Contenu
Poche
Réédition
Tout public
412 p. ; 17 x 11 cm
ISBN 978-2-35900-104-4
Coll. "Zone d'Ombres", 6
Actualités
- 31/08 Édition: Parutions de la semaine - 31 août
Cette fois, ça y est, nous sommes en plein dedans. Pour ceux qui n'auraient pas compris, je veux parler de la rentrée littéraire. Les parutions sont de plus en plus en nombre, et l'on découvre au hasard des titres d'ouvrage quelques surprises de taille. D'abord que Dantec propose une suite à son Babylon Babies, et qu'il a quitté pour l'occasion Albin Michel pour rejoindre les toutes nouvelles éditions Ring avec à leurs commandes David Kersan épaulé littérairement parlant de Raphaël Sorin. On découvre pour l'occasion que Stéphane Bourgoin y dirige deux collections qui sont "Ring noir" et "Murder ballads".
Le roman de la semaine et au moins du mois, si ce n'est plus, est à aller chercher chez Rivages. Il s'agit de Dernière nuit à Montréal de la Canadiene Emily St. John Mandel. Lisez notre chronique pour comprendre pourquoi nous l'aimons. Parmi les curiosités, à n'en pas douter, le nouvel opus de Nicolas Bouchard chez Asgard (point de tromperie, nous aimions déjà Nicolas Bouchard chez Après la lune, le fait qu'il soit publié tout comme Jan Thirion dans la collection "Zones d'ombre" de notre k-libriste Thomas Bauduret ne rajoute rien si ce n'est de la qualité au risque d'être traité de vil flagorneur).
Le reste, bien sûr, est à découvrir (ou pas...), notons que Le Masque continue de rééditer Agatha Christie dans une traduction révisée ou nouvelle. Quatre pour cette fournée qui nous éloigne d'Hercule Poirot. Et que Rivages ressort en poche Les Corps déchiquetés, d'Hervé Le Corre.
Voilà donc de (mal)saines lectures en attendant de voir ce que la semaine prochaine nous réserve !
Grand format :
Ceux qui règnent dans l'ombre, de Nicolas Bouchard (Asgard, "Zones d'ombre")
Le Dernier vol des frelons, de Michel Brouard (Mon village, "Roman")
L'Assassin à la pomme verte, de Christophe Carlier (Serge Safran)
Fusion froide : l'autre histoire du groupe AZF, de Patrick F. Cavenair (L'Aube, "Regards croisés")
Le Département de français, de Murielle Lucie Clément (Édilivre, "Coup de cœur")
Satellite sisters, de Maurice G. Dantec (Ring)
Les Pendus de Tire-Bœuf, de Pascal Daval (Galipote)
Boum Julie, d'Alain Declercq (Janninck)
La Persévérance du jardinier, de Marie-Hélène Ferrari (Clémentine, "Soleil noir")
La Clique dorée, d'Émile Gaboriau (Pascal Galodé)
Filiation mortelle, de Cyriac Guillard (Noir'éditions)
Mauvais sang, de Manfred Kastrop (Les Nouveaux auteurs, "Thriller")
Dans le jardin de la bête, d'Erik Larson (Le Cherche midi, "Thriller")
Dominance, de Will Lavender (Michel Lafon)
le Cri de l'ange, de C. E. Lawrence (Pôle noir)
Sous la manche, de Gilles Pétel (Stock, "Bleue")
Les Nénuphars empoisonnés, de Jean-Louis Poirey (Citron bleu, "Série noire")
Ne jamais dire jamais, de Sara Shepard (Fleuve noir, "Territoires")
Dernière nuit à Montréal, d'Emily St. John Mandel (Rivages, "Thriller")
Les Poissons aux longues jambes, de Depal Stermans (L'Harmattan, "Lettres du Pacifique")
Les Anneaux de la honte, de François Thomazeau (Archipel, "Cœur noir")
La Dernière confession, de Charles Todd (City, "Thriller")
Génération maudite, d'Anton Tramp (Édilivre, "Coup de cœur")
Poche :
La Fille du Hahn Hoa, de Thomas Bronnec (Rivages, "Noir")
Lauragais morgue plaine, de Jean-Marie Calvet (Les Presses littéraires, "Crimes & Châtiments")
Moody Blues, d'Yves Carchon (Les Presses littéraires, "Crimes & Châtiments")
Associés contre le crime... d'Agatha Christie (Le Masque, "Agatha Christie")
La Maison biscornue, d'Agatha Christie (Le Masque, "Agatha Christie")
Passager pour Francfort, d'Agatha Christie (Le Masque, "Agatha Christie")
Témoin muet, d'Agatha Christie (Le Masque, "Agatha Christie")
