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Poche
Inédit
Tout public
Traduit de l'espagnol (Argentine) par Olivier Hamilton
Paris : Rivages, mars 2012
240 p. ; 17 x 11 cm
ISBN 978-2-7436-2323-4
Coll. "Noir", 860
Actualités
- 10/07 Prix littéraire: Sélections GPLP 2012
Les Grands prix de la littérature policière en sont à leur 64e édition. Si la délibération finale n'est prévue que pour le mardi 25 septembre, le jury n'en a pas moins arrêté ses listes. Alors... Qui pour succéder à D.O.A. et à Dominique Manotti, tous deux primés dans la catégorie "Romans français" pour L'Honorable société (Gallimard, "Série noire"), et à Yishaï Sarid dans la catégorie "Romans étrangers" pour Le Poète de Gaza (Actes sud, "Actes noirs") ? Les lauréats sont à débusquer parmi les huit auteurs français et les seize étrangers de ces sélections de juin. Ce que l'on peut d'ores et déjà dire, c'est que s'agissant des auteurs français, il y a une disparité évidente des éditeurs puisque les huit ouvrages sélectionnés sont issus de huit maisons différentes. Les éditions Rivages tirent leur épingle de ces sélections puisque dans la catégorie "Romans étrangers", elles placent cinq de leurs romans. Une mention spéciale à Moisson rouge-Alvik. Peu de parutions cette année, mais une présence dans les deux sélections. Cela méritait d'être souligné. Il sera sans doute aucun possible fort difficile d'élire le lauréat de la catégorie "Romans étrangers". Storyteller a été fort remarqué mais non encore primé tout au long de cette année. L'ouvrage de Donald Ray Pollock a beaucoup fait parler de lui. Certains des éditions Rivages seront assurément bien placés. "Actes noirs" avec trois titres n'a pas dit son dernier mot. Les autres maisons non plus. Il ne nous reste plus qu'à attendre !
Sélection "Romans français" :
- Le Jour du fléau, de Karim Madani (Gallimard, "Série noire") ;
- Je tue les enfants français dans les jardins, de Marie Neuser (L'Écailler) ;
- Samedi 14, de Jean-Bernard Pouy (La Branche, "Vendredi 13") ;
- Des chiffres et des litres, de Rachid Santaki (Moisson rouge-Alvik) ;
- Un avion sans elle, de Michel Bussi (Presses de la Cité, "Romans Terres de France")
- Une guerre de génies, de héros et de lâches, de Barouk Salamé (Rivages, "Thriller") ;
- Les Hamacs de carton, de Colin Niel (Le Rouergue, "Rouergue noir") ;
- Arab jazz, de Karim Miské (Viviane Hamy, "Chemins nocturnes").
Sélection "Romans étrangers" :
- La Tristesse du Samouraï, de Victor del Árbol (Actes sud, "Actes noirs") ;
- Gangrène, de Julia Latynina (Actes sud, "Actes noirs") ;
- Je reste roi d'Espagne, de Carlos Salem (Actes sud, "Actes noirs") ;
- Le Diable, tout le temps, de Donald Ray Pollock (Albin Michel, "Terres d'Amérique") ;
- Storyteller, de James Siegel (Le Cherche midi) ;
- Le Champ du potier, d'Andrea Camilleri (Fleuve noir, "Thriller") ;
- La Mauvaise femme, de Marc Pastor (Jacqueline Chambon, "Roman policier") ;
- Triple crossing, de Sebastian Rotella (Liana Levi, "Policier") ;
- De loin on dirait des mouches, de Kike Ferrari (Moisson rouge-Alvik, "Semana negra") ;
- Question d'éthique, de Bill James (Rivages, "Noir") ;
- Un voyou argentin, d'Ernesto Mallo (Rivages, "Noir") ;
- Les Fantômes de Belfast, de Stuart Neville (Rivages, "Thriller") ;
- Vérité, de Peter Temple (Rivages, "Thriller") ;
- Le Prix de mon père, de Willy Uribe (Rivages, "Noir") ;
- Au lieu-dit Noir-Étang, de Thomas H. Cook (Le Seuil, "Policiers") ;
- Gel nocturne, de Knut Faldbakken (Le Seuil, "Policiers").
