Contenu
Grand format
Tout public
Shérif, fais-moi peur !
Un an plus tôt, Burt Reynolds a cartonné au box-office : Délivrance et Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander, pas mal... L'année suivante, après John Boorman et Woody Allen, retour à la normale et au B-movie. Ce Bootleggers est de cette veine. Du polar costaud, belle mécanique huilée qui vous colle au siège avec une intrigue sans prétention : un dénommé Gator ("Croco" dans la version française), condamné pour trafic et fabrication de whisky, est sorti de prison par les Fédéraux pour enquêter sur la mort de son jeune frère. Le shérif de Bogan (Ned Beatty excellent en gros shérif qui ne ressemble à rien mais que rien n'effraie) est soupçonné car tout le monde sait qu'il touche des pots-de-vin sur le trafic des bootleggers, et il a tout intérêt à ce que ça continue. Mais les étudiants, c'est pas son truc... D'ailleurs, personne ne les aime dans l'Arkansas. Bogan, c'est l'Amérique sudiste, profonde et conservatrice, celle des rednecks à chemise écossaise à bouton pression, des courses de bagnole sur la poussière rouge, de la NRA, des bébés prénommés "Jimmy Lee". On n'aime ni les communistes, ni les noirs, ni les étudiants qui, c'est bien connu, sont tous des "déserteurs fumeurs de haschisch".
Dans ce pays de trous du cul, Burt Reynolds a fort à faire. D'ailleurs, il transpire tout le temps à grosses gouttes. Mais au volant, il assure comme une bête et les poursuites sont spectaculaires. En voyant la dernière, on se dit d'ailleurs que Quentin Tarantino a dû rererevisionner ce film avant d'attaquer son Boulevard de la mort. La violence est réaliste, sauvage, à fleur d'écran. Mais ce qu'on n'oubliera pas de sitôt, c'est la "tranquille" exécution de la séquence d'ouverture. Musique blues, décor de bayou, pirogue, paysage de carte postale mais effet glaçant !
Les Bootleggers : 101 min. réalisé par Joseph Sargent avec Reynolds, Jennifer Billingsley, Ned Beatty, Bo Hopkins, Matt Clark...
Citation
Si tu veux coincer le shérif, faudra que tu le descendes…