astoure, "Breizh noir")
Prophétie, de C. J. Sansom (Pocket, "Best")
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Reykjavik confidential
Arnaldur Indridason s'est éveillé au genre policier à l'âge de trois ans. "Une nuit, je n'arrivais pas à dormir et je suis allé dans le salon où mon père regardait un film à la télévision. C'était Little Caesar. Ce fut mon introduction à la criminalité et longtemps, ce film est resté mon préféré." Little Caesar, réalisé par Mervyn LeRoy et adapté d'un roman de W. R. Burnett, l'auteur de Quand la ville dort (The Asphalt Jungle, 1949), est une œuvre noire qui retrace l'ascension d'un criminel italien sans scrupules. Longue introduction me direz-vous ? Surtout pour une chronique dédiée à un opus du romancier islandais le plus célèbre de ses quinze dernières années. Ce préambule m'apparaît cependant nécessaire avant toute tentative d'expliquer pourquoi il faut lire Bettý, un texte à part dans la production d'Arnaldur Indridason, sans doute le premier roman harboiled islandais.
Écrit à la première personne, ce court récit publié en 2003 entre La Voix et L'Homme du lac, ne met pas en scène le célèbre commissaire Erlandur Sveinsson, mais une femme fatale, Betty. Une plante vénéneuse qui a empoisonné la vie d'un bien naïf conseiller juridique. Pourquoi ? Comment ? C'est toute l'ambition d'Indridason que de le faire découvrir à ses lecteurs, par éclair de mémoire interposé. Tantôt emprisonné dans sa cellule, tantôt prisonnier d'un passé sulfureux avec Bettý, passé qu'il se remémore avec remords mais sans véritables regrets, le narrateur nous confie un à un les rouages d'un piège féminin machiavélique. Bien sûr, on pense à Brigid O'Shaughnessy dans Le Faucon maltais de Dashiell Hammett, où encore à Cora dans Le Facteur sonne toujours deux fois. Est-ce d'ailleurs un hasard si Indridason cite le chef-d'œuvre de James M. Cain en exergue de Bettý ? Pourtant, Indridason insuffle de la modernité à son archétype de vamp. Un vent du nord, dont le murmure glacé raconte un pays à la dérive, au-dessous du volcan... Un pays au bord du gouffre aussi, où l'Argent l'emporte sur la Nature. Où la Naïveté crève sous les coups acharnés de la Perversion. Betty n'est peut-être finalement que l'incarnation de cette Islande viciée, prête à faire chuter l'État insulaire dans le gouffre financier de 2008. Et voilà certainement l'une des clés du succès des best-sellers venus du froid, leur capacité à digérer l'imaginaire policier et criminel américain tout en s'ancrant fermement dans un terroir et des préoccupations purement septentrionaux. Finalement, à la dernière page, chacun donnera à Bettý le visage qu'il souhaite. C'est la force des grands romans que de transcender leurs personnages. C'est toute la puissance de ce grand roman de feu et de glace.
On en parle : Carnet de la Noir'Rôde n°44
Citation
Je ne sais plus ce qui était vérité et ce qui était mensonge. Je ne crois plus rien, mais à l'époque, quand elle parlait de ses désirs et de ses passions, j'écoutais et je sentais combien elle m'attirait, je sentais combien nous avions de choses en commun, et même une expérience commune dont nous ne pouvions parler sans entraves et sans façons quand nous commencions à mieux nous connaître.