Contenu
Poche
Réédition
Tout public
Traduit du norvégien par Jean-Baptiste Coursaud
Paris : Points, mars 2012
350 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-7578-2813-7
Coll. "Policier", 2804
My little sunshine
"Les jours passaient avec une telle lenteur" ainsi songe la petite Ida Joner à dix jours de son dixième anniversaire. Après avoir joué dans le salon de la maison où elle vit seule avec sa mère divorcée, elle enfourche son vélo jaune, coiffée de son casque, peu après 18 heures pour se rendre à la supérette du coin acheter des friandises avant le dîner. Sa mère, inquiète depuis le jour où elle l'a mise au monde, ne la voyant pas rentrée, commence à élaborer les pires scenarii plus les minutes s'écoulent. Elle appelle la gérante de la supérette, les parents des amis de sa fille, sa sœur, sans résultat. Finalement accompagnée de cette dernière, elle parcourt en voiture le court trajet jusqu'à la boutique de bonbons sans trouver trace aucune d'Ida. Sur leur chemin, elles croisent Emil, l'original du village, celui qui ne dit plus un mot, que tout le monde croit autiste, tirant son inénarrable charrette faite de bric et de broc. Mais bien sûr, muré dans son mutisme, il ne leur répondra pas, ne leur apprendra rien. Déconfites, elles rentrent chez Helga signaler la disparition d'Ida. Les inspecteurs Konrad Sejer et Jakob Skarre, chargés des préliminaires de l'enquête, sonnent à la porte de la mère effondrée pour recueillir les premiers témoignages et surtout prendre le pouls.
Aucun élément ne permet de s'orienter subitement sur une tentative d'enlèvement et ils cherchent avant tout à connaître son cadre de vie, ses habitudes. Ils visitent la chambre de la fillette et découvrent sa passion pour les animaux, sa correspondance avec une autre fillette. Dans ce genre d'affaire, les premières heures sont cruciales. Toutes les informations amoncelées serviront ensuite à les aiguiller sur d'éventuelles pistes. Mais les jours passent et ni la petite Ida, ni son vélo jaune ne réapparaissent, comme évaporés dans la nature, laissant la police perplexe. Une semaine après, Helga, la mère, choquée par ce qu'elle vient d'apercevoir, part à la poursuite d'une fillette sur le parking d'un supermarché car elle a reconnu le vélo jaune de sa fille. Elle appelle en renfort les inspecteurs qui auront raison des mensonges de la petite fille. Le vélo a été retrouvé dans un fossé mais l'inspection des lieux ne recèle aucun indice supplémentaire permettant de découvrir Ida. Le corps de celle-ci réapparait quelques jours plus tard et, à la surprise de la police, il ne révèle aucune trace de coups, habillé d'une chemise de nuit neuve et délicatement enveloppé dans un drap comme un linceul.
Une disparition sans revendication, un cadavre sans traces de violence, une mère célibataire effondrée, un cas ordinaire du malheur ordinaire. L'auteur nous abreuve de psychologie malheureuse en détaillant les errements de deux mères de famille, les deux sœurs. Helga, qui a perdu son enfant, désire renoncer à s'alimenter, à se lever même, ravagée par le chagrin. Ruth, qui voit son adolescent obnubilé par sa voiture qu'il a emboutie, s'isoler de plus en plus en compagnie d'un jeune délinquant, s'interroge : "Mais quoi ! pensa-t-elle cette fois. C'est presque un homme. De quel droit je le somme au rapport à chaque fois qu'il quitte la maison ?" Ses deux personnages de flics sont plus intéressants, Skarre qui veut toujours bien faire pour plaire à son chef qu'il admire, et donc Sejer, qui incarne un certain flegme sympathique, calme et posé. Mais peut-on appeler ce polar un polar ? La question est prégnante à la lecture et surtout une fois le livre refermé car tout indique un fait divers, qui ne mériterait pas plus d'un simple entrefilet parcouru en diagonale dans la presse locale.
Citation
S'il suffisait simplement d'alpaguer les suspects et de leur tirer les vers du nez pour qu'ils passent ensuite aux aveux, son métier lui apparaîtrait dépourvu d'intérêt