Liens : L'Honorable société |Le Poète de Gaza |Le Jour du fléau |Je tue les enfants français dans les jardins |Un avion sans elle |Une guerre de génies, de héros et de lâches |Les Hamacs de carton |Arab jazz |La Tristesse du Samouraï |Gangrène |Je reste roi d'Espagne |Le Diable, tout le temps |Storyteller |Le Champ du potier |La Mauvaise femme |Les Fantômes de Belfast |Vérité |Le Prix de mon père |Au lieu-dit Noir-Étang... |Gel nocturne |Triple Crossing | D.O.A. |Dominique Manotti |Karim Madani |Marie Neuser |Jean-Bernard Pouy |Michel Bussi |Colin Niel |Karim Miské |Carlos Salem |Donald Ray Pollock |Marc Pastor |Bill James |Ernesto Mallo |Stuart Neville |Peter Temple |Willy Uribe |Thomas H. Cook |Knut Faldbakken |Rachid Santaki
Mélancolie et violence argentines
On avait quitté en 2009 le policier Perro Lascano baignant dans une mare de sang dans une rue de Buenos Aires à la fin de L'Aiguille dans une botte de foin, premier roman très sombre de l'Argentin Ernesto Mallo. C'est donc une grande surprise de le voir ressusciter plus de deux ans après tel Lazare. Mais Lazare fait bien les choses, et la tonalité de ce nouveau roman qu'est Un voyou argentin est bien plus mélancolique que noire. Comme si Ernesto Mallo avait ressenti le besoin après L'Aiguille dans une botte de foin de relâcher quelque peu la pression anxiogène qu'il nous avait, certes avec talent, infligé.
Il reprend le même mode narratif. Des dialogues en italique qui se suivent et peuvent perturber la lecture. Mais le rythme est là, à la fois incisif et onirique. Buenos Aires, ville de passion, tente de se sortir des griffes des militaires qui avaient jusque-là maîtrisé tous les rackets possibles et imaginables. C'est sans compter sur les différents services de police qui entendent bien se nourrir sur la peau du mort. Et comme pour illustrer tout ça, le moribond c'est Perro Lascano, qui pourtant n'a qu'une idée en tête : retrouver Eva, réincarnation de son amour perdu, et qui l'a abandonné à la fin de L'Aiguille dans la botte de foin. Seulement voilà : il faut bien se faire des amis. Et il devient détective privé chargé de retrouver "Topo" Miranda qui, tout juste sorti de prison, a commis un braquage sanglant, et récupéré un petit pactole non crédité par la banque. L'argent sale, quand il est remis par des mains propres est toujours moins sale.
Comme dans sa première aventure, il y a ici et là quelques corps identifiés dont le coupable affiché est innocent. Il y a surtout cette mélodie aigre-douce tirée d'une démocratie plus que balbutiante asphyxiée par son histoire dictatoriale. Ernesto Mallo ne se prive pas d'images ironiques et caustiques, de propos virulents - on sait comment l'auteur tient en odeur de sainteté l'Église -, de créer des situations absurdes afin de montrer la corruption qui gangrène son pays. Au milieu de tout ça, il égrène quelques petites touches humaines, il peint les relations troubles et conflictuelles entre ses personnages. Le roman fait à peine 240 pages, et se lit d'une traite. C'est à la fois simple et complexe comme un roman noir. Efficace, accroché et accrocheur. En un mot : fort.
On en parle : La Tête en noir n°156
Nominations :
Grand prix de la littérature policière - roman étranger 2012
Citation
J'ai senti tout à coup comme une puanteur. L'odeur de la merde des traîtres. Vous autres, vous ne devez pas vous en rendre compte parce que vous avez l'habitude, mais pour moi c'est insupportable.