Réseau d'État

À la suite vient le vin d'honneur coutumier. Le Boss a plusieurs fois confié à Gustave qu'il s'agit selon lui des moments les plus importants des campagnes, boire un verre, même si on n'en a aucune envie, pour ne pas paraître bégueule, tenir des discussions animées avec des hommes et des femmes qu'on ne reverra probablement jamais, même si on n'a rien à leur dire, paraître à tout moment intéressé et intelligent, ouvert et souriant, séduire sans être pour autant trop proche, sans pour autant que ça se voie, voilà quelle est la gageure, celle que neuf candidats sur dix ne parviennent pas à surmonter. Les journalistes et les médias n'en ont que pour le fond. Le programme, les idéologies, les idées. Ils oublient que le fond, tout le monde ou presque s'en moque. Ce qui fait le vainqueur, ce qui les départage, c'est uniquement la forme. Le sourire, les bises, les attitudes. La tenue de la fourchette et la façon de trinquer.
Éric Halphen - La Faiblesse du maillon
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

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samedi 17 mai

Contenu

Roman - Espionnage

Réseau d'État

Politique - Géopolitique - Corruption MAJ jeudi 14 juin 2012

Note accordée au livre: 2 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 16 €

Hugues Leforestier
Paris : Jigal, mai 2012
184 p. ; 19 x 12 cm
ISBN 978-2-914704-89-2
Coll. "Polar"

C'était qui, déjà, l'ancien président ?

Paris. Deux hommes à l'heure de la messe et une bombe incendiaire. Une cible en cavale, des hélicos à sa poursuite, en vain. Et puis le conseiller du Président en rendez-vous qu'il aurait aimé galant, sans trop y croire. Champagne tout de même. Une femme forcément belle. Très. Et diplômée. Très. Guère surprise par la vulgarité du Conseiller. Journaliste, elle subodore très vite un mauvais coup de cette République si peu républicaine. Le Conseiller, lui, se fait remonter les bretelles. La cible est à Paris. C'est emmerdant. Il tripote nerveusement sa rolex, plus lourde qu'élégante. À l'approche des élections, le Président voulait une belle affaire de terrorisme. Un vrai caprice. Ça rappelle quelqu'un... La DCRI s'était donc mis en tête de lui fournir la cible idéale. Un vieux gauchiste sur le retour. Mais pas le meilleur choix au final : d'abord parce qu'on ne cesse de la rater cette cible en question, ensuite parce que notre retraité a conservé des liens et sous le coude, quelques dossiers compromettants... La Françafrique, la Commission européenne... Bref, tout ce que les sphères du pouvoir français traînent de casseroles...

Lou enquête. Lou, c'est la journaliste féline. Superbe, évidemment, un casting de rêve pour le cinéma américain. L'Affaire est filée opportunément, la comédie du Pouvoir français remise en selle avec un Président colérique à l'image de celui que tout le monde a oublié déjà. On croise ainsi dans le roman tout le personnel de l'ère politique disparue, et cette France éternelle qui de tous temps a su exporter son savoir-faire de barbouze comme aucun autre État au monde. Réaliste. Feutré d'une intrigue plutôt dominée et d'une écriture somme toute disciplinée.


On en parle : La Tête en noir n°157

Citation

Il ne ressentait rien, sinon la déception de n'avoir pas mieux protégé ses salades.

Rédacteur: Joël Jégouzo lundi 04 juin 2012
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