Contenu
Grand format
Réédition
Tout public
Paris : Bach Films, février 2012
19 x 14 cm
Coll. "Films noirs"
Braquage (presque) parfait
Le 4e homme, film noir réalisé en 1952 par Phil Karlson, peut, par bien des aspects, être considéré comme l'ancêtre de Reservoir Dogs, de Quentin Tarantino. Un homme, appelons-le Tim Foster (Preston Foster dans le civil cinématographique) recrute trois gangsters acculés sous l'anonymat d'un masque pour leur proposer d'attaquer un camion blindé. L'opération, dûment chronométrée, bénéficie en outre d'un leurre de première : Joe Rolfe (le très charismatique John Payne), ancien détenu, fleuriste de son nouvel état, se gare à chaque fois derrière le fourgon blindé quand celui-ci va récupérer des fonds. Le casse se réalise sans accroc. Aucun des trois gangsters ne connait l'identité de ses complices car tous portent un masque. Chacun repart sans un billet mais avec une carte de jeu déchirée, un roi... Joe Rolfe, arrêté, passé à tabac, licencié, blanchi et remis en liberté n'a qu'une seule idée en tête : retrouver les coupables pour se faire justice (évidemment à sa manière). Avec ses connexions dans la pègre, il ne tarde pas à remonter jusqu'à Pete Harris (Jack Elam en joueur de dés au regard brillant et fiévreux) à Tijuana. Pete Harris démasqué par la police locale et abattu, Joe Rolfe endosse son identité et se rend à Boredos où l'attendent les trois autres...
Pourquoi avoir parlé de Reservoir Dogs au début de cet article ? Eh bien car comme dans le film de Tarantino, une taupe est dans l'équipe. D'ailleurs, ce n'est pas révéler grand-chose que de dévoiler son identité : il s'agit du planificateur du casse, Tim Foster. Flic contraint à la démission, il a cherché un moyen de réintégrer les forces de l'ordre. Fomenter un braquage, monter les gangsters les uns contre les autres jusqu'à ce qu'il s'éliminent entre eux, lui se chargeant de donner le coup de grâce au survivant, et d'être le héros blanchi réintégré dans la police. C'est sans compter deux éléments : Joe Rolfe, qui ne voulait pas que l'on perturbe sa petite vie de réinsertion, et surtout sa fille, Helen (la brillantissime Coleen Gray), qui, bien entendu tombe amoureuse de Joe Rolfe. Les sentiments contradictoires du père pour sa fille et sa carrière, auront-ils raison de la morale ? C'est toute la question dans un film noir maîtrisé de bout en bout où le jeune Lee Van Clef laisse percer la brute sous son écorce nauséabonde, et où Phil Karlson n'a pas son pareil pour réaliser des gros plans de toute beauté sur des visages ravagés par la haine, la cupidité et la peur. Le scénario pêche un peu : rien de plus normal car c'est sur un bateau de pêche que le drame se dénouera... Mais l'ensemble est d'une belle teneur par l'usage contrasté du noir et blanc, et l'intensité dramatique que nous offrent les protagonistes de ce duel psychologique sans merci.
Le 4e homme : 99 min. réalisé par Phil Karlson sur un scénario de George Bruce et Harry Essex d'après une histoire d'Harold Greene et Rowland Brown avec John Payne, Coleen Gray, Preston Foster, Jack Elam, Lee Van Cleef, Neville Brand...
Bonus. Épisode pilote de The Fighting Devil Dogs.
Citation
C'était le plan : on a travaillé avec des masques. Il nous connaissait, mais nous ne le connaissions pas, et comme ça personne ne pouvait moucharder.