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Une frénésie de flocons tournoyait autour de Sam. Son bonnet était tout blanc et sa chevelure exubérante brillait de neige fondue. Quand elle releva la tête, après un silence seulement perturbé par le murmure feutré du vent, elle grimaça comme si elle avait pris un coup à l'estomac. Ses yeux pleins de fièvre transpercèrent Jake de part en part.
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Une carrière loin des feux de la rampe parisienne

Jeudi 23 avril 2009 - Arlette Shleifer publie son sixième roman. En Corse. Un bon roman. Noir poétique. Dans l'indifférence générale, dirions-nous dans la presse nationale si nous étions la presse nationale, n'était l'attention que lui porte un public nombreux, hors des sentiers battus disons, plutôt qu'en marge d'un circuit par trop réducteur. k-libre, curieux de ce qui s'invente ici et là, et plutôt là qu'ici du reste, a trouvé intéressant de vous livrer ces quelques mots de l'auteur. Quelques mots. Non pas un vrai entretien : l'essentiel est porté par le roman dont on parle, en somme...
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© A.S.



k-libre : Vous publiez votre sixième roman chez un éditeur corse, pourquoi ?
Arlette Shleifer : Il y a eu d’autres éditeurs, dont Riveneuve. Pourquoi la Corse ? Par amitié d’abord et par plaisir ensuite.

Êtes-vous corse ?
Je suis corse d’adoption et j’y vis la moitié du temps depuis bientôt trente ans.

Six romans à l’écart du barnum parisien. Cela ne vous agace pas, ce silence méthodique des officines de la presse parisienne ?
Peu importe d’où viennent les lecteurs, le tout est d’être lu ! En région les rencontres sont belles et souvent touchantes.

Comment vit-on ce black-out parisien ?
À Paris, il suffit de créer son environnement chez quelques bons libraires.

C’est quoi, la vie du livre hors de la Métropole ?
Celle du livre à Shanghai, à Washington... J’ai été invitée à la foire du livre de Shanghai, j’ai eu de belles fêtes du livre à Taiwan...

Votre roman n’offre pas vraiment d’intrigue. De quel genre relève-t-il, dans cet étrange qu’il constitue avec force ?
Il ne relève d’aucun genre car je n’ai pas d’a priori. Il est né de deux expériences personnelles : l’une droguée au LSD par un gâteau dans les années 1970 et l’autre un très mauvais réveil d’une anesthésie. J’ai voulu montrer quelles étaient les marches de sable sur lesquelles on pouvait prendre appui dans ce sas entre sommeil involontaire et réveil violent. Le "sur-moi" est évaporé à ce moment. Donc des images passent, incontrôlées, des souvenirs... En fait surgissent les notes importantes sensorielles, olfactives, émotionnelles qui constituent notre quotidien.

L’atmosphère y est sombre, non ?
Elle est empreinte de narcotique et n’est pas sombre du tout.

Votre narratrice organise le monde autour d’elle. Mais ce monde reste foisonnant, excédant de toute part la narration, ou s’y invitant "poétiquement". Pourquoi cette poésie ?
Toujours à cause des limbes du sommeil... C’est un peu l’auberge espagnole ! On y trouve ce qu’on est et ce qu’on apporte !

Qu’est-ce que la nuit achève dans ce roman ?
C’est un retour à la vie, une esquive des illusions. La nuit s’achève pour que le jour se lève sur les belles images de la vie.


Liens : Arlette Shleifer | La Nuit s'achève Propos recueillis par Joël Jégouzo

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