Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
320 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-35887-046-7
Destins épiques croisés
Léa enquête sur sa mère, morte vingt ans plus tôt. Léa tombe amoureuse de Manu. Manu est un petit proxo qui tente d'échapper à Vincent Di Canio, un mafieux directement inspiré par Joe Pesci. La DST surveille un juge qui enquête sur le fils du président du Sénat, un foutu détraqué de la tige. Qui fait régulièrement appel au cheptel de Manu, donc de Di Canio. Et qui n'est autre que le cousin adoptif de Léa.
Vous suivez ? Et encore, afin de ne pas tout dévoiler, on passera sous silence les autres ramifications qui apparaissent au fil du roman. Destins croisés, donc, qui alternent avec une histoire contemporaine française appartenant à l'inconscient collectif : le meurtre de la petite Charlotte Douleur en 1973, les secrets de la monarchie mitterrandienne, etc.
Projet ambitieux. Très ambitieux. Trop, parfois. Vouloir mêler trajectoires fictives et destinées historiques dans une volonté épique n'est pas donné à tout le monde. Et le résultat est, ici, mitigé. On suit parfois avec un réel intérêt les errances d'un personnage, la quête d'un autre. On attend avec une vraie impatience que les fils narratifs se croisent, pour savoir où l'auteur a voulu nous emmener. Mais à d'autres moments, on se demande si, à force de multiplier les détours et les itinéraires bis, il ne s'est pas enfoncé dans une ornière dont il a du mal à sortir. N'aurait-il pas fallu, au choix, étaler ces destins sur carrément deux tomes, ou au contraire, élaguer et opérer des coupes salutaires pour recentrer la trame et la rendre plus linéaire ?
Cette impression est corroborée par un style des plus déroutants. L'auteur, de toute évidence, possède une plume et l'a travaillée. Il y a un vrai postulat, une démarche d'écriture assumée et revendiquée. Une filiation oscillant entre la gouaille d'un Boudard et la sécheresse d'un Ellroy. Sauf que... Ben oui, sauf qu'une filiation trop ostentatoire ne fait pas toujours mouche, voire dessert le projet. Pour dire les choses autrement, le style manque cruellement d'humilité et a le don d'agacer (rhaaaah, ces foutues successions de phrases de quatre mots, pitié !). L'abus de procédés et d'emprunts nuit gravement à la lisibilité. Ce qui est d'autant plus dommage que lorsque l'auteur, par mégarde, oublie ses postures et se laisse aller à une écriture plus naturelle, plus fluide, on trouve de très bons, voire d'excellents passages. Mais hélas trop perlés, et noyés dans une surenchère d'effets inutiles. La vraie difficulté n'est pas de savoir écrire. C'est surtout d'être tenté de ne pas le montrer.
En résumé, difficile d'avoir un avis tranché sur ce roman, qui possède des qualités indéniables, une intelligence dans le propos et un réel potentiel stylistique. Mais qui aurait gagné à être davantage dégrossi et allégé. La diète a parfois du bon. Pensez-y.
Nominations :
Prix Polar Michel Lebrun 2013
Citation
S'il y a des cendriers et des gens qui fument, c'est que c'est permis. Les Corses enculent Claude Évin. J'ai toujours bien aimé ce peuple.