Dernière nuit à Montréal

Les gens font la fête, s'étonnent, s'amusent. On dirait une foule transparente s'enthousiasmant pour une corrida. Sauf que personne ne se demande qui est le torero et qui va mourir pour le plaisir des autres.
Eugenia Almeida - L'Autobus
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

La Cité sous les cendres
Dix ans ont passé depuis que Danny Ryan et son fils ont dû fuir Providence et la vengeance d'une fami...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

jeudi 21 novembre

Contenu

Roman - Noir

Dernière nuit à Montréal

Sportif - Disparition - Urbain MAJ mercredi 22 août 2012

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 18,5 €

Emily St. John Mandel
Last Night in Montreal - 2009
Traduit de l'anglais (Canada) par Gérard de Chergé
Paris : Rivages, août 2012
234 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-7436-2379-1
Coll. "Thriller"

Actualités

  • 30/09 Librairie: Emily St. John Mandel en Compagnie parisienne
  • 14/06 Prix littéraire: Sélections 2013 des Grands Prix de la littérature policière
  • 15/02 Édition: Parutions de la semaine - 15 février
  • 18/12 Prix littéraire: Sélection Hiver 2013 pour la SNCF
  • 31/08 Édition: Parutions de la semaine - 31 août
    Cette fois, ça y est, nous sommes en plein dedans. Pour ceux qui n'auraient pas compris, je veux parler de la rentrée littéraire. Les parutions sont de plus en plus en nombre, et l'on découvre au hasard des titres d'ouvrage quelques surprises de taille. D'abord que Dantec propose une suite à son Babylon Babies, et qu'il a quitté pour l'occasion Albin Michel pour rejoindre les toutes nouvelles éditions Ring avec à leurs commandes David Kersan épaulé littérairement parlant de Raphaël Sorin. On découvre pour l'occasion que Stéphane Bourgoin y dirige deux collections qui sont "Ring noir" et "Murder ballads".
    Le roman de la semaine et au moins du mois, si ce n'est plus, est à aller chercher chez Rivages. Il s'agit de Dernière nuit à Montréal de la Canadiene Emily St. John Mandel. Lisez notre chronique pour comprendre pourquoi nous l'aimons. Parmi les curiosités, à n'en pas douter, le nouvel opus de Nicolas Bouchard chez Asgard (point de tromperie, nous aimions déjà Nicolas Bouchard chez Après la lune, le fait qu'il soit publié tout comme Jan Thirion dans la collection "Zones d'ombre" de notre k-libriste Thomas Bauduret ne rajoute rien si ce n'est de la qualité au risque d'être traité de vil flagorneur).
    Le reste, bien sûr, est à découvrir (ou pas...), notons que Le Masque continue de rééditer Agatha Christie dans une traduction révisée ou nouvelle. Quatre pour cette fournée qui nous éloigne d'Hercule Poirot. Et que Rivages ressort en poche Les Corps déchiquetés, d'Hervé Le Corre.
    Voilà donc de (mal)saines lectures en attendant de voir ce que la semaine prochaine nous réserve !

    Grand format :
    Ceux qui règnent dans l'ombre, de Nicolas Bouchard (Asgard, "Zones d'ombre")
    Le Dernier vol des frelons, de Michel Brouard (Mon village, "Roman")
    L'Assassin à la pomme verte, de Christophe Carlier (Serge Safran)
    Fusion froide : l'autre histoire du groupe AZF, de Patrick F. Cavenair (L'Aube, "Regards croisés")
    Le Département de français, de Murielle Lucie Clément (Édilivre, "Coup de cœur")
    Satellite sisters, de Maurice G. Dantec (Ring)
    Les Pendus de Tire-Bœuf, de Pascal Daval (Galipote)
    Boum Julie, d'Alain Declercq (Janninck)
    La Persévérance du jardinier, de Marie-Hélène Ferrari (Clémentine, "Soleil noir")
    La Clique dorée, d'Émile Gaboriau (Pascal Galodé)
    Filiation mortelle, de Cyriac Guillard (Noir'éditions)
    Mauvais sang, de Manfred Kastrop (Les Nouveaux auteurs, "Thriller")
    Dans le jardin de la bête, d'Erik Larson (Le Cherche midi, "Thriller")
    Dominance, de Will Lavender (Michel Lafon)
    le Cri de l'ange, de C. E. Lawrence (Pôle noir)
    Sous la manche, de Gilles Pétel (Stock, "Bleue")
    Les Nénuphars empoisonnés, de Jean-Louis Poirey (Citron bleu, "Série noire")
    Ne jamais dire jamais, de Sara Shepard (Fleuve noir, "Territoires")
    Dernière nuit à Montréal, d'Emily St. John Mandel (Rivages, "Thriller")
    Les Poissons aux longues jambes, de Depal Stermans (L'Harmattan, "Lettres du Pacifique")
    Les Anneaux de la honte, de François Thomazeau (Archipel, "Cœur noir")
    La Dernière confession, de Charles Todd (City, "Thriller")
    Génération maudite, d'Anton Tramp (Édilivre, "Coup de cœur")