L'Enquête, de Philippe Claudel (LGF)
La Guérisseuse, de Géraldine Jaujou (J'ai lu, "Policier")
Rendez-vous dans le 18e, de Jake Lamar (Rivages, "Noir")
Les Corps déchiquetés, de Hervé Le Corre (Rivages, "Noir")
Green War, de Jean-Marc Ligny (Lokomodo, "Zones d'ombre")
En mémoire de la forêt, de Charles T. Powers (Pocket, "Best")
L'Égorgerie de la Rance, d'Éric Rondel (Astoure, "Breizh noir")
Caresser les chiens morts, de Jan Thirion (Lokomodo, "Zones d'ombre")
Mortelle Jamaïque, de Gérard de Villiers (Gérard de Villiers, "SAS")
La Maison du loch, de Patricia Wentworth (10-18, "Grands détectives")
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Vie étouffante dans un monde étouffant
Grace aux Mayas, nous savons déjà que la fin du monde est proche. De nombreux auteurs ont d'ailleurs développé cette idée d'une fin cataclysmique pour l'Humanité. Mais, finalement, la pire fin ne serait-elle pas une simple continuation du présent ? C'est l'idée développée par Jean-Marc Ligny, romancier protéiforme des littératures de mauvais genres (science-fiction, fantastique, policier) dans Green War que les éditions Lokomodo rééditent au format poche. Certes il peut jouer sur tous les tableaux, mais il excelle surtout dans sa description d'un futur légèrement décalé de proximité, comme dans Jihad un roman qui anticipait le monde dans lequel nous sommes. Dans Green War, il joue dans le même registre : la vallée rhodanienne, des patrons voyous qui se moquent des règles de sécurité, et une usine qui explose "accidentellement". Malik, le fils de l'employé mort dans l'explosion, ne peut se contenter des explications simplistes. Face aux murs administratifs, policiers et judiciaires, il bascule dans l'illégalité pour obtenir sa vengeance.
Récit de l'intérieur d'un commando terroriste aux motivations écologistes, Green War est aussi une peinture du monde actuel où le fossé entre riches et pauvres, entre ceux qui réussissent, ceux qui survivent et ceux qui plongent, se creuse sans cesse. Jean-Marc Ligny évite le manichéisme en nous présentant des individus aux motivations contradictoires, au sein d'une machination "à la Manchette" - révolution et répression sont en effet les deux mâchoires d'une même tenaille.
Très ancré au sein de descriptions réalistes d'un Occident qui se déglingue avec des industries qui disparaissent, une pollution qui augmente, des gouvernements et des forces de police aux ordres du pouvoir économique, Green War n'évite pas cependant des scènes un peu convenues (il importe de noter que la première édition du roman chez Intervista était dans "Collection 15-20", destinée à un public adolescent) et quelques clichés du genre comme le vain combat, les artistes comme éventuelle solution (ici un tagger), une brute au grand cœur, mais présente également des portraits de gens pris au sein de cette tourmente et essayant de faire de leur mieux - les quelques pages sur l'ouvrier qui meurt au début ou son épouse par exemple. Une mention particulière peut être signalée pour le portrait du policier, sorte de Javert moderne, dernier individualiste qui croit à sa mission de protection du bien commun alors qu'il ne sert que les intérêts d'une caste.
Surfant sur des bons sentiments, Jean-Marc Ligny écrit un thriller de forme classique et dynamique qui utilise toutes les ressources de son art narratif pour rendre l'intrigue vivante et faire passer quelques heures de lecture intéressante tout en obligeant à une réflexion. Dans la littérature actuelle, c'est presque devenu un mythe...
Citation
Il contemple longuement l'arme brillante, les yeux luisants d'une joie meurtrière. Demain, oui demain, ce flingue crachera la mort et la tronche de bite de Duvernoy explosera comme une pastèque trop mûre.