Franco est mort jeudi

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Roman - Noir

Franco est mort jeudi

Historique - Drogue - Faits divers MAJ lundi 26 mars 2012

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 18 €

Maurice Gouiran
Paris : Jigal, septembre 2010
322 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-914704-72-4
Coll. "Polar"

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    Une semaine également placée sous le signe de la réédition avec deux ouvrages que réapparaissent en grand format. Aux Presses de la Cité d'abord pour Charles MacLean et son De peur que les ténèbres ne tombent, un thriller écrit dans les années 1980, et qui lui assura un statut d'auteur phénomène. Plus de trente années après un premier passage chez le même éditeur, le livre n'a pas pris une ride. Il sera prochainement chroniqué en nos pages. L'auteur a même été rencontré dernièrement, et une interview en a découlé. Et puis last but not least, La Manufacture des livres a récupéré un roman initiallement paru au Fleuve noir, Kill kill faster faster, de Joel Rose. La traduction de ce texte très écrit a été entièrement revue. Là aussi, une chronique sera bientôt présente sur k-libre.
    Pour les autres parutions, comme maintenant vous en avez l'habitude, faites votre choix !

    Grand format :
    Coup de pub, de Pieter Aspe (Albin Michel)
    Mortelle vengeance, de Fabrice de Caupenne (Les Nouveaux auteurs)
    L'Ouest barbare, de Jean-François Coatmeur (Albin Michel, "Spécial suspense")
    Les Larmes d'Aral, de Jérôme Delafosse (Robert Laffont, "Best-Sellers")
    7 morts sans ordonnance, de Thierry Dufrenne (Ex æquo, "Rouge")
    Petits meurtres chez ces gens-là, de Dulle Griet (Presses de la Cité, "Domaine français")
    Un privé en montagne, de Dominique Edler (Pythagore)
    Secrets enfouis, de Josaph Finder (Albin Michel, "Thriller")
    Les Violents de l'automne, de Philippe Georget (Jigal, "Polar")
    Le Couvent des ombres, de Lisa Jackson (Mosaïc)
    La Mort s'invite à Pemberley, de Phyllis Dorothy James (Fayard, "Policiers")
    Mort-en-direct.com, de John Kazenbach (Presses de la Cité)
    La Vallée des secrets. 1, Le Jeu, de Krystyna Kuhn (City, "Young adults")
    Réseau d'État, de Hugues Leforestier (Jigal, "Polar")
    Les Spellman contre-attaquent, de Lisa Lutz (Albin Michel)
    De peur que les ténèbres ne tombent, de Charles MacLean (Presses de la Cité, "Sang d'encre")
    Cruising with death, de Kathy O'Connor (Ex æquo, "Rouge")
    La Piste du tigre, de James Patterson (Jean-Claude Lattès, "Suspense et Cie")
    Eddy Proy : la véritable histoire, de Roger Perron (EDK, "Pluriel de la psyché")
    Kill kill faster faster, de Joel Rose (La Manufacture de livres)
    Nuit monstre, de James Swain (City, "Thriller")
    La Mécanique des geishas, de Fabrice Vanneste (EDD Strapontins)
    Parjures, de Gilles Vincent (Jigal, "Polar")

    Poche :
    Dans l'ombre de la ville, de James Conan (LGF, "Policier")
    Les Bras de la nuit, de Frédéric Dard (Pocket, "Thriller")
    Culbute dans le calbute : roman précieux, de Patrice Dard (Fayard, "Littérature française")
    San-Antonio s'envoie en l'air : roman de haut vol, de Patrice Dard (Fayard, "Littérature française")
    La Vengeance du Mysterium, de Paul Charles Doherty (10-18, "Grands détectives")
    Sorry, de Zoran Drvenkar (LGF, "Thriller")
    Franco est mort jeudi, de Maurice Gouiran (Jigal, "Poche polar")
    Les Cadavres n'ont pas froid aux yeux, d'Andrea H. Japp (Marabout, "Fiction")
    Naufrages en eaux troubles : baie de Saint-Brieux, d'Alain Lozac'h (Astoure, "Breizh noir")
    658, de John Verdon (LGF, "Thriller")
    Un ange passe à Memphis, de Marc Villard (Rivages, "Noir")
    Meurtre sur papier glacé, de Kate White (Marabout, "Fiction")

