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Vengeance impitoyable
C'est avec Le Retour de Franck James, en 1940, que Fritz Lang fait son irruption dans le monde violent et sans pitié du western. Le film, un des premiers du genre en couleurs, est la suite du Brigand bien aimé, de Henry King (1939), qui relatait les péripéties de Jesse James. Aussi, retrouve-t-on Henry Fonda malgré son aversion pour le réalisateur allemand en frère vengeur de celui qui a lâchement été abattu dans le dos par Bob Ford - magistralement incarné par un John Carradine majestueux dans sa honte.
Présentation du film par Patrick Brion
Le retour de Frank James par Patrick Brion par sidonis
L'intrigue en elle-même est assez simple. Franck James vit dans la clandestinité. Son frère est assassiné, son meurtrier arrêté, jugé, gracié, remercié. C'est beaucoup plus qu'il n'en faut pour reprendre de l'éperon. Épaulé malencontreusement par le jeune Clem (Jackie Cooper), il va se retrouver accusé du meurtre d'un gardien de banque. Après une tentative pour faire croire à sa mort dans une rixe du côté d'un ranch mexicain - mort articulé par la ravissante Gene Tierney, qui tient-là son premier grand rôle, dans le journal local -, il va être obligé de se rendre afin d'éviter un procès et sûrement la pendaison d'un de ses compagnons d'échappée. Et c'est le moment choisi par Fritz Lang de monter un procès où les dialogues et les situations sont purement et simplement géniaux. Entre une cour et des jurés tous anciens sudistes et un procureur yankee, l'affrontement tourne à la farce. Franck James acquitté, mais le destin le rattrape aux portes du tribunal dans un final digne des westerns à la vengeance aussi implacable que noire.
Présentation du film par Bertrand Tavernier
"Le retour de Frank James" par Bertrand Tavernier par sidonis
Fritz Lang s'appuie sur la vengeance, qui est un des thèmes les plus visités du western. Il y ajoute une dose d'humour tout en abordant les tensions entre le Sud et le gouvernement que d'aucuns continuent à traiter de yankee (l'impitoyable et inénarrable Henry Hull en Major Rufus Cobb), mais il prend aussi le parti de traiter du féminisme en épousant la cause de la ravissante Gene Tierney, qui entend bien devenir journaliste malgré l'opposition de son père. Il n'évite cependant pas l'écueil du gentil noir de service - la prestation de Ernest Whitman, "Pinky" Washington, est par certains aspects pathétique et somme toute indigne d'un réalisateur ayant fui le nazisme. Passé ce léger malaise peut-être accentué par l'époque dans laquelle nous vivons, il demeure un film de belle facture, très rythmé et aux prestations classes.
Le Retour de Franck James : 92 min. réalisé par Fritz Lang avec Henry Fonda, Gene Tierney, John Carradine, Jackie Cooper, Henry Hull...
Bonus.Présentation de Patrick Brion. Présentation de Bertrand Tavernier.
Citation
- Dites-moi, est-ce qu'il est plus important pour vous de venger la mort d'un homme que de sauver la vie d'un innocent ?... Franck, il faut que vous y alliez maintenant. Tuer est une chose, mais laisser mourir un innocent...