    Poche :
    La Fille du Hahn Hoa, de Thomas Bronnec (Rivages, "Noir")
    Lauragais morgue plaine, de Jean-Marie Calvet (Les Presses littéraires, "Crimes & Châtiments")
    Moody Blues, d'Yves Carchon (Les Presses littéraires, "Crimes & Châtiments")
    Associés contre le crime... d'Agatha Christie (Le Masque, "Agatha Christie")
    La Maison biscornue, d'Agatha Christie (Le Masque, "Agatha Christie")
    Passager pour Francfort, d'Agatha Christie (Le Masque, "Agatha Christie")
    Témoin muet, d'Agatha Christie (Le Masque, "Agatha Christie")
    L'Enquête, de Philippe Claudel (LGF)
    La Guérisseuse, de Géraldine Jaujou (J'ai lu, "Policier")
    Rendez-vous dans le 18e, de Jake Lamar (Rivages, "Noir")
    Les Corps déchiquetés, de Hervé Le Corre (Rivages, "Noir")
    Green War, de Jean-Marc Ligny (Lokomodo, "Zones d'ombre")
    En mémoire de la forêt, de Charles T. Powers (Pocket, "Best")
    L'Égorgerie de la Rance, d'Éric Rondel (Astoure, "Breizh noir")
    Caresser les chiens morts, de Jan Thirion (Lokomodo, "Zones d'ombre")
    Mortelle Jamaïque, de Gérard de Villiers (Gérard de Villiers, "SAS")
    La Maison du loch, de Patricia Wentworth (10-18, "Grands détectives")
    Liens : Les Cœurs déchiquetés |Les Anneaux de la honte |Green War |Témoin muet |Ceux qui règnent dans l'ombre |Caresser les chiens morts |Stéphane Bourgoin |Nicolas Bouchard |Agatha Christie |Maurice G. Dantec |Émile Gaboriau |Manfred Kastrop |Jake Lamar |Hervé Le Corre |Emily St. John Mandel |Jan Thirion |François Thomazeau

Fuites perpétuelles

Cette Dernière nuit à Montréal à laquelle nous invite Emily St. John Mandel est la conclusion triste d'un fait divers qui a plus particulièrement touché quatre protagonistes, éléments disparates et victimes collatérales ou centrales d'un drame domestique relaté ici dans une alternance de récits qui sont autant de tranches de vie évidemment intimes décrivant une même vérité.

À l'origine, il y a l'enlèvement de Lilia, sept ans, par son père divorcé. Leur fuite éperdue un détective à leurs trousses les amène à ne jamais vivre très longtemps au même endroit. Ils sont tous deux des déracinés perpétuels. De cette enfance déstabilisante où elle écrit dans les bibles des motels où ils dorment : "Je ne veux pas qu'on me retrouve", Lilia en tirera une fois adulte une instabilité géographique chronique, et migrera de ville en ville, vivant des histoires dont elle sait qu'elles ont une fin, et tant pis pour ses partenaires féminins ou masculins qui, pour la plupart, penseront à tort qu'ils pourront y changer quelque chose.

Ce sera d'ailleurs le cas d'Eli, que Lilia a rencontré à New York, et qui ne s'avouera pas vaincu sans combattre. Mais Lilia n'est pas la seul femme-enfant de cette histoire. Il y a aussi Michaela, la fille de Christopher. Michaela qui se rêvait trapéziste et qui a vécu dans l'ombre de Lilia au point d'en être perturbée. Michaela, la fille de Christopher, ce Christopher qui était le détective aux trousses des fugitifs, détenteur d'une vérité déductive des preuves laissées lors de l'enlèvement de Lilia, et qui sa vie durant n'a eu de cesse de vivre à côté d'eux, d'épier et d'anticiper leurs gestes, d'être en quasi symbiose maladive.

C'est ainsi qu'à travers ces deux cent trente pages, la talentueuse Emily St. John Mandel dresse les portraits de quatre personnages troublants amenés pour trois d'entre eux à se rencontrer dans une ville canadienne hermétique aux sentiments et aux sensations, dépeinte froidement, pour un final angoissant qui s'ingénie à nouer notre estomac. Dans la lignée des romans nord-américains à la tonalité variée, ce premier roman propose une trame belle, noire et passionnante, qui décline l'amour et la tragédie sous de multiples formes et regards.


On en parle : La Tête en noir n°158

Nominations :
Prix Mystère du Meilleur roman étranger 2013

Citation

Quand Lilia était toute jeune, le monde entier lui semblait composé de chambres de motel formant un chapelet d'îles à travers le continent américain.

Rédacteur: Julien Védrenne jeudi 13 décembre 2012
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page