Contenu
Poche
Réédition
Traduit du par Pierre Alien
Paris : Rivages, novembre 1995
224 p. ; 17 x 11 cm
ISBN 978-2-86930-988-0
Coll. "Noir", 230
Actualités
- 10/12 Librairie: Jean Narboni signe Samuel Fuller à L'Acacia (75)
Il y a vingt ans disparaissait Samuel Fuller. &Eaute;crivain, réalisateur indépendant en marge (parfois) des grandes industries, l'homme était l'Histoire à lui tout seul du XXe siècle qu'il a traversé de façon active. Les éditions Allia avaient en leur temps publié sur étonnante autobiographie, Un troisième visage, les éditions Rivages s'étaient intéressé à deux de ses romans policiers. Récemment, Bach Films, Wilde Side et Sidonis ont republié de ses films (horrifique pour l'un, guerre et noirs pour les autres). Du 3 janvier au 15 février 2018, la Cinémathèque française lui consacrera une rétrospective. Pour l'heure, les éditions Capricci font paraître Samuel Fuller, un homme à fables, une biographie de Jean Narboni. De quelles fables parlons-nous ? Pour le savoir, rendez-vous ce jeudi 14 décembre 2017 à partir de 19 heures à la librairie L'Acacia (33/35 boulevard du Temple - 75003 Paris) afin d'avoir des éléments de réponse de la bouche même de l'écrivain biographe, et qui profitera de l'occasion pour dédicacer son dernier ouvrage.
Samuel Fuller, un homme à fables, de Jean Narboni (Capricci - 160 p. ; 18,00 €.)
Liens : Un troisième visage |L'Inexorable enquête |Baïonnette au canon |Underworld USA |Samuel Fuller
Rythme & sang
En 1984, Samuel Fuller écrit La Grande mêlée (Quint's World semble être le titre original de ce roman même si les éditions Rivages font référence à Battle Royal), qui relate la traversée de l'Europe par un couple pourchassé par des tueurs à la recherche d'une bande magnétique qui n'est pourtant pas en leur possession.
À l'origine, il y a une rencontre au sommet entre les principaux dirigeants de l'Europe et un général arabe qui projette de tuer son président et d'unifier le Moyen-Orient. Seulement voilà, la rencontre est enregistrée. L'homme qui détient le premier la bande est tué. Une femme est aperçue fuyant les lieux. Il s'agit de la très belle Française Sappho. Quint, qui l'a aimée avant de la jeter dans les bras de Bryce, son supérieur, a tenté de se tuer en se tranchant la gorge. Il s'est retrouvé enfermé dans un asile avant de retrouver une liberté conditionnelle. C'est lui que l'on paye pour retrouver cette bande. Mais, toujours amoureux et flairant une entourloupe, il décide d'unir ses efforts à ceux de Sappho pour trouver le véritable possesseur de cette fameuse bande. Dans sa tête, il n'y a aucun doute : l'embrouille est bel et bien française. Bryce et son acolyte Zozo.
Remonter la piste consiste alors à faire le même trajet que Samuel Fuller quand il était dans l'infanterie, pendant la Seconde Guerre mondiale, et qu'il appartenait à la fameuse Big Red One, hormis le fait que tout se finira en Italie (alors que pendant la guerre, son périple européen débute par la Sicile). Le road movie sanglant débute lui en Écosse avant de se prolonger en Angleterre. Le premier des quatre travaux de Quint consistera à éliminer le tueur anglais avant de débarquer à Omaha et de remonter vers l'Allemagne avant d'échouer en Italie pour piéger Zozo et Bryce. Sur sa route, un français danseur étoile à l'opéra adepte d'arts martiaux, puis le fils d'un haut dignitaire nazi, et enfin un adorateur de la madone.
Bien évidemment, ces tueurs qui n'ont jamais connu l'échec le connaitront, mais le tour de force de Samuel Fuller à travers une intrigue linéaire ultra-basique est d'y mêler l'expression des sentiments amoureux de Sappho et Quint. Sappho n'aura de cesse de faire avouer à Quint qu'il l'aimait et que c'est pour cela qu'il s'est un jour tranché la gorge. Et aussi de rappeler à son lecteur qu'il a été pendant une grande partie de sa carrière scénariste et réalisateur, et qu'il manie à la perfection les dialogues, les scènes où il dépeint trois acteurs et pas plus (en s'attardant à chaque fois sur le tueur du moment avec une certaine délectation ; tous ont une case en moins et font très froid dans le dos), et l'art de la chute. Cette dernière justement dans ce roman est terrible, froide, implacable et somme toute logique !
Citation
La vie, il le savait, n'était qu'un bond momentané au-dessus de la mort. Ce soir, sa trajectoire lui ferait goûter au véritable opium du peuple, l'éjaculation.