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Grand format
Inédit
Tout public
Bertrand Tavernier (présentation)
Patrick Brion (présentation)
Paris : Sidonis, mars 2012
19 x 14 cm
Coll. "Western de légende"
Maudit or noir
Dès le début de Joe Dakota, on plonge dans le western messianique par excellence. Et si le brillant Jock Mahoney arrive au trot soleil dans le dos dans une ville déserte aux quatre vents, sa rencontre à un coin de rue avec l'époustouflante Luana Patten nous assure que nous sommes aussi dans un western dramatique à la douce romance.
Les habitants du bourg sont tous auprès d'un derrick baignant dans une mare de pétrole. La fièvre de l'or s'est muée en fièvre de l'or noir. Un vieil Indien en a fait les frais accusé d'avoir tenté de violer Luana Patten, il a été pendu. Or le derrick se trouve sur son ancienne propriété.
L'intrigue, inspirée de celle d'Un homme est passé, de John Sturges est un classique du western. À peu d'éléments près, c'est aussi celle de Pale Rider avec Clint Eastwood. Sauf que dans ce cas-là, la vengeance qui va être accomplie dans les règles de l'art n'est qu'un ultime ressort. Jock Mahoney pressent le drame mais se doit de s'assurer que l'Indien est bien mort. La vérité viendra de Luana Patten, seule à se rebeller contre ses semblables avides de pouvoir et d'argent. Cette mare de pétrole qui attire tant de convoitise sera également au début et à la fin du film le théâtre de deux bains aux dimensions différentes. Car Joe Dakota débute légèrement. On se prend de sympathie pour ce cow-boy à la chemise raide et bien repassée - tout juste si on y repère quelques auréoles de sueur -, au sortir d'une longue chevauchée, qui fourre son nez partout de manière insolite et qui se retrouve très vite dans des positions incongrues, étranger au milieu d'une foule hostile. Il va n'avoir de cesse que de chercher la vérité, de provoquer le réel trouble-fête, de bannir le pécher d'une ville en besoin de plus en plus crucial de repentir avant de s'installer, de se sédentariser, une fois sa mission accomplie et sa loyauté prouvée.
C'est un western excellemment bien réalisé, avec des cadrages et des mises en scène intéressantes (mais Tavernier en bonus l'explique beaucoup mieux). S'y ajoute un Lee Van Cleef brutal et bête à souhaits, donnant et recevant des mandales. Classique de chez classique mais diablement envoûtant avec une fin morale, une musique sifflotée par son héros synonyme de calme et de sûreté. De l'art propre dans un monde noir et crade.
Joe Dakota, 79 min. réalisé par Richard Bartlett avec Jock Mahoney, Luana Patten, Chales McGraw, Barbara Lawrence, Claude Atkins, Lee Van Cliff...
Bonus. Présentation de Bertrand Tavernier. Présentation de Patrick Brion.
Citation
Il a planté une croix sur la tombe de l'Indien. Puis il a traversé la ville avec la corde bien en vue. Comme s'il était notre conscience à tous.