    Grands caractères :
    Freaky fridays, de Brigitte Aubert (La Loupe, "Policier")
    Liens : Coup de pub |Sorry |Réseau d'État |Petits meurtres chez ces gens-là |La Mort s'invite à Pemberley |Pieter Aspe |Brigitte Aubert |Jean-François Coatmeur |Patrice Dard |Frédéric Dard |Paul Doherty |Zoran Drvenkar |Philippe Georget |Maurice Gouiran |Andrea H. Japp |Hugues Leforestier |James Patterson |Marc Villard |Gilles Vincent |Phyllis Dorothy James |James Swain

Marseille-Madrid-Marseille

Maurice Gouiran brasse de nombreux sujets dans Franco est mort jeudi, de la guerre d'Espagne aux problèmes économiques qui minent la cité phocéenne en passant par les très nombreux errements sentimentaux de son héros récurrent, Clovis. C'est ainsi qu'il nous convie à une intrigue qui nous plonge dans les méandres madrilènes, les non-dits d'une guerre civile et de la dictature qui s'ensuivit, et la mélancolie franquiste.

Tout débute naturellement à Marseille, ville de passion, ce qui n'est guère un secret. La langue est là, avec un phrasé qui hésite cependant à trouver certaines délimitations car, dans ce roman, la narration ne fait pas vraiment la distinction avec les dialogues ou les pensées des personnages. Il y a Manu qui vit de petits boulots au noir, et qui ne sont pas vraiment légaux. Il y a Patrice, son fils, surtout qui s'est mis en tête d'être à son compte au détriment d'une petite frappe locale, qui s'est empressée de lui demander avec insistance trente mille euros. C'est le déclencheur des ennuis, tout juste pondéré par l'apparition d'une lettre d'une cousine espagnole et inconnue de la famille. Cette histoire s'appuie sur trois générations, même si elle n'habitent pas sous un même toit. Élisa, mère de Manu, aujourd'hui décédée, avait fui à la fin de la guerre d'Espagne son pays natal pour les bords de la Méditerranée. Mais elle avait opté pour le silence qui va être brisé avec cette lettre.

C'est justement dans le récit de cette guerre d'Espagne que Maurice Gouiran nous offre quelques fulgurances romanesques et épiques. Il y a des conflits de pensée, des dissensions et déchirements familiaux, des biens que les franquistes s'approprient, des enfants enlevés à leurs parents, des familles déracinées quand elles ne sont pas emprisonnées voire exterminées, des histoires russes de l'époque de Staline avec le camp de Karaganda (sans compter des histoires russes contemporaines avec la mafia qui s'insinue un peu partout, mais là, on s'écarte de la période historique). Il nous invite à découvrir les conséquences actuelles dans le pays du poète fusillé Federico Garcia Lorca avec des nostalgiques en masse du Caudillo (le terme même de Caudillo est absent du roman alors que son nom intégral comme pour montrer l'emphase et l'ironie de la situation l'est à plusieurs reprises : Francisco Paulino Hermenegildo Teódulo Franco y Bahamonde), mais aussi en France, à Marseille, évidemment, avec les descendants de la retirada, ces Républicains espagnols qui ont franchi en 1939 les Pyrénées pour s'installer sur les bords de la Méditerranée.

Les petites histoires marseillaises n'apparaissent alors que comme une excuse en filigrane pour envoyer Clovis en terre madrilène. Il faut accepter ses élans sensuels et ses élancements sexuels. Les diverses enquêtes semblent au regard de toute l'Histoire déroulée bien minimalistes avec une conclusion bienveillante, mais entretemps Maurice Gouiran nous aura donné envie de visiter Madrid, de lire des poèmes de ces hommes meurtris, d'aller voir Guernica, ce tableau-témoin de Picasso des massacres hitlériens dans le village basque... Bref : de voyager et de nous cultiver, ce qui est une des vocations des romans !

Nominations :
Prix Polar Michel Lebrun 2011

Citation

Il ne termina pas sa phrase. Une des vertus du Glock est généralement de rendre muets les jacasseurs sur lesquels on les pointe.

Rédacteur: Julien Védrenne jeudi 21 mars 2013
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