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Réédition
Tout public
The Body Snatcher - 1945
Serge Bromberg (présentation)
Paris : Montparnasse, septembre 2004
19 x 14 cm
Coll. "RKO", 34
Macabre médecine
Étrange film que ce Récupérateur de cadavres, qui repose sur du fantastique ténue auréolé de la présence de deux monstres sacrés du cinéma fantastique, Boris Karloff, magistral fossoyeur assassin, et Bela Lugosi, dans un rôle mineur de serviteur maître-chanteur. Ni plus ni moins que Frankenstein et Dracula au service du réalisateur de La Malédiction des hommes-chats. Le film s'articule à la fois sur une histoire vraie du début du XIXe siècle et sur la crainte séculaire de la science de la part d'une population aux croyances fécondes. Il s'inspire d'un récit de Robert Louis Stevenson et trouvera au XXe siècle un non moins étrange écho policier avec le roman 7 femmes contre Édimbourg, d'Ely M. Liebow.
Dans cette bonne vieille ville écossaise d'Édimbourg, le Dr. MacFarlane dirige une école de médecine. Il a besoin de nombreux corps pour les disséquer et apprendre l'art de la chirurgie à ses étudiants. Moyennant dix livres, John Gray lui en procure des fraichement enterrés. Seulement, des indigents disparaissent également pour se retrouver sur les tables de vivisection sous le regard affolé d'un assistant, Donald Fettès, qui contre sa volonté se retrouve complice. La pente va s'avérer sévère pour McFarlane, Gray et Fettès jusqu'à la mort des uns et la déshérence des autres. Robert Wise pour appuyer son propos et poser la question sous-jacente "Doit-on sacrifier des vies humaines pour en sauver un plus grand nombre dans le futur ?" ajoute une touche humaniste par le biais d'une petite fille souffrant d'une tumeur au niveau de la colonne vertébrale, qui se retrouve à ne plus pouvoir marcher, atteinte d'une maladie dégénérative. Cette fille sera la rédemption de Fettès en même temps que le catalyseur de la déchéance de McFarlane.
La rencontre entre Boris Karloff et Bela Lugosi dans le film. En américain sous-titré :
Mais là où Robert Wise complique les choses c'est avec la relation toute particulière qu'il développe entre Gray et McFarlane. Gray a en effet sauvé un temps McFarlane de la prison au cours d'un procès. Gray est la mauvaise conscience de McFarlane. Son bourreau mental. Quand il tue, c'est un pan de l'humanité restante de McFarlane qui disparait. En une puissante allégorie de la vie et de la mort, Robert Wise fait arpenter Gray dans les rues de la capitale culturelle écossaise dirigeant un fiacre auquel est attelé un cheval blanc. Gray est annonciateur de la mort, celle qui fait pendant à la vie symbolisé par les recherches de McFarlane. Gray est la mort alors que McFarlane doit lutter contre l'idée que la science est du charlatanisme et est contraint de se cacher comme le pire adepte moyenâgeux de sorcellerie pour ses travaux sur des corps morts. S'y ajoute toute une description sociale de la vie à cette époque magistrale. Un film noir fantastique méconnu à voir assurément.
Le Récupérateur de cadavres : 81 min. réalisé par Robert Wise sur un scénario de Philip MacDonald et Carlos Keith d'après la nouvelle éponyme de Robert Louis Stevenson avec Boris Karloff, Bela Lugosi, Henry Daniell, Edith Atwater, Russell Wade, Rita Corday, Sharyn Moffett, Donna Lee...
Bonus. Présentation de Serge Bromberg.
Citation
Les ignorants entravent les progrès de la science avec des lois injustes. Il faut cependant que la médecine suive son cours !