Contenu
Poche
Réédition
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Éric Chédaille
Paris : Phébus, mai 2012
176 p. ; 19 x 12 cm
ISBN 978-2-7529-0660-1
Coll. "Libretto", 383
Actualités
- 16/04 Cinéma: Westerns et charlatanisme
- 09/04 Cinéma: Tyrone Power est Le Charlatan à L'Action Christine
Séance de rattrapage à L'Action Christine avec trois grands westerns à l'affiche dont le très bon L'Homme des vallées perdues. Une programmation triple mais allégée qui s'accompagne du Charlatan, de Edmund Goulding avec Tyrone Power. Un film à découvrir. Pourquoi se gêner ?
Exclusivité : Le Charlatan, de Edmund Goulding
"C'est George Jessel, le célèbre acteur de music-hall devenu producteur, qui fait acheter à la Fox les droits de l'étrange roman de William Lindsay-Gresham dont chacun des chapitres tient son titre d'une des vingt-deux lames du Tarot. Et c'est Tyrone Power qui, pour renouveler son image, tient à en interpréter le rôle principal à la consternation de Jessel lui-même et du grand patron Zanuck. Power réclame Goulding comme metteur en scène, lequel vient de le diriger l'année précédente dans un rôle original du Fil du rasoir, d'après Somerset Maugham. Grand directeur d'actrices (Garbo, Bette Davis) Goulding était lui-même un excentrique et un marginal. (Il lui arriva d'exiger qu'un tournage se déroulât entièrement de nuit sous le prétexte que les acteurs donneraient là le meilleur d'eux-mêmes). Il avait un penchant secret pour les personnages curieux, que le déroulement inégal et souvent académique de sa carrière l'empêcha de développer à fond. Mais il put donner sa mesure dans ce Charlatan qui présente un 'méchant' pas commes les autres : il s'agit avant tout d'un être fasciné par la chute, la déchéance, et la sienne en particulier, qu'il juge inévitable. Il n'est pas si expert à tromper les autres et à exploiter leur crédulité, particulièrement sur le plan spirituel, que parce qu'il est lui-même, bien qu'il s'en défende, perméable à la superstition. On ne sait s'il croit en Dieu, mais il croit au Destin, à la Providence, à la Fatalité, et surtout à leur puissance destructrice. Power est remarquable dans ce rôle, comme d'ailleurs dans tant d'autres où il avait déjà démontré l'extraordinaire variété de ses dons, et notamment cette tendance à l'ambiguité (L'Incendie de Chicago). L'adaptation du roman par Jules Furthman est dense, concise, d'un rythme excellent, pleine d'ellipses stimulant l'attention du spectateur, même si certains épisodes ne sont pas dénués d'artifice (le mariage forcé de Stan avec Molly). Servie par la magnifique photo de Lee Garmes, la mise en scène mobile, inquiétante, glaciale de Goulding explore les bas-fonds du show-business américain. Elle fait du personnage de Power un homme dans la foule (nombreux plans où on le voit circuler parmi elle comme un renard guettant sa proie) puis le transforme en homme au-dessus de la foule, car il y a aussi chez cet être complexe, un dangereux sentiment de supériorité et de surpuissance qu'il avait d'ailleurs clairement décelé en lui-même (cf. la première séquence où il énumère les raisons qui lui font aimer les métiers de la foire). Si la toute fin (rencontre avec Molly) prend des allures de happy end un peu lénifiant, le dénouement dans son ensemble - Carlisle devenant le 'geek' qui le fascinait au début - n'a rien de moralisant et obéit à la logique fatale qui a dominé, durant tout le film, l'intrigue et le personnage."
Jacques Lourcelles, Dictionnaire du cinéma, Robert Laffont.
Mercredi 10 avril :
Le Charlatan (Nightmare Alley), de Edmund Gould (14 heures, 16 heures, 18 heures, 20 heures & 22 heures).
Jeudi 11 avril :
Le Charlatan (Nightmare Alley), de Edmund Gould (14 heures, 16 heures, 18 heures, 20 heures & 22 heures).
Vendredi 12 avril :
Le Charlatan (Nightmare Alley), de Edmund Gould (14 heures, 16 heures, 18 heures, 20 heures & 22 heures).
Samedi 13 avril :
Le Charlatan (Nightmare Alley), de Edmund Gould (14 heures, 16 heures, 18 heures, 20 heures & 22 heures).
Dimanche 14 avril :
Le Charlatan (Nightmare Alley), de Edmund Gould (14 heures, 16 heures, 18 heures, 20 heures & 22 heures).
Lundi 15 avril :
Le Charlatan (Nightmare Alley), de Edmund Gould (14 heures, 16 heures, 18 heures, 20 heures & 22 heures).
Mardi 16 avril :
Le Charlatan (Nightmare Alley), de Edmund Gould (14 heures, 16 heures, 18 heures, 20 heures & 22 heures).
Festival : 3 westerns
"El Dorado de Howard Hawks, Fureur apache de Robert Aldrich et L'Homme des vallées perdues de George Stevens. Séances de rattrapage pour voir ou revoir ces trois westerns immanquables ! "
Mercredi 10 avril :
El Dorado (El Dorado), de Howard Hawks (14 heures, 16 h 30, 19 heures & 21 h 30).
