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Grand format
Réédition
Tout public
Traduit de l'anglais par Paul Gagné
Paris : Le Félin, novembre 1996
424 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-86645-246-1
Holmes sur le divan de Freud
Nicolas Meyer avait imaginé un récit (La Solution à sept pour cent), dans lequel Freud et Holmes se rencontraient. Ici, le roman annonce qu'il s'agit d'une rencontre qui a réellement eu lieu.
Freud et Holmes enquêtent sur la même personne, Emily. Cette dernière avoue le meurtre de son tuteur, meurtre qu'elle tente de cacher à l'un et à l'autre. Été 1904. Vienne. Emily entreprend une cure avec le professeur Freud, pour se libérer du poids de sa culpabilité. Dessein facilité par Freud, qui ne croit pas qu'elle ait subi les agressions sexuelles de son tuteur, enfant, et qu'en conséquence elle ait pu vouloir s'en venger. Pour lui, tout cela relève d'un fantasme que sa science peut décrypter. Holmes, lui, est envoyé enquêter sur la mort de ce tuteur, chargé d'une mission secrète pour le compte de Sa Majesté. L'affaire signe ainsi son passage de détective privé à agent secret.
Très vite, fort des indices qu'il rassemble, Holmes soupçonne Emily. À Vienne, les symptômes de cette culpabilité se multiplient : Mr S., son tuteur, semble l'avoir poursuivie de ses ardeurs coupables. Watson, bien sûr, entreprend de rédiger le compte rendu de l'affaire. Le voici frappé par la similitude des démarches analytiques de Freud et Holmes. Dès lors, il n'a qu'une envie : les confronter l'un à l'autre. D'autant qu'il s'est mis en tête de guérir Holmes de sa mélancolie légendaire, par les moyens de la cure freudienne. Mais la rencontre sera sans intérêt. Holmes éprouve une sorte de répulsion pour le personnage, non sans se montrer bousculé par les affirmations de celui-ci : Freud diagnostique en lui un très fort besoin d'être admiré, plongeant ses racines dans le désir de gagner un respect que son père lui aurait refusé alors qu'il était enfant. Banal. Avouons-le : cette rencontre est traitée en quelques lignes et ne sort pas des platitudes que la psychanalyse nous assène parfois.
L'ouvrage, pourtant écrit par une psychologue, s'avère incapable de nous montrer en quoi les démarches s'apparentent, sinon d'une manière superficielle. Si bien qu'il ne mériterait aucun commentaire, n'était la connaissance qui s'y déploie de l'écriture holmésienne et qui le mue, au final, en un pastiche très convaincant. Entre parenthèses, l'ironie veut que dans ce roman seul Holmes résolve correctement l'enquête, Freud s'étant fourvoyé, aveuglé par ses propres théories.
L'auteur est psy, à Toronto. L'Affaire viennoise, son premier roman, lui a valu le prix du Commonwealth, l'un des plus importants prix littéraires britanniques. Rassurant : la littérature sort victorieuse de cette confrontation.
Citation
J'ignorais être vile au point de pouvoir recourir au meurtre.