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La main : lignes ou empreintes ?
La Fièvre des corps célestes, de Carmen Duca, est sous-titré "Un petit air de Didier Van Cauwelaert", et l'on comprend aisément pourquoi. Son auteur, comme son illustre devancier, utilise une structure proche de celle du roman policier pour donner du rythme à son intrigue et n'hésite pas à mélanger recherches rationnelles (trouver des indices, analyser l'eau contenue dans les poumons pour savoir si le noyé est bien tombé à l'eau au même endroit, filatures...) et grandes avancées métaphysiques touchant au surnaturel (le coupable doit être né un 29 février car le signe astrologique l'y prédisposait, un suspect doit éviter de prendre l'avion sinon il mourra et effectivement il sera tué par un avion).
En ce qui concerne l'intrigue en elle-même du roman, nous sommes face à une agence de détectives basique, composée principalement d'un associé (l'autre est absent du début à la fin) et d'une secrétaire, Amalai Bostan. C'est cette Amalia qui entend devenir détective et veut résoudre les affaires pour obtenir le poste auprès de son patron. À ce titre, Carmen Duca espère même qu'elle deviendra une héroïne récurrente car elle parsème le texte de nombreux indices sur son passé mystérieux comme pour appeler des suites.
Tout commence donc de manière éminemment classique : une femme vient demander l'aide des détectives pour retrouver l'assassin de sa sœur car l'enquête menée par la police piètine. Amalia en suivant le suspect découvrira une autre affaire...
L'intrigue policière n'est qu'un prétexte (à un moment par exemple, Amalia sera agressée et assommée, et l'on n'en saura pas plus car le but est surtout de décrire la scène de l'évanouissement et le dur retour au réel de l'héroïne) pour offrir des chapitres singuliers, une description de personnages atypiques, de glisser en quelques lignes de manière assez allusive et primesautière sur une histoire de pédophilie, et de se livrer à des conversations autour de l'influence des astres sur les gens. C'est la structure policière qui empêche le texte de correspondre totalement à la marque de fabrique de l'éditeur (étrange choix d'appeler sa maison, Galimatias, sauf si l'on se sent célinien en diable)...
En tout cas ce roman risque de décontenancer les lecteurs habitués à un peu de suspense ou à une enquête classique, mais pourrait intéresser les gens qui ne lisent pas de textes policiers, sauf lorsqu'il s'agit de littérature blanche appelant à la rescousse une intrigue servant de colonne vertébrale à un roman plus stylistique et dans la grande tradition du roman à la française.
Citation
Il l'avait secouée, puis il l'avait giflée, des claques qui auraient ranimé un éléphant. Comme elle ne réagissait plus, un doute glacial s'était insinué dans son esprit...