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Grand format
Réédition
Tout public
Serge Bromberg (présentation)
Paris : Montparnasse, février 2005
19 x 14 cm
Coll. "RKO", 55
Rédemption du cow boy
Ciel rouge est un western nocturne hivernal et pluvieux, qui propose à Robert Mitchum, star montante de la RKO, un rôle sur mesure de méchant cow boy en quête de rédemption. Toute la trame repose sur la fierté mal placée des nombreux protagonistes tant masculins que féminins. Tout est question de bon sens. Et pourtant, ce film de Robert Wise, tourné comme un film noir, qui met l'accent sur les silhouettes qui se profilent en ombres menaçantes sur les murs de maisons assiégées, se joue à la fois de la trahison et de la loyauté.
Robert Mitchum incarne Jim Garry, un cow boy vagabond aux multiples fêlures issues pour la plupart du désœuvrement au lendemain de la guerre de Sécession. Il s'offre au plus offrant, donc à Tate Rilling (Robert Preston, que l'on retrouvera en officier dans La Charge des tuniques bleues, d'Anthony Mann en 1955 ou encore dans La Conquête de l'Ouest, cette grande fresque réalisée en 1962 par Henry Hathaway, John Ford et George Marshall), qui entend déposséder John Lufton (Tom Tully, qui joue dans La Chevauchée fantastique et La Charge héroïque, deux monuments de John Ford), un éleveur de son troupeau en usant de ficelles voyoucrates appuyées par de fines gâchettes. Et Jim Garry est une très fine gâchette. Sa rencontre au bord d'un fleuve avec Amy Lufton (Barbara Bel Geddes, qui incarnera Marjorie Wood dans Sueurs froides, d'Alfred Hitchcock dix ans plus tard) est d'une telle explosivité que dès qu'elle se produit, on comprend qu'ils vont finir par s'aimer puis se marier à la fin du film.
Mais le film de près de quatre-vingt-dix minutes ne se limite pas à cette simple fracture entre éleveurs et colons avec des hommes qui passent d'un camp à l'autre. Il montre la cupidité d'agents gouvernementaux qui, sous couvert de faire respecter la loi, spéculent sur ses faiblesses, et profitent de l'éloignement géographique d'une Capitale pour s'enrichir à ses dépends. Le personnage de Robert Mitchum, qui n'a qu'une piètre opinion de lui-même, est d'une passivité qui ne cherche qu'à se transformer en révolte humaniste. Celui de Barbara Bel Geddes en sera le catalyseur dès que le premier sang coulera. Alors que le troupeau en furie martèle la prairie au son des sabots, Jim Garry se dresse, silhouette meurtrie, et les coups pleuvent. Ils s'abattent tant sur ses ennemis que sur lui-même pour mieux guérir cette fierté mal ajustée. Comme pour la racheter au prix fort. Et sous la direction de Robert Wise, l'ensemble est très concluant.
Ciel rouge : 87 min. réalisé par Robert Wise sur un scénario de Lillie Hayward d'après le roman Gunman's Chance de Luke Short avec Robert Mitchum, Barbara Bel Geddes, Robert Preston, Walter Brennan, Phyllis Thaxter, Frank Faylen, Tom Tully, Charles McGraw...
Bonus. Présentation de Serge Bromberg.
Citation
Tout d'abord tu as grugé de pauvres crétins de colons et engagé des mercenaires. Ensuite, tu as séduit une fille pour la monter contre son père. Tu as tenté de tuer Lufton. Et ça ne s'arrête pas là. Le fils de Kris Barden a été tué. Et enfin, Reardan attend dehors de savoir si je marche ou s'il me tuera en traître.