Jeudi 11 avril :
Fureur apache (Ulzana's Raid), de Robert Aldrich (14 heures, 16 heures & 18 heures).
Vendredi 12 avril :
L'Homme des vallées perdues (Shane), de George Stevens (14 heures & 16 h 30).
Samedi 13 avril :
Fureur apache (Ulzana's Raid), de Robert Aldrich (14 heures, 16 heures, 18 heures, 20 heures & 22 heures).
Dimanche 14 avril :
El Dorado (El Dorado), de Howard Hawks (14 heures, 16 h 30, 19 heures & 21 h 30).
Lundi 15 avril :
L'Homme des vallées perdues (Shane), de George Stevens (14 heures, 16 h 30, 19 heures & 21 h 30).
Mardi 16 avril :
Fureur apache (Ulzana's Raid), de Robert Aldrich (14 heures, 16 heures & 18 heures).
* L'Action Christine
4, rue Christine
75006 Paris
Tél; : 01.43.25.85.78
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Liens : L'Homme des vallées perdues |Fureur apache |Terreur apache |George Stevens |Robert Aldrich |Jack Schaefer |William Riley Burnett - 02/04 Cinéma: Shane & Lancaster : acte II
- 27/03 Cinéma: Shane & Lancaster : acte I
Call me Shane
L'Homme des vallées perdues est considéré par beaucoup comme le meilleur des romans de western. Bien souvent, lorsque l'on parle de "meilleur des", on s'aperçoit que la genèse est fantastique ou au moins atypique. Celle de ce roman l'est assurément. C'est le premier récit de Jack Schaefer. Si lors de sa parution il n'a pas eu le succès mérité, son adaptation cinématographique quatre ans plus tard l'a remis sur le devant de la scène, et le lectorat a pu ainsi constater à quel point cette intrigue basée sur une violence inhérente et longtemps refoulée est parfaitement construite.
Car, et il faut le constater, tous les arguments sont présents pour en faire un très bon ouvrage, pas seulement du genre. Son héros, Shane, apparait de façon messianique au début sur son cheval fourbu, les vêtements sales et élimés, le colt rangé dans son bagage, le verbe taiseux et le regard froid. Le narrateur principal est un jeune garçon émerveillé, plein d'idées aventureuses et qui a un regard naïf sur les événements qui vont se succéder. Enfin, Jack Schaefer prend le temps d'écrire et d'étayer des scènes qui enrichissent son histoire. Les quarante premières pages se focalisent sur la destruction d'une souche, obstacle naturel à l'avancée humaine dans ce Far West où l'on a l'habitude de constater que la loi est du côté du plus fort.
L'Homme des vallées perdues est un western annonciateur du western crépusculaire. Dans ce roman, il est principalement question de la fin du Cattle Kingdom, comme le souligne justement Michel Le Bris dans sa précieuse préface (où il établit une relation entre ce roman et Moby Dick, de Melville, qui n'est pas sans fondement). Le Cattle Kingdom, sujet de nombreux films de westerns comme Crépuscule sanglant, c'est l'appropriation des pâturages aux vaches des ranches. C'est le refus de barbelés sur la prairie. C'est voir l'arrivée de colons d'un très mauvais œil. Le cow boy à son origine, ne l'oublions pas, est celui qui escorte les troupeaux d'un point de la prairie à un autre. Le marquage au fer des bêtes est à la fois un moyen de les compter, de quantifier sa richesse et d'éviter les vols. Mais ce n'est pas une solution fiable. Le cow boy s'arme donc d'un colt puis d'une winchester. Il finira par être celui chargé de faire peur à ces étrangers d'agriculteurs même s'ils ont la loi derrière eux (loin derrière eux).
Dans L'Homme des vallées perdues, un de ces colons s'oppose pacifiquement à un ranchero. Il est marié et a un enfant, le narrateur. Il a la chance de voir arriver Shane. On devine très vite que c'est un tueur en plein questionnement, une âme en perdition qui a besoin de trouver le but qui lui donnera une autre estime de lui. Un être violent qui refoule sa violence au plus profond de lui-même et qui pour cela range au plus profond de son sac un colt parfaitement huilé au viseur limé. Sa rencontre avec cette famille de migrants qui se sédentarise va être sa rédemption. En nait une amitié basée sur le respect de l'autre. Aucune question. Juste un dur labeur en échange d'un gite.
La famille est en butte aux exactions de Fletcher qui n'a de cesse de multiplier les provocations et les bagarres. Shane bouleverse ses plans alors il s'absente pour revenir avec à ses côtés un tueur de la pire espèce. On comprend que Shane va n'avoir d'autre solution que de l'affronter avant de repartir. C'est évidemment ce qui va arriver mais dépeint avec force, décrit avec une écriture fine et sensible où l'humanité est là, profonde et sublime. Une histoire d'hommes, assurément, où la place de la femme est tenue par une Marian magistrale. Shane aura beaucoup modifié le paysage, il aura en plus bouleversé les sentiments. Il aura marqué les hommes. Un vrai cow boy messianique.
Citation
Ce client-là, c'est un peu comme une mèche lente : ça fait pas de bruit, ça grésille pas ; pour un peu, on en oublierait presque que c'est allumé. Et puis quand ça arrive à la poudre et que ça pète, ça vous fout un bordel de tous les diables.