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La Trilogie berlinoise - 3. Un requiem allemand
Grand format
Réédition
Tout public
Julien Châtelet (lecteur)
Paris : Audiolib, avril 2012
19 x 14 cm
ISBN 978-2-35641-421-2
Allemagne année zéro
Berlin, 1947. La ville en ruine. Les Soviétiques se livrent aux exactions les plus ignobles. La misère le dispute à la faim, la prostitution s'invite dans les familles. On songe ici au superbe Allemagne année zéro de Rossellini, filmé en 1947, à cette étreinte nauséabonde qu'il dépeint, les Alliés croyant devoir broyer le peuple allemand. Une pure vengeance morbide. Et dès le prologue, dès la première phrase, c'est tout le Berlin que l'on a pu connaître encore dans les années 1990 qui s'ouvre à nous, celui des espaces entre les maisons, celui des no man's land, celui encore des Ailes du désir, de l'Ange au-dessus de Berlin de Wim Wenders si magnifiquement incarné par Bruno Ganz. Le Berlin des ruines, des maisons mouchetées d'impacts de mitrailleuses, des immeubles éventrés. Le Berlin du naufrage européen, le Berlin des espions, de la naissance de la CIA, le Berlin du fantôme d'Harlot, de Norman Mailer, toute cette atmosphère éprouvante, pesante, sordide.
Berlin fantomatique, terrible, sublime, où Bernie Gunther, le détective privé que l'on suit depuis le début de la "Trilogie berlinoise", se voit approché par le renseignement soviétique. Ils veulent qu'il sauve de la potence un certain Becker, accusé du meurtre d'un officier américain. Qui est cet homme ? Bernie se rappelle l'avoir connu jadis. Un trafiquant, un espion peut-être... de Berlin à Vienne, la dénazification dupliquant en chaîne les identités, Bernie piste l'homme et tombe de pièges en complots. Sauver sa peau dès lors, une fois encore, toujours, mais cela paraît de plus en plus difficile. Bernie est usé. Mal dans sa peau d'Allemand pétri de culpabilité nationale. Peut-être est-ce justement l'occasion de trouver un chemin de réconciliation avec lui-même ? Mais à tout prendre, la rédemption relève elle aussi de la farce que l'on veut se jouer pour tenir bon, quelques heures encore, devant la fin qui s'annonce.
L'on est ici d'emblée saisi par cette fin, qui s'énonce splendidement dans la lecture qu'en donne Julien Châtelet, moins apaisée que lasse, emplie de renoncement, de défaite, de fatigue. Une lecture traînant volontiers d'un mot l'autre, qui paraît s'observer elle-même, s'écouter, s'interroger sur la validité des mots prononcés, dans ce retour improbable à la normale.
NdR - 1 CD MP3, 9h52 d'écoute.
Citation
À notre époque, si vous êtes allemand, vous êtes au purgatoire bien avant de